lundi 1 décembre 2014

Art nouveau : Hector Guimard

Hector Guimard est l'architecte majeur de l'Art nouveau à Paris. L'auteur des célèbres édicules du métro parisien est né à Lyon en 1867. En 1885, Hector Guimard s'inscrit à l’École des Beaux Arts sans toutefois obtenir son diplôme d'architecte — à cette époque là, le diplôme n'était pas obligatoire pour exercer cette profession. C'est dès 1891 qu'Hector Guimard débute la construction de quelques maisons à Paris, en particulier dans le XVIe arrondissement. Il faut le rappeler, le XVIe arrondissement est alors un « jeune arrondissement » en plein expansion puisque rattaché à Paris seulement depuis 1859. Ceci pourrait expliquer l'implantation d'Hector Guimard essentiellement dans cet arrondissement.

Hector Guimard devient le successeur d'Eugène Viollet-le-Duc, architecte majeur dans l'histoire de l'architecture parisienne au XIXe siècle. L'utilisation de certains matériaux et la polychromie sont des caractéristiques des travaux d'Hector Guimard.
Hélas, certaines de ses constructions ont disparu. Heureusement, la majorité subsiste encore. En dehors de Paris, l'architecte à construit quelques villas comme la Hublotière au Vésinet-le-Pec ou en province, la Maison Coilliot à Lille.

Un métro "Modern Style".

En 1899, on construit un métro à Paris. Un concours est lancé pour créer des édicules aux sorties des stations de métro. Hector Guimard présente son projet — bien que non inscrit officiellement  — qui sera retenu par la Compagnie du chemin de fer Métropolitain de Paris (ancêtre de la RATP).

De ses constructions d'origine, il ne subsiste que deux stations : celle des Abbesses et de la Porte Dauphine (photo ci-dessus).

La station Porte Dauphine, vue sur le côté.

Détail de la station Porte Dauphine.

Détail de la station Porte Dauphine.

Hôtel Roszé, 1891.

34, rue Boileau, XVIe arrondissement.
L'hôtel Roszé est la première œuvre d'Hector Guimard à Paris.

Hôtel Roszé.
Il s'agit d'une propriété privée et il est malheureusement impossible d'y voir plus... Pourtant, on remarque sur la façade la présence de la brique de différentes couleurs. Ces matériaux sont typiques de l’œuvre d'Hector Guimard comme nous le précise Janine Cassevecchie dans son livre Paris Art nouveau.

Hôtel Jassédé, 1893.

41, rue Chardon Lagache, XVIe arrondissement.
Depuis la porte d'entrée à droite, on peut deviner un magnifique jardin...

Sur cette belle façade, les promeneurs peuvent constater un net rejet de la symétrie et surtout le mélange des matériaux comme la pierre et la céramique.
Cette maison conçue comme une maison de campagne était une commande d'un certain négociant en épicerie nommé Louis Jassédé (source: Paris Art nouveau de Janine Cassevecchie).
Fenêtre en hauteur.
Les céramiques aux motifs végétaux ont été fabriquées par la Maison Muller.

Fenêtre avec frise au-dessus.


Fenêtre en hauteur.


Fenêtre au rez-de-chaussée.

Porte d'entrée.

Sur ces photos, on voit bien l'utilisation de la brique. Selon le site lartnouveau.com, la brique était souvent utilisée à cette époque, dans des milieux plus modestes alors que le XVIe arrondissement était déjà un quartier aisé. Cet aspect a choqué certains parisiens hostiles au style « nouille ».

On remarque également, l'utilisation du vitrail qui fait référence au Moyen-Age. Son utilisation rappelle ainsi l'héritage d'Eugène Viollet-le-Duc. En effet, Hector Guimard aurait dit « [...] en résumé, je n'ai fait qu'appliquer les théories de Viollet-le-Duc, mais sans être fasciné par les formes du Moyen-Age » (extrait des Entretiens sur l'architecture, 1863).

On est fasciné aussi par l'utilisation de la céramique.

Ces trois aspects sont totalement nouveaux à cette époque. Hector Guimard innove donc dans l'architecture parisienne en cette fin de siècle.

Hôtel Deron-Levent, 1907.

8, villa de la Réunion, XVIe arrondissement.

Façade.
Cet hôtel particulier est un voisin direct de la Villa Jassédé. Plus simple que sa voisine, cet hôtel présente toutefois des balcons aux ferronneries fines et travaillées.

Hôtel Delfau, 1894.

1, rue Molitor, XVIe arrondissement.

Façade.
Encore une façade d'esprit néo-gothique (ou faisant référence à l'esthétique médiévale).


Quittons momentanément Paris pour aller au Vésinet dans le département des Yvelines.

Villa Berthe (ou Hublotière),  1896.


Façade de la Hublotière.
Ce pavillon est la commande d'un certain Nogues en 1896. À ce moment là, Hector Guimard travaille déjà sur le Castel Béranger que nous verrons par la suite. Il est important de souligner qu'à cette époque, l'architecte commence à jouir d'un petit succès. Tout comme pour le Castel Béranger, la Hublotière est l'une des premières œuvres à être construite sous l'influence de l'architecte belge, Victor Horta.
Cette villa, classée aux monuments historiques est aussi appelée « Hublotière » car on peut voir des soupiraux en forme de hublots sur la partie basse de l'une des façades.

Soupiraux en forme de hublots.

Grille d'entrée.
La Hublotière se voit plus ou moins depuis l'extérieur tout comme l'exige le cahier des charges de la ville du Vésinet. Dès la grille d'entrée, Hector Guimard appose sa « signature » aux coups de fouets qui caractérise son style.

Hector Guimard et Victor Horta.


Fenêtre sur la façade avant de la villa.

Rampe d'escalier.
L'influence de Victor Horta, auteur de l'Hôtel Tassel à Bruxelles se voit au niveau de l'ornementation. En effet, l'architecte belge va mettre à l'honneur la courbe. Celle-ci se voit chez Hector Guimard dans la Hublotière au niveau de la ferronnerie qui orne les fenêtres ou les rampes d'escalier.

L'influence d'Eugène Violet-le-Duc.


Façade arrière de la villa.
L'hôtel Delfau nous montrait bien le côté néo-gothique des premières années Guimard. La Hublotière est aussi l'exemple de cette tendance.
Sur la façade arrière, on reconnaît bien le style « château fort » (que l'on voit aussi sur le Castel Beranger).
Sur la photo ci-dessous on distingue une travée qui abrite les escaliers de la villa. Cette travée, aux fenêtres en diagonales sont caractéristiques de ce qu'on a pu voir auparavant comme l'Hôtel Jassédé par exemple. Cette diagonale sera également utilisée pour le Castel Béranger.
Fenêtre (façade avant) qui rappelle l'influence médiévale.


Partie gauche de la façade arrière.
Sur la façade arrière, à gauche, la porte d'entrée est particulièrement profonde.

Porte d'entrée de la façade arrière vue de face.
Détail de la porte d'entrée.

Le Castel Béranger, 1898.

14, rue Lafontaine, XVIe arrondissement.

Porche du Castel Béranger.



En 1895, Hector Guimard débute la construction d'un immeuble au 14, rue Lafontaine. Entre temps, l'architecte a fait un voyage à Bruxelles où il a rencontré Victor Horta, lui aussi influencé par l’œuvre de Viollet-le-Duc et qui est allé beaucoup plus loin dans la fantaisie. L’œuvre d'Hector Guimard va être depuis ce voyage très influencée par celle de Victor Horta.
Le Castel Béranger est la commande d'une certaine Mme Fournier qui devait contenir des appartements à loyers modérés. Cet immeuble a reçu le prix des façades de Paris en 1898.

Hall d'entrée.
Dans le hall, on remarque la présence du vitrail coloré.

Intéressons-nous à certains détails :

Balcon avec masques.
À l'angle de l'immeuble, on aperçoit un chat. Le thème animalier est complété par de sortes de gargouilles en forme d'hippocampes (cf. le thème « les animaux » dans ce blog). Le terme « Castel » fait référence au Moyen-âge. L'ensemble de ces détails nous montre encore l'esprit gothique du style Guimard.

Façade.

Cour du Castel Béranger.


Fenêtres.
Les fenêtres sont également pourvues de vitraux.

Source : le site www.netprof.fr

L'utilisation du fer forgé vert pouvait choquer à l'époque car ce matériau était habituellement employé dans les gares ou les usines.

Immeuble Jassédé, 1903

142, avenue de Versailles et 1, rue Lancret, XVIe arrondissement.

Façade.
Un certain Louis Jassédé, promoteur immobilier, commande à Hector Guimard deux immeubles : un immeuble plutôt bourgeois (voir la photo ci-dessus) situé au 42, avenue de Versailles et un immeuble plus modeste au 1, rue Lancret. Une cour commune réunie ses deux immeubles.
Angle de la rue Lancret et du 142, avenue de Versailles.


Porte d'entrée.
Fenêtres.
Cet immeuble présente des ferronneries intéressantes. D'abord, la finesse des balcons, puis la ferronnerie sur le balcon qui rappelle le « style métro ».


Façade du côté du 1, rue Lancret.

Au 1, rue Lancret, la façade est plus simple mais les ferronneries des balcons sont toutes autant travaillées que sur l'autre partie de l'immeuble.

Détail de la façade.

Hôtel Mezzara, 1909-1910.

60, rue La Fontaine, XVIe arrondissement.

60, rue La Fontaine.

Cet immeuble aurait été commandé par Paul Mezzara, ami d'Hector Guimard.

Porte d'entrée.
Près de la porte, on remarque la signature et l'année de l'inauguration de l'immeuble.

Porte d'entrée avec grille.
Ce qui est intéressant, sur cet immeuble, c'est la finesse de la grille face à un immeuble imposant.
Fenêtre.

A l'intérieur

Verrière au plafond

Hector Guimard conçoit également le plafond avec une verrière située au niveau du vestibule de la maison.

Escaliers

L'escalier est pourvu de ferronnerie tout comme à l'extérieur.
Cet édifice a servi de décor au film Chéri de Stephen Frears en 2009 (source : le site de la Mairie de Paris).
Porte
Les portes de cet hôtel particulier contiennent des vitraux aux motifs art nouveau.

Salle à manger
Même si l'hôtel Mezzara a abrité une école dans l'entre deux guerres, une partie du mobilier a été conservé tout comme cette salle à manger selon la base Mérimée.
Le Cercle Guimard recherche des mécènes pour que l'hôtel Mezzara devienne un musée consacré à l'artiste.

L'angle de la rue Agar, 1912

XVIe arrondissement.

Façade située rue Agar.
En 1911, Léon Nozal, industriel commande quelques immeubles près de la rue La Fontaine.

On doit tout à Hector Guimard : les balcons, les tuyaux d'évacuation d'eau, les poignées de portes... En effet, l'architecte aimait participer de A à Z à ses « œuvres d'art ».


Poignée de porte.

Tuyau d'évacuation.
Plaque.

Dédicace.
Hector Guimard rend ici hommage à la tragédienne Marie-Léonide Charvin dite « Agar » (1832 - 1891). Autrefois, lorsque l'actrice y résidait, la rue s'appelait alors « rue Moderne ». Quelques années après la mort de la tragédienne, la rue change de nom pour devenir « rue Agar » et Hector Guimard sculpte son visage.


Immeuble Trémois.

11, rue François Millet, XVIe arrondissement.

Détail du 11, rue François Millet.
Toujours dans le même quartier, vous tomberez sur l'immeuble du 11, rue François Millet. L'utilisation de la brique et la simplicité de la façade n'empêche pas Hector Guimard de soigner ses balcons. D'ailleurs, le balcon ci-dessus reflète très bien le style Guimard : ses coups de fouets, la présence d'animaux — ici, la chauve-souris — et la finesse de la ferronnerie.

Hôtel Guimard, 1913.

122, avenue Mozart, XVIe arrondissement.

122, avenue Mozart.
En 1909, Hector Guimard se marie avec Adeline Oppenheim (pour laquelle il a conçu la robe de mariée), fille d'un financier new-yorkais. Ici, l'architecte à tout conçu pour son propre hôtel particulier : la porte d'entrée, poignées de portes... Selon le site Wikipedia, le couple y aurait vécu de 1909 à 1930. La veuve d'Hector Guimard aurait fait don d'une partie du mobilier — que l'on peut voir au musée du Petit Palais.

Chambre de Mme Guimard
Toutefois, si vous voulez contempler la chambre d'Adeline Oppenheim, vous devrez vous rendre à Lyon au musée des beaux arts de la ville.

Selon la base Mérimée, le rez-de-chaussée était réservé à l'atelier d'Hector Guimard. Le premier et le deuxième étage contenaient l'appartement privé du couple.

Le troisième abritait l'atelier de sa femme qui était artiste peintre. Enfin, sous les combles se trouvaient les chambres des domestiques. Il faut aussi imaginer qu'un ascenseur avait été aménagé.

Porte d'entrée.
Balcon avec ses « coups de fouets ».

Porte de service.
Ici, la photo a été prise avant les travaux de rénovation des années 2010-2011. La signature de l'architecte commençait à s'effacer.

La synagogue

10, rue Pavée, IVe arrondissement, 1913.

Quittons momentanément le XVIe arrondissement pour aller dans le Marais.

Façade de la synagogue.
Selon le site Wikipedia, la Synagogue a été construite à la demande d'Agulas Hakehilos, association israélite orthodoxe d'origine russe. L’œuvre de Janine Casevecchie, Paris. Art nouveau, nous précise que l'étroitesse de la rue n'a pas empêché Hector Guimard de construire un édifice imposant et tout dans la verticalité. Hector Guimard conçoit également l'intérieur de l'édifice.
La verticalité des fenêtre serait une allusion à la loi des douze tables.
Détail de la façade.

Hôtel particulier

3, square Jasmin 1922, XVIe arrondissement.
Porte d'entrée du 3, square Jasmin.

Nous sommes en 1922 et la Première Guerre Mondiale est déjà passée. Il faut construire et vite. Le style Guimard laisse place à plus de simplicité.

Fenêtre.

Immeuble

18, rue Henri Heine, 1926, XVIe arrondissement.


Façade de l'immeuble.

En 1926, l'Art nouveau est passé de mode mais ceci n'empêche pas Hector Guimard de construire. L'architecte aurait vécu dans cet immeuble avant de s'exiler à New-York en 1938. Cet édifice fait plus penser à de l'Art déco qu'à de l'Art nouveau. On verra dans le chapitre consacré à l'Art déco comment la transition s'opère entre les deux styles.

Bibliographie


Il est assez facile de trouver des informations sur Hector Guimard. En effet, n'est-il pas, malgré la non-existence d'un musée à son effigie, l'Architecte de l'art nouveau à Paris ?

J'ai commencé par le livre de Frédéric Descourturelle, André Mignard, Michel Rodriguez, Guimard, l'art nouveau du métro, La Vie du Rail (2012), puis par Paris. Art nouveau de Janine Casevecchie, Chêne (2009).
Sur Internet, le site lartnouveau.com et le webcours sur Netprof.fr m'ont permis d'approfondir le sujet. Puis, j'ai consulté le site Wikipedia (dont les sources sont vérifiables) et la base Mérimée.
Enfin, sur la Hublotière, j'ai surfé sur le site qui lui est consacré, www.lahublotiere.com et consulté le travail de Déborah Pladÿs téléchargeable depuis le site officiel.

Enfin, sachez qu'il existe une association Le Cercle Guimard qui se propose de promouvoir l’œuvre d'Hector Guimard.

Enfin, avec toutes ses adresses, vous pouvez vous faire votre propre parcours Guimard...

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