mardi 29 décembre 2020

Maisons de campagne à Paris : introduction et bibliographie

Avec le confinement, on a vu que les Français étaient en quête de verdure, d'espace, de calme et de dépaysement. Paris offre à quelques privilégiés la possibilité de posséder un pavillon avec son petit jardin. Aujourd'hui ce type de maison représenterait 0,8% du parc de logement de la capitale selon un article du Parisien publié le 10/10/20.

Cette quête d'espace naturel ne date pas seulement de 2020 puisque ce phénomène existe déjà dès les années 1860. À cette époque, Paris est une ville industrielle où les usines sont nombreuses.

1860 est aussi l'année durant laquelle Paris s'agrandit puisqu'elle incorpore ses villages périphériques : Belleville, Charonne, Grenelle, Passy, Montmartre et bien d'autres. C'est à ce moment-là que vont apparaître les premiers îlots de maisons individuelles aux airs de maisons de campagne à Paris.

Rue Irénée Blanc, XXème arrondissement

Jusque dans les années 1930, certains arrondissements vont s'embellir de ces maisons individuelles fleuries et préservées de l'urbanisation de la capitale.

De nombreuses maisons vont s'inspirer de la mode du moment : le style normand et la maison chalet vont avoir la cote. On veut une maison qui ressemble aux habitations des stations balnéaires comme Deauville qui attire de nombreux citadins depuis la fin du XIXème siècle. On veut surtout une maison qui nous éloigne des usines, des commerces et du bruit. Ces maisons vont clairement se distinguer des immeubles haussmanniens.

En outre, on va voir que ces maisons qui sont l'apanage de quelques privilégiés font aussi partie de l'histoire du logement social à Paris puisque la plupart de ces maisons constituent d'anciennes cités ouvrières.

Dans un premier temps, nous verrons comment ces logements sont liés à l'histoire sociale de la capitale, dans un deuxième temps, la fusion des anciens villages qui ont intégré Paris en 1860. Puis, nous terminerons dans le Val de Marne car nous allons voir que cette tendance s'est exportée aussi en proche banlieue avec l'avènement des chemins de fer.

Bibliographie

  • Action de la Ville de Paris, Hameaux, villas et cités de Paris, collection Paris et son patrimoine, (dir) Béatrice de ANDIA (1999)
  • Villages et faubourgs de Paris. Entre ville et campagne, ruelles tortueuses, maisons basses et jardins secrets, Yvan TESSIER, Emile CHOMETTE (textes), Parigramme (2018)
  • Les hôtels particuliers, J.M. LARBODIERE, Reconnaître, Massin Éditeur (2004)
  • Paris. Promenades dans le quartier des Gobelins et de la butte-aux-Cailles, Hélène HATTE, Valérie RIALLAND-ADDACH, Christine Bonneton Éditeur (2008)
  • Paris. Promenades dans le XIIème. Aligre, Bercy, Nation, Picpus..., Hélène HATTE, Valérie RIALLAND-ADDACH, Christine Bonneton Éditeur (2009)
  • Montmartre. Pigalle et la Nouvelle-Athènes. Pierre FAVETON, Bernard LADOUX. Les essentiels du patrimoine, Massin (2013)
  • Paris. Promenades dans Belleville et Ménilmontant, Christine Bonneton Éditeur (2008)
  • Curiosités de Paris. Inventaire insolite des trésors minuscules. Dominique LESBROS, Parigramme Editions (2012)
  • Mémoire des rues. Paris 15ème arrondissement, Dominique DETUNE, Claudine HOURCADETTE, Pierre Langlois, Parigramme Editions (2015)

Sur Internet:

J'ai consulté les annexes du Plan Local de l'Urbanisme (PLU), la base Mérimée et lorsque les sources sûres sont citées Wikipédia.

Dans la presse :

  • « Un chalet parmi les immeubles parisiens » (article non signé), Le Parisien, publié le 20/08/2014
  • « Paris : sur la butte Bergeyre, fronde contre un projet immobilier » par Julien Duffé, Le Parisien, publié le 01/07/2019
  • « Immobilier : pourquoi les maisons de la Campagne à Paris séduisent... mais ne se vendent pas », par Aubin Laratte, Le Parisien, publié le 10/10/20
  • « Le chalet des Grisons », par Ariane Singer, Le Point, publié le 31/05/2012
  • « Ces bâtiments qui nous intriguent : le chalet de la rue de Meaux », par Isabelle Vatan, Télérama, publié le 24/08/2019

En vidéo :

  • « Montmartre, un village à Paris », Échappées Belles, réalisation Martin BLANCHARD, France TV, diffusé le 30/09/2015

Sur Nogent-sur-Marne et Le-Perreux-sur-Marne :

1. Maisons de campagne : Émergence de la campagne en ville

La maison avec jardin, un phénomène d'abord bourgeois

Avenue Frochot, IXème arrondissement

L'idée de se faire construire une maison avec jardin concerne dans un premier temps la bourgeoisie, classe sociale qui apparaît au XIXème siècle. Selon Gilles Plum dans l'ouvrage intitulé Hameaux, villas et cités de Paris, se faire construire une maison de campagne en plein Paris est une idée qui séduit. On s'installe dans des quartiers peu urbanisés, de préférence en hauteur où l'on a vue sur la Seine (pas sur la tour Eiffel qui n'existe pas encore) comme sur l'avenue Frochot située dans le quartier de Pigalle. On y recherche le calme loin du bruit des commerces, des industries et… des ouvriers !

1, avenue Frochot, IXème arrondissement

L'avenue Frochot illustre cette tendance. Bruno Centorame dans Hameaux, villas et cités de Paris raconte que l'un des propriétaires de l'avenue, Charles Picot décide de loger uniquement des personnes aisées. L'avenue est privatisée permettant ainsi aux seuls habitants de sillonner cette impasse. Seule la maison du concierge est visible de la vue des passants (photo ci-dessus).

Dès le XIXème siècle, cette avenue attire surtout des artistes tels qu'Alexandre Dumas père, Ponson du Terrail, Eugène Isabey, puis Jean Renoir au XXème siècle.

Création de hameaux, villas, squares, cités…

38, rue Boileau, XVIème arrondissement

Peut être avez-vous remarqué que certaines voies portaient le nom de « villa », « hameau » ou « cité » ?

La notion de « hameau » se retrouve dans des îlots privés tel que le hameau Boileau qui constitue carrément un petit quartier privé puisqu'il s'étend sur plusieurs rues.

Avenue Despréaux, au sein du hameau Boileau

Selon la documentation du Plan Local de l'Urbanisme (PLU), l'ensemble des maisons de la rue Despréaux serait l'œuvre de l'architecte Jean-Charles Danjoy. On a affaire à des maisons à colombages (pans de bois sur les façades) dans l'esprit régionaliste normand et néogothique. Toujours selon le PLU, ce hameau daterait de 1839. Nous ne sommes pas encore dans Paris intra muros mais dans l'ancien village d'Auteuil qui n'intégrera la capitale qu'en 1860.

83-85, rue de la Tour (villa Guibert), XVIème arrondissement

Derrière une grille car non accessible, la villa Guibert présente une façade aux pans de bois de couleur rose qui fait penser au style normand. Le rez-de-chaussée est quant à lui couvert de briques. Selon Wikipedia, cette villa qui constitue une impasse doit son nom à un riche propriétaire : le photographe Maurice Guibert.

Autour du parc Montsouris, XIVème arrondissement

Autre quartier, autre standing : le square de Montsouris à deux pas du parc éponyme nous offre l'une des plus belles balades bucoliques de Paris. On remarque que le pavage des rues donne un aspect plus rétro au quartier…

Dans l'ancien village de Montrouge, on peut admirer de jolies maisons construites pour la plupart entre les années 1900 et 1930. Selon Jean-François Delmas dans l'ouvrage Hameaux, villas et cités de Paris ce petit quartier est connu pour ses ateliers d'artistes mais aussi pour ses villas au style régionaliste et moderne.

Square de Montsouris, XIVème arrondissement

Au moins une vingtaine de ces logements sont l'œuvre de l'architecte Jacques Bonnier construits entre 1922 et 1924 dans le square de Montsouris selon le site de la Cité de l'Architecture.

27, square de Montsouris, XIVème arrondissement

Au fil du temps, nous dit l'article de Jean-François Delmas, les différents propriétaires ont personnalisé leurs façades comme on peut le voir sur la maison ci-dessus avec la mosaïque de fleurs.

Les maisons que l'on peut admirer square de Montsouris sont à l'origine des HBM, « Habitations à Bon Marché » (ancêtres de nos HLM) pour répondre à la crise du logement. La notion de HBM naît avec la loi Siegfried en 1894.

En ce qui concerne cette rue, les maisons doivent correspondre à des normes, c'est-à-dire, un sous-sol ; un rez-de-chaussée surélevé ; avoir un ou deux étages ; le confort moderne, soit l'eau courante, le gaz, l'électricité, le chauffage central et le tout-à-l'égout. On parle alors de « logement salubre ».

40, square de Montsouris, XIVème arrondissement

Au numéro 40, on peut admirer une œuvre de 1923 de l'architecte Gilles Buisson comme il est indiqué sur le mur jaune. On remarque surtout une façade couverte de pans de bois que l'on appelle « colombage ». À l'origine, les pans de bois constituaient une charpente au Moyen-Âge. En 1923, les pans de bois servent uniquement à la décoration comme nous le dit J.M. Larbodière dans son œuvre Les hôtels particuliers parisiens. Les maisons à colombages nous font souvent penser aux maisons de province et plus particulièrement à la Normandie ou à l'Alsace.

Cité du Midi, XVIIIème arrondissement

Dans le quartier animé de Pigalle, on peut se retrouver au calme dans des cités telle que la cité du Midi située au niveau du numéro 48 du boulevard de Clichy.

Anciens bains douches

Aujourd'hui les bains douches se sont reconvertis en logements ou locaux professionnels.

Détail d'une façade de la cité du Midi

La cité du Midi est une charmante impasse où le calme contraste avec le bruit de la circulation du boulevard de Clichy.

Ces villas, hameaux et autres cités peuvent faire penser à des maisons de campagne ou des pavillons de banlieue. Ces petits îlots contrastent avec l'urbanisation et les immeubles — qu'ils soient haussmanniens ou contemporains. En outre, ces rues privées ou à l'écart du bruit sont dépourvus de commerces de proximité, d'écoles et d'églises.

Création des cités ouvrières et autres initiatives.

Villa Santos-Dumont, XVème arrondissement

Le village de l'avenir

Jusqu'ici, nous avons vu que de riches propriétaires recherchaient le calme en plein Paris. Toutefois, les autres couches de la population vont avoir leurs quartiers qui sont encore aujourd'hui préservés.

La photo ci-dessus présente des pavillons à pignons couverts de briques. Nous sommes dans « le Village de l'Avenir » pensé par un certain Alexandre Chauvelot. Ce propriétaire issu d'un milieu modeste achète des terrains afin d'y installer une population ouvrière.

10, rue Camulogène, XVème arrondissement

Tout comme le quartier de Montsouris, les propriétaires de ces logements ont personnalisé et modernisé leur bien.

Logements pour les ouvriers des chemins de fer

Rue des Chablis, XIIème arrondissement

Dans le quartier de Bercy, vous trouverez un lotissement de 36 pavillons en pierre meulière construits en 1908 par un certain Lambert selon l'œuvre d'Hélène Hatte, Valérie Rialland-Addach, Paris. Promenades dans le XIIème arrondissement.

Rue des Chablis, XIIème arrondissement

Les logements de la rue des Chablis ont été conçus pour les employés et les ouvriers des chemins de fer qui travaillaient autour de la gare de Bercy (aujourd'hui disparue).

81, rue de Reuilly (impasse Mousset), XIIème arrondissement

Ces impasses situées à l'abri de la rue principale car souvent fermées par des grilles sont souvent pourvues d'abondante végétation, de glycine ou de vigne vierge.

De nos jours, les anciennes cités ouvrières comme celles de la rue de Reuilly sont occupées par un population plus favorisée, plus « bobo ». Sur la photo ci-dessus, impasse Mousset, on y trouve des lofts, des bureaux, des studios d'enregistrement ou de post-production.

Oeuvre de street art, impasse Mousset, XIIème arrondissement

Des artistes de street art n'hésitent pas à embellir les façades.

Le rôle des coopératives

29, rue Irénée Blanc, XXème arrondissement

Du côté de la Porte de Bagnolet non loin des quartiers populaires de l'Est parisien se trouve un îlot de maisons de campagne. Ce micro-quartier appelé « la Campagne à Paris » a été conçu dans les années 1920 pour faire face à la crise du logement selon le panneau posé par la Ville de Paris.

Rue Irénée Blanc, XXème arrondissement

Selon Wikipedia, l'îlot est situé dans l'ancien village de Charonne. Le terrain appartient alors à un certain père Rousset. Ce terrain est vendu au début du XXème siècle à la société coopérative « la Campagne à Paris ». Cette société, avec l'aide du pasteur Sully Lombard, fait construire des logements destinés à une population modeste composée d'ouvriers et de petits fonctionnaires en vue d'être propriétaires de leur bien.

Les logements sont construits entre les années 1911 et 1914 puis entre 1923 et 1926.

Angle de la rue Georges Pérec et Jules Siegfried, XXème arrondissement

L'îlot est constitué de 92 maisons qui s'étendent sur quelques rues auxquelles on y accède par des escaliers (on se croirait presque sur une butte).

La plupart des maisons sont bâties en brique comme le pavillon ci-dessus mais on trouve également de la pierre, telle la maison ci-dessous ou du béton.

1, rue Jules Siegfried, XXème arrondissement

Les maisons possèdent un petit jardinet et ont un ou deux étages. Certaines de ces maisons sont spacieuses pour la capitale : 100m² selon l'article d'Aubin Laratte du Parisien.

Rue Irénée Blanc, XXème arrondissement

Ce quartier est particulièrement agréable à arpenter, l'abondance de la végétation (on y trouve des roses, des lilas, de la glycine…) et le calme qui y règne procurent une atmosphère bucolique unique à Paris.

Rue Henri Pape, XIIIème arrondissement

La Campagne à Paris n'est pas la seule coopérative qui a donné naissance à des îlots d'habitations. Il en existe d'autres comme La Petite Chaumière qui regroupe quelques habitations dans le XIIIème arrondissement, rue Henri Pape (photo ci-dessus) ou bien rue de la Colonie (photo ci-dessous).

Selon l'ouvrage d'Hélène Hatte et de Valérie Rialland-Addach, Paris promenades dans le quartier des Gobelins et de la Butte-aux-Cailles, les maisons de la rue Henri Pape auraient été conçues en 1911 par Henri Rebersat.

Rue de la Colonie, XIIIème arrondissement

Dans ce type de structure, on observe des façades juxtaposées, souvent colorées (les façades de la rue Henri Pape sont blanches mais les balustrades sont colorées) ; les maisons ont un à deux étages et sont situées dans des quartiers où il y a peu de commerces et de bureaux.

Caractéristiques des maisons de campagne parisiennes

42, rue de Mouzzaïa, XIXème arrondissement

Selon Gilles Plum dans l'ouvrage collectif Hameaux, villas et cités de Paris, les maisons individuelles parisiennes présentent souvent les mêmes caractéristiques.

Des formes géométriques et colorées

Les maisons sont souvent de petite taille et de formes géométriques, carrées ou rectangulaires comme la maison jaune de la rue de Mouzzaïa dans le XIXème arrondissement.

Fenêtre en trompe-l’œil

Cette maison a la particularité d'avoir une fenêtre en trompe-l'œil. Ici, une flûtiste est observée par un rossignol.

Villa de la Renaissance, XIXème arrondissement

Dans le même quartier, villa de la Renaissance, les maisons de formes géométriques se juxtaposent et les façades tout comme les volets sont de couleurs différentes.

Des maisons à pignon

39, rue Claude Terrasse (villa Dufresne), XVIème arrondissement

Hormis les chats que l'on croise souvent dans ces quartiers, on observe des toits à 2 versants qui forment un pignon comme au 39, rue Claude Terrasse dans le XVIème arrondissement (photo ci-dessus) ou bien au numéro 43 (photo ci-dessous) avec une abondante végétation.

43, rue Claude Terrasse (villa Sommeiller), XVIème arrondissement

Lorsque les toits sont à pignon, on parle alors de « chalet ».

La brique

Square Montsouris, XIVème arrondissement

Toujours selon Gilles Plum, de nombreuses maisons sont faites de briques comme on peut le voir au square Montsouris.

Ici, la façade se divise en 2 : le premier étage est pourvu de briques rouges et le deuxième est blanc (en crépi ?), ce qui procure à la façade un contraste qui ne laisse pas indifférent. On remarque une petite touche de fantaisie avec le cadran solaire.

Le style normand

12, villa du Parc-de-Montsouris, XIVème arrondissement

Restons encore un peu autour du parc Montsouris pour poursuivre notre balade bucolique.

Au numéro 12, villa du Parc-de-Montsouris, vous pouvez admirer une belle demeure couverte de pans de bois de couleur verte inspirée du style normand.

Pendant la Belle Époque, la côte normande et ses stations balnéaires (Deauville, Trouville-sur-Mer, Cabourg…) accueillent beaucoup de Parisiens qui viennent s'y détendre. Le style architectural normand avec ses maisons à colombages va inspirer les constructions des maisons individuelles de la capitale.

À titre de comparaison, j'ai choisi de vous montrer une façade de l'hôtel Normandy de Deauville (photo ci-dessous). Selon la base Mérimée, l'hôtel Normandy est une œuvre de Théo Petit construite en 1912.

Hôtel Normandy, 38, rue Jean Mermoz, Deauville

On retrouve cette couleur verte mais aussi ce qu'on appelle les épis de faîtage en céramique, ces petites décorations que l'on remarque sur les toits.

Villa du Parc-de-Montsouris (détail)

À Paris comme à Deauville, on observe la présence de volatiles perchés sur les toits.

Hôtel Normandy (détail)

Les lambrequins

4ter, rue de l'Assomption, XVIème arrondissement

Les maisons de campagne à Paris peuvent être ornées de lambrequins comme on peut le voir dans la photo ci-dessus.

Les lambrequins constituent les ornementations que l'on trouve sous les toits en forme de stalactites. Le PLU évoque une inspiration des chalets de la fin du XIXème siècle, toutefois il est difficile de dater cette structure un peu atypique dans cette rue.

Inspiration régionaliste

4, rue de l'Abreuvoir, XVIIIème arrondissement

Les maisons de campagne à Paris s'inspirent du style régionaliste. Au numéro 4 de la rue de l'Abreuvoir dans le XVIIIème arrondissement, on retrouve ce style à travers une maison en pierre avec au dernier étage des colombages de couleur vert sapin. Une fois de plus, un cadran solaire apporte une touche de fantaisie. D'après Dominique Lesbros dans son ouvrage intitulé Curiosités de Paris. Inventaire insolite des trésors minuscules, le cadran solaire daterait de 1924 ; on ne connaît pas toutefois la date de construction de la maison.

Le style régionaliste connaît à Paris son heure de gloire à la fin du XIXème siècle et le premier quart du XXème siècle selon Wikipedia.

27, avenue Georges Mandel, XVIème arrondissement

Cependant, il s'agit d'un style régionaliste revisité tel qu'on peut le voir au 27, avenue Georges Mandel dans le XVIème arrondissement. L'immeuble construit par Emile Vaudremer vers 1898 selon le PLU s'inspire du style normand avec ses pans de bois purement décoratifs. Pourtant, on remarque la présence de lucarnes décorées de pans de bois en forme de flamme, des fenêtres en avant-corps, le tout mélangé à de la brique beige.

Ce type d'architecture nous fait penser d'emblée au style néogothique comme on a déjà pu le voir dans ce blog.

11, rue du Parc-de-Montsouris, XIVème arrondissement

Autre exemple de style régionaliste revisité, le 11, rue du Parc-de-Montsouris dans le XIVème arrondissement. L'utilisation de la pierre meulière, les pans de bois verts, la grille à gauche qui nous fait deviner un petit jardin à l'arrière nous plonge en pleine côte normande.

Mascaron

Toutefois, lorsque l'on y regarde de plus près, on aperçoit de petits mascarons sous les fenêtres qui nous font penser à l'Art nouveau

10, rue Daviel, XIIème arrondissement

Autre région qui inspire les architectes, l'Alsace — quoique nous ne soyons pas très loin du style anglo-normand au 10, rue Daviel dans le XIIIème arrondissement.

Sur la photo ci-dessus, nous sommes face à un ensemble d'habitations dont les pans de bois sont de couleur bleue, les toits sont à pignons et de la brique apparaît discrètement. Je vous rassure, nous sommes bien à Paris.

Selon l'ouvrage d'Hélène Hatte et de Valérie Rialland-Addach, Paris. Promenades dans le quartier des Gobelins et de la butte-aux-Cailles, le XIIIème arrondissement s'industrialise peu à peu dès la fin du XIXème siècle, ce qui attire une population bourgeoise et ouvrière. En 1913, un certain abbé Viollet prend l'initiative de créer une cité-jardin afin d'y abriter des ouvriers implantés dans le quartier. On fait appel à l’architecte Jean Walter selon le PLU pour construire ces maisons.

Ses matériaux plutôt bons marchés et ses pans de bois donnent à ce lotissement le surnom de « Petite Alsace ».

Sur la photo ci-dessous, « La Petite Alsace » est inscrite au-dessus des boîtes aux lettres.

Cour de la Petite Alsace

Toujours selon l'ouvrage d'Hélène Hatte et de Valérie Rialland-Addach, les 40 maisons se composent toutes d'une cave, d'une entrée, d'une cuisine, d'un salon, d'un atelier et de trois chambres.

119, rue Saint-Lazare, VIIIème arrondissement

Autre régionalisme que l'on peut voir à Paris, la façade d'une célèbre enseigne de restauration rapide rue Saint-Lazare dans le VIIIème arrondissement. Sa façade très fine détonne car elle se trouve engoncée entre deux mastodontes haussmanniens.

Couverte de bois, ornée de statues dont celle du toit qui représente une cigogne, cette bâtisse nous invite en Alsace.

Selon Dominique Lesbros dans son ouvrage Curiosités de Paris. Inventaire insolite des trésors minuscules, cette adresse est celle d'une ancienne brasserie appelée « Au roi de la bière », conçue en 1894 pour un certain restaurateur Jacqueminot-Graff par l'architecte Paul Marbeau selon la base Mérimée.

119, rue Saint-Lazare (détail)

Au centre, on observe la présence de Gambrinus, le personnage couronné qui tient une chope de bière.

La base Mérimée nous précise que cette façade est classée Monument Historique.

Les maisons chalets

Avenue des Chalets, XVIème arrondissement

Sur l'avenue des Chalets dans le XVIème arrondissement, on croise… des chalets ! De belles maisons insolites bordent cette voie privée. Ici, les maisons sont pourvues de pans de bois décoratifs et colorés. Tout est fait pour nous inviter à la montagne.

Avenue des Chalets, XVIème arrondissement

Selon le site du Moniteur (presse spécialisée dans l'immobilier), les séjours en montagne étaient à la mode dès les années 1860. À travers ces maisons, les Parisiens aisés ont souhaité reproduire ce style.

103, rue de Meaux, XIXème arrondissement

Autre exemple d'engouement pour les maisons chalets, le pavillon du 103, de la rue de Meaux dans le XIXème arrondissement.

En 1867 se déroule à Paris une exposition universelle. Comme on a déjà pu le voir dans le thème Paris invite le monde, la plupart des pavillons sont détruits et certains ont été reconstruits. Malgré l'état du bâti, le chalet du 103, rue de Meaux est toujours habité selon un article du journal Le Parisien du 20/08/2014. Ce type de chalet serait — toujours selon le journal — d'origine d'Europe centrale.

11, rue de l'Alsace-Lorraine, 92100 Boulogne-Billancourt

Une autre exposition universelle (celle de 1878) a conservé son chalet suisse cette fois-ci. Selon l'article d'Ariane Singer du magazine Le Point publié le 31/05/2012, le « Chalet des Grisons » a été entièrement construit en bois de mélèze et est doté d'un toit en ardoise. Il s'agirait d'un pavillon suisse de l'entreprise Kuoni aujourd'hui situé dans la commune de Boulogne-Billancourt à deux pas de la capitale.

2. Maisons de campagne : Les villages en périphérie intègrent la capitale en 1860

Villa Santos-Dumont, XVème arrondissement

Dans la première partie nous avons pu voir que les maisons de campagne étaient un phénomène social lié notamment à l'industrialisation de la capitale. Nous allons à présent nous intéresser aux lieux concernés par ces constructions atypiques et voir pourquoi ces quartiers ont échappé à l'haussmannisation puis à la « bétonnisation » du paysage parisien.

Vestiges des anciens villages

Selon l'ouvrage d'Yvan Tessier et d'Émile Chomette, Villages et faubourgs de Paris. Entre ville et campagne, ruelles tortueuses, maisons basses et jardins secrets, une ribambelle de villages situés en périphérie de Paris intègrent la capitale en 1860. Nous passons de 12 à 20 arrondissements que nous connaissons encore aujourd'hui.

Avant 1860, Paris était limitée au « Mur des fermiers généraux » où l'on pratiquait l'octroi.

Dès 1860, les nouvelles frontières de Paris se situent au niveau de « l'Enceinte de Thiers », fortification érigée en 1840.

Ces anciens villages qui intègrent la capitale possèdent encore quelques traces qui vont être en totale rupture avec l'urbanisation de Paris. C'est ce que nous allons voir dans ce chapitre.

Montmartre

Rue des Saules, XVIIIème arrondissement

Sur la photo ci-dessus se dresse au centre une maison basse aux volets bleus recouverte en partie par de la feuille de vigne. Selon le PLU, cette maison est typique de l'ancien village de Montmartre.

Au loin, on devine un immeuble haussmannien. À droite, la maison aux haies en bois constitue le cabaret Au Lapin Agile (photo ci-dessous).

Au Lapin Agile, 22, rue des Saules, XVIIIème arrondissement

La juxtaposition de ces maisons avec des immeubles et les rues pavées font le charme de ce quartier très touristique.

Le Moulin de la galette, 83, rue Lepic, XVIIIème arrondissement

Au XXIème siècle, Montmartre constitue le quartier qui a su le mieux préserver son côté village. Cette préservation fait de Montmartre un quartier qui attire énormément de touristes selon l'ouvrage de Pierre Faveton et de Bernard Ladoux, Montmartre. Pigalle et la Nouvelle Athènes.

Selon le reportage de Martin Blanchard, Montmartre, un village à Paris, on apprend que la partie champêtre de Montmartre qui a échappé le plus à l'urbanisation se trouve dans le versant nord de la butte Montmartre, soit derrière la basilique du Sacré-Cœur. Alors que le versant sud, soit la partie qui se trouve du côté des Abbesses, a connu une plus forte urbanisation avec une vue sur Paris, la Seine, etc.

Avant son annexion de 1860, Montmartre avait la particularité de ne pas pratiquer l'octroi. Ceci explique la présence de nombreuses guinguettes et autres cabarets tel que le Moulin de la Galette (photo ci-dessus) que fréquentaient les Parisiens qui venaient prendre un verre et danser.

Le moulin présent au-dessus de l'actuel restaurant constitue l'un des vestiges du village. Le PLU évoque la présence jadis de 13 moulins à Montmartre avant l'annexion.

Selon le site du restaurant, un certain Debray, meunier de profession, décide d'ouvrir une salle de bal. Le Moulin de la Galette a fait l'objet de nombreux tableaux peints par les impressionnistes installés dans le quartier.

La Maison Rose, 2, rue de l'Abreuvoir, XVIIIème arrondissement

Autre lieu typique fréquenté par les artistes durant le XXème siècle (de Maurice Utrillo à Claude Nougaro nous dit le site Internet de son actuel restaurant) : La Maison Rose. Ce lieu nous plonge au début du XXème siècle par sa façade colorée de rose et de vert.

Vignes de Montmartre (vues depuis le musée de Montmartre)

Autre particularité de Montmartre : ses vignes. Selon la documentation du musée de Montmartre, on peut attester la présence de vignes depuis le Moyen-Âge. Au début du XXème siècle, il ne reste plus grand chose et le terrain qui appartient à la Ville de Paris est destiné à l'urbanisation. Une poignée de personnes décide de sauver les quelques vignes restantes en fondant en 1933, le Clos-Montmartre.

Dans cette ambiance de plaisir où l'on aime boire du vin et faire la fête, des aristocrates fortunés se sont fait construire de riches demeures dès le XVIIIème siècle tandis que des populations de condition plus modeste venaient surtout pour y travailler, notamment au moulin ou dans les vignes.

Aujourd'hui, nous disent Pierre Faveton et Bernard Ladoux dans leur ouvrage Montmartre. Pigalle et la Nouvelle Athènes , Montmartre n'est plus un quartier populaire mais attire par son côté village. Outre le mythe du peintre jadis impressionniste qui œuvre aujourd'hui place du Tertre, ce que l'on vend aux touristes est cette « authenticité », ce village préservé de la bétonisation.

Auteuil, Grenelle, Gentilly…

D'autres quartiers de la capitale vont conserver des vestiges de leur ancien village. C'est le cas du quartier d'Auteuil (photo ci-dessous).

35, rue d'Auteuil, XVIème arrondissement

Lorsque vous déambulez dans l'actuelle rue d'Auteuil, outre les nombreux commerces, vous remarquerez les maisons basses qui jouxtent les immeubles de type haussmannien et moderne. Lorsqu'on consulte le PLU, on s'aperçoit que de nombreuses maisons de cette rue sont d'anciens vestiges d'hôtels particuliers aujourd'hui disparus. Au bout de la rue, sur la place se trouve l'église d'Auteuil construite dès 1877 afin de remplacer l'ancienne église du village.

Selon l'ouvrage d'Yvan Tessier et d'Émile Chomette, Villages et faubourg de Paris. Entre ville et campagnes, ruelles tortueuses, maisons basses et jardins secrets, on sait que le numéro 35 de la rue d'Auteuil (photo ci-dessus) abrite au dernier étage les vestiges d'une ancienne poulie qui servait autrefois à monter les charges lourdes…

Nous sommes ici dans la principale rue de l'ancien village d'Auteuil annexé en 1860. Avec le village de Passy juste à côté, ces deux villages donnent naissance au XVIème arrondissement.

En ce qui concerne la numérotation des arrondissements, les communes d'Ivry et de Gentilly devaient former le XVIème arrondissement et l'actuel XVIème devait être le XIIIème arrondissement. À l'époque, l'expression « se marier à la mairie du XIIIe » signifiait vivre en concubinage. L'ancienne commune de Passy a proposé une numérotation en escargot pour y échapper.

69, rue Violet, XVème arrondissement

Qui dit village, dit mairie. Tout près de la place du Commerce dans le XVème arrondissement se trouve l'ancienne mairie de Grenelle (photo ci-dessus).

Selon l'ouvrage de Pierre Langlois, Mémoire des rues. Paris 15ème arrondissement, le quartier autour de la rue Violet et de la place du Commerce n'est qu'une plaine abritant quelques hameaux jusqu'au XVIIIème siècle.

Deux entrepreneurs, Léonard Violet et Alphonse Letellier achètent le terrain afin d'y installer une ville nouvelle en 1823 : Grenelle (ou Beau-Grenelle comme les deux protagonistes aimaient l'appeler). Les entrepreneurs dotent la ville d'un port, créent la rue du Commerce et font construire une église. Le but de ces promoteurs est d'attirer une clientèle plutôt bourgeoise.

Détail de la façade de l'ancienne mairie

La mairie a été construite, selon le PLU, par deux architectes américains Daniel Low et Thomas Wentworth Storrow en 1825. C'est en 1842 que cette demeure de style maniériste est réaménagée par Claude Naissant pour en faire une mairie.

La base Mérimée nous précise que cette bâtisse est classée monument historique.

Square Yvette Chauviré, place du commerce, XVème arrondissement

En 1860, les villages de Grenelle et son rival voisin Vaugirard intègrent la capitale pour former le XVème arrondissement.

1 et 3, place Paul Verlaine, XIIIème arrondissement

Allons faire un tour dans l'ancien village de Gentilly et plus particulièrement place Paul Verlaine dans le XIIIème arrondissement.

Au numéro 1 se dresse une façade rose dont les fenêtres sont entourées de brique rouge. Son toit d'ardoise est pourvu de trois fenêtres en pignon. Au numéro 3, on voit une maison à tourelle. Selon l'ouvrage d'Hélène Hatte et de Valérie Rialland-Addach, Paris. Promenades dans le quartier des Gobelins et de la Butte-aux-Cailles, ces deux maisons cossues sont des vestiges de l'ancien quartier dit du « Petit-Château » du village de Gentilly.

Des terrains peu propices aux immeubles

11, rue Miguel Hidalgo, XIXème arrondissement

Le quartier « de Mouzaïa », anciennement dans le village de Belleville

Baladons-nous à présent dans le quartier appelé plus familièrement quartier « de Mouzaïa » situé dans le XIXème arrondissement.

Sur la photo ci-dessus, on peut admirer un surprenant pavillon bleu rue Miguel Hidalgo. Nous sommes dans l'ancien village de Belleville. La maison est pourvue de pierre au rez-de-chaussée et au premier étage. Au deuxième étage, on voit une frise en forme de damier en brique beige et rouge.

5, rue de la Fraternité, XIXème arrondissement

Selon l'ouvrage de Dominique Détune et de Claudine Hourcadette, Paris. Promenades dans Belleville et Ménilmontant, le quartier « de Mouzaïa » ou plus précisément, le quartier d'Amérique — son nom officiel — abritait environ 25 ha de carrières de gypse dans l'ancienne commune de Belleville. En 1907, on construit la station de métro Danube sur un viaduc car le terrain est beaucoup trop fragile.

Dans ce quartier, vous trouverez l'Œuvre de la bouchée de pain, association qui vient en aide aux plus démunis. La façade jaune a été construite par un certain Georges Dechard en 1912. Le fronton, pourvu de faïence verte, est de style Art nouveau.

Villa Sadi Carnot, XIXème arrondissement

À la fin du XIXème siècle, la qualité du terrain et son faible coût attirent une population d'employés et de petits commerçants. Les premières villas remontent à 1881. Les rues portent alors des noms de fleurs comme la villa des Lilas, puis des noms de présidents de la jeune IIIème république tels qu'Émile Loubet ou Sadi Carnot (photo ci-dessus).

3, rue de la Fraternité, XIXème arrondissement

En 1889, pour fêter le centenaire de la révolution, on crée les rues de la Fraternité (photo ci-dessus), de l'Égalité et de la Liberté (photo ci-dessous).

Toujours selon l'ouvrage Paris. Promenades dans Belleville et Ménilmontant, le pavillon ci-dessus serait inspiré de Deauville.

Rue de l'Égalité, puis au second plan, rue de la Liberté

Dans ces rues, aucun immeuble haussmannien ni aucune tour moderne. Nous sommes ici dans un authentique cocon pavillonnaire.

Villa de Lorraine (angle avec le 22, rue de la Liberté), XIXème arrondissement

Le quartier s'urbanise dans les années 1920-1930 et les maisons de type Art déco commencent à poindre (photo ci-dessus). Chaque maison possède un ou deux étages à cause du terrain ; un jardinet avant et une cour à l'arrière.

Le quartier « de Mouzaïa » est une balade très agréable, très fleurie et où l'on croise des chats. Pas loin, vous pourrez faire une petite halte au parc des Buttes-Chaumont.

Des micros-quartiers

La butte Bergeyre

90, rue Georges Lardennois, XIXème arrondissement

Une fois votre halte au parc des Buttes-Chaumont terminée, jetez un œil sur la butte Bergeyre. Ce tout petit quartier se situe à l'ouest du parc et est accessible depuis un grand escalier rue Mannin ou rue Georges Lardennois. Dans cette dernière, vous croiserez de belles bâtisses comme au numéro 90 où se trouve une façade de type deauvillaise : des colombages et une frise de faïence en forme de damier.

Au rez-de-chaussée, une marquise de tuile abrite des animaux - pour avoir accès à ce détail, vous pouvez consulter la page consacrée aux animaux de compagnie dans l'architecture parisienne (dernière photo de la page).

19, rue Edgar Poe, XIXème arrondissement

Selon l'ouvrage de Dominique Détune et de Claudine Hourcadette, Paris. Promenades dans Belleville et Ménilmontant, le micro-quartier de la butte Bergeyre constitue la seule partie des Buttes-Chaumont à ne pas avoir intégré le parc lors de sa création dans les années 1860-1870.

Au début du XXème siècle, il n'y a pas encore d'habitation car il y a un parc d'attraction appelé les Folles Buttes. Je rappelle ici que nous sommes toujours sur une ancienne carrière de gypse et qu'il est impossible d'« haussmanniser » les logements.

En 1918, on inaugure un stade olympique (en 1924, Paris accueille les jeux olympiques) que l'on nomme stade Robert Bergeyre, rugbyman attiré par le projet mais mort lors de la première guerre mondiale.

Selon l'association des habitants de la butte Bergeyre, l'entretien du stade qui demande trop d'effort dû à l'instabilité du terrain mène à la démolition de l'infrastructure dès 1925.

À cette époque, nous sommes en crise du logement et des lotissements sont construits tel que l'immeuble de style Art déco que l'on voit sur la photo ci-dessus. Ici, point de commerce, juste des habitations à deux ou trois étages, un jardin partagé et un petit espace vert.

La butte Bergeyre est un tout petit îlot ; toutefois, la visite vaut le coup d’œil car située sur une butte, vous aurez une vue magnifique sur Paris et la butte Montmartre.

La cité Florale

Cité florale

Au sein de la cité Florale, dans le XIIIème arrondissement, vous trouverez une zone pavillonnaire dans laquelle règne une ambiance campagnarde.

Rue des Glycines, XIIIème arrondissement

Ce micro-quartier de forme triangulaire est situé dans le quartier dit de la Maison Blanche. Ici, les rues sont en partie pavées et elles portent des noms de fleurs.

Façade d'une maison, rue des Glycines, XIIIème arrondissement

On remarque la présence d'une abondante végétation sur les façades, balcons et entrées. Selon Hélène Hatte et de Valérie Rialland-Addach, Paris. Promenades dans le quartier des Gobelins et de la Butte-aux-Cailles, cet ensemble immobilier a été conçu entre 1925 et 1930 par la société Aédès sur un terrain ne pouvant supporter de lourds immeubles. Ceci explique la présence de maisons faites seulement sur un ou deux étages.

Rue des Volubilis, XIIIème arrondissement

Il faut savoir que tout près de ce micro-quartier se trouvait la Bièvre. Il s'agit d'un affluent de la Seine qui existe toujours en Île-de-France. La partie parisienne qui s'étendait dans les XIIIème et Vème arrondissement a été recouverte en 1912 suite à la grande crue de 1910 selon le site d'À Nous Paris, périodique de la RATP. Sur la Bièvre et son historique, vous pouvez consulter la page Wikipedia.

Cité Florale, XIIIème arrondissement

Le constructeur a essentiellement bâti des logements où dominent la brique et les couleurs pastel telles les photo ci-dessus et dessous.

Cité Florale, XIIIème arrondissement

La maison ci-dessus est de style Art Déco avec son ornementation de couleur verte. Nous sommes en plein milieu des années 1920.

La cité Florale est une balade agréable garantie située non loin de la Butte-aux-Cailles.

Le square des Peupliers

Entrée du square des Peupliers, XIIIème arrondissement

Nous sommes toujours dans le XIIIème arrondissement et plus particulièrement dans le tout petit micro-quartier du square des Peupliers. Les rues sont pavées et l'ensemble forme un triangle.

D'après Paris. Promenades dans le quartier des Gobelins et de la Butte-aux-Cailles, l’îlot a été conçu en 1926.

Square des Peupliers, XIIIème arrondissement

Les rues particulièrement étroites sont piétonnes et offrent un havre de paix et de tranquillité.

Square des Peupliers, XIIIème arrondissement

Tout comme les autres micro-quartiers, les maisons ne sont pas très hautes, plutôt colorées et présentent une abondante végétation qui est très agréable.

Rue du Moulin-des-Prés

90, rue du Moulin-des-Prés, XIIIème arrondissement

Lorsque vous quittez le square des Peupliers, vous tomberez directement sur la rue du Moulin-des-Prés.

Entre le numéro 74bis et le 92, vous pouvez observer un bloc de maisons en pierre meulière du même type que l'on a pu voir rue des Chablis dans le premier chapitre.

D'après Paris. Promenades dans le quartier des Gobelins et de la Butte-aux-Cailles, ces maisons étaient destinées aux employés et ouvriers de la Compagnie des chemins de fer métropolitain.

77, rue du Moulin-des-Prés, XIIIème arrondissement

Ces maisons auraient été construites en 1908 et conçues pour loger les meilleurs agents et ouvriers. On remarque que certaines façades se distinguent par un avant-corps et un toit à la Flandres comme la photo ci-dessus. Ici, la pierre côtoie la brique et de la céramique bleue vient égayer la façade.

Ici, nous sommes toujours dans le quartier de la Maison Blanche, dans l'ancien village de Gentilly où tout près passait la Bièvre.

Pavillons bourgeois

17, rue du Docteur Leray, XIIIème arrondissement

Poursuivons notre balade dans l'ancien village de Gentilly.

Entre la rue du Docteur Leray et la place Jean Delay, vous croiserez quelques curiosités comme la bâtisse représentée ci-dessus.

Ici, nous avons une version plus moderne du style normand sans oublier la petite fenêtre à pignon sous les combles. Cette œuvre daterait de 1921 selon l'ouvrage déjà moult cité sur ce quartier.

Rue Dieulafoy, XIIIème arrondissement

Dans la rue Dieulafoy, vous croiserez un lotissement de maisons de même structure et colorées. Ces maisons auraient été érigées pour abriter la classe moyenne des années 1920. Nous sommes entre la villa bourgeoise et le pavillon de banlieue.

Rue Dieulafoy, XIIIème arrondissement

Selon le site Web de l'atelier Martel (cabinet d'architectes qui aurait restauré l'une des maisons en 2013), ce lotissement aurait été construit en 1921 par Henri Trésal. La mission de l'architecte de l'époque aurait été de construire une juxtaposition de maisons répondant à l'intérieur à de nouvelles normes de confort pour une population relativement aisée.

Selon ce cabinet d'architectes, les différents propriétaires au cours du XXème siècle auraient modernisé et personnalisé leurs habitations sans perdre toutefois une certaine harmonie.

La photo ci-dessus présente des maisons de différentes couleurs certes, néanmoins, chaque façade possède une entrée avec une petite marquise, les fenêtres sont reproduites à l'identique, etc. On remarque que les toits réinterprètent de manière plus moderne les toits d'ardoise typiques du XVIIème siècle.

Un petit air de ressemblance ?

Rue Santos-Dumont, XVème arrondissement

En faisant mes recherches et au fil de mes découvertes, j'ai remarqué une certaine ressemblance entre la chic rue Dieulafoy et le lotissement plus modeste de la rue Santos-Dumont dans le XVème arrondissement. Les maisons sont dupliquées, présentent un toit d'ardoise et une petite marquise vient orner certaines entrées.

Il est probable que cet ensemble soit également d'Henri Trésal. Toutefois, les façades ne sont pas colorées et ne présentent pas de jardinet. Peut-être, est-ce le standing juste en-dessous de celui de la rue Dieulafoy ?

Quittons le XIIIème arrondissement pour le XVIIème arrondissement et plus précisément dans l'ancien village de Batignolles-Monceau, quartier des Épinettes.

22, cité des Fleurs, XVIIème arrondissement

Savez-vous qu'il existe une charmante allée qui relie la rue de la Jonquière à la rue Guy Moquet ?

D'après l'ouvrage de Pierre Faveton et Bernard Ladoux, Montmartre, Pigalle et la Nouvelle Athènes, la cité des Fleurs est une rue dont les maisons ne dépassent pas les trois étages.

Lorsque vous entrez dans la cité, vous quittez le tumulte de l'avenue de Clichy toute proche pour un lieu où respire le calme. De nombreuses maisons de style néogothique et surtout néo-renaissance (comme la photo ci-dessus) bordent cette allée de 320 mètres.

Stéphanie Nedjar dans l'œuvre collective Hameaux, villas et cités de Paris nous explique que cette rue est née d'une spéculation d'Adolphe Bacqueville de la Vasserie et de Jean Edmé Lhenry, deux propriétaires du quartier des Épinettes en 1847. L'objectif de ces propriétaires est de créer un cadre harmonieux entre les différentes maisons. Des normes sont créées : même hauteur, une parfaite symétrie, un jardin obligatoire qui doit obéir à un règlement bien précis (comme l'interdiction de secouer les tapis après 10 heures du matin).

29, cité des Fleurs, XVIIème arrondissement

Selon l'ouvrage Hameaux, villas et cités de Paris, on sait que le projet est également lié aux chemins de fer puisqu'à l'époque se trouvait la gare de marchandises des Batignolles.

Lors de sa création, la cité des Fleurs est une rue campagnarde (je vous recommande la page Wikipedia qui illustre le tableau d'Alfred Sisley qui y a peint un tableau). Même s'il est question de mixité sociale avec la présence de salariés des chemins de fer, les maisons présentent un certain standing. Le numéro 29 présente une riche façade de style néo-renaissance.

29, cité des Fleurs (détail), XVIIème arrondissement

Sur la façade, on remarque la présence de sculptures représentant des anges dans un décor végétal sous le balcon. À gauche, on voit un ange enlaçant une chèvre et à droite, un ange enlace un chien. Les fenêtres sont encadrées de frises et les toits sont en ardoise. Nous sommes face à un hôtel particulier typique du style néo-renaissance. Seuls de riches propriétaires pouvaient se permettre la construction de tels édifices.

33, cité des Fleurs, détail d'une façade, XVIIème arrondissement

La majorité des maisons sont de style néo-renaissance très XIXème siècle (photo ci-dessus), toutefois on trouve exceptionnellement quelques demeures des années 1910, 1920, 1940 et 1950.

42, cité des Fleurs, XVIIème arrondissement

La photo ci-dessus présente une façade blanche pourvue de décoration en mosaïque bleue. On est plus proche du style Art déco.

Pour finir sur les pavillons bourgeois, je vous emmène à Montmartre.

Villa Léandre, XVIIIème arrondissement

La villa Léandre est une petite impasse située à proximité de la très chic avenue Junot.

Cette impasse présente des maisons de différents styles majoritairement construites en brique.

Villa Léandre, détail d'une façade, XVIIIème arrondissement

La plupart des maisons sont à pignons et peuvent nous faire penser à des chalets ou à des maisons de style anglo-normand.

Selon le PLU, les maisons de cette villa datent de 1926 soit l'année de l'ouverture de la voie.