dimanche 16 janvier 2022

À LA DÉCOUVERTE DU PARIS FERROVIAIRE : Introduction et bibliographie


Quai de la gare de Lyon

Cette année, j'ai décidé de vous emmener en voyage de gare en gare et de chemins de fer reconvertis en lieux pédestres.

Le chemin de fer apparaît dans la capitale au XIXe siècle sous le règne de Louis Philippe dans les années 1830. Les gares, appelées alors embarcadères vont se développer tout au long du Second Empire, puis sous la IIIe République où s'achèvera notre voyage. Notre balade ferroviaire commence par un petit tour dans les gares : leur architecture, leur insertion dans le paysage parisien et l'influence des expositions universelles. Puis, le développement des premières lignes de chemins de fer dont la Petite Ceinture qui vont se développer avant l'arrivée du métropolitain au début du XXe siècle.

Durant ce voyage, j'évoquerai les gares dans leur ensemble : la gare de Lyon, la gare Saint-Lazare, la gare du Nord et de l'Est, l'ancienne gare d'Orsay…

Si vous espérez voir la gare Montparnasse, passez votre chemin. En effet, la gare Montparnasse, telle que nous la connaissons aujourd'hui, ne présente aucun vestige de la gare d'origine. Son style architectural est beaucoup trop moderne pour notre balade historique. Cette gare est tellement moderne que Dante Ferreri, décorateur de Martin Scorcese pour le film Hugo Cabret a dû reconstituer les scènes de la gare Montparnasse dans un studio à Londres selon Samuel Delziani dans son ouvrage Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France.

Quant à la gare d'Austerlitz, j'y ferai allusion ; toutefois, des travaux encore en cours ne m'ont pas permis de l'apprécier à l'intérieur.


Bibliographie

  • Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels, Clive LAMMING, Parigramme (1999)
  • Paris au temps des gares. Grandes et petites histoires d'une capitale ferroviaire, Clive LAMMING, Parigramme (2011)
  • Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France, Samuel DELZIANI, La Vie du Rail (2017)
  • Histoire de la gare du Nord. Au cœur de Paris, au carrefour de l'Europe, Patrick COGNASSON, éditions La Vie du Rail (2016)
  • La Gare d'Orsay, Gilles PLUM, Musée d'Orsay, éditions Nicolas Chaudun (2007)
  • Émile et Isaac Pereire. L'esprit d'entreprendre au XIXe siècle, Guy FARGETTE, l'Harmattan (2001)
  • Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine, (dir) Annie Collognat, Omnibus (2012)

Documentaires et émissions audiovisuelles :

  • Des Racines et des Ailes, « Paris au temps des gares », diffusé sur France 3 le 09/11/2011
  • Petite Ceinture – Petite Campagne, réalisé par François GODARD, Im'media'res et Forum des Images (1996)
  • Parigo#129 : « La Petite Ceinture, sur les voies d'hier, un rail nommé désir », Bertrand LAMBERT, France 3 Île-de-France (2021)
  • Parigo#95 : « Les Gares oubliées de Paris », Bertrand LAMBERT, France 3 Île-de-France (2019)

Sur Internet :

  • www.apur.org
  • www.petiteceinture-info.fr/
  • www.paris.fr/pages/la-petite-ceinture-et-ses-promenades-ecologiques-7855

Hormis les sites de la SNCF et de la REcyclerie, j'ai consulté la base Mérimée, le site Wikipedia (lorsqu'il cite les sources de la Vie du Rail) et la documentation du Hilton Paris Opéra à l'occasion d'une visite.

À LA DÉCOUVERTE DU PARIS FERROVIAIRE : Les gares parisiennes, cathédrales des temps modernes

Une façade académique

Parvis de la gare Saint-Lazare

Dans ce chapitre, on verra que les gares parisiennes présentent un style très classique comme on peut le voir sur la photo ci-dessus : des arcs, des pilastres corinthiens, une horloge au centre (avec le symbole de Paris au-dessus). On va voir aussi que les gares intéressent les artistes. Ici, on aperçoit à droite de la photo la sculpture aux horloges, l'Heure de tous d'Arman. De ces gares vont apparaître des hôtels, des restaurants et des trains devenus mythiques.


En voiture !

Une façade en pierre et l'arrière en fer

Façade de la gare du Nord

La gare du Nord est l'une des plus anciennes gares de Paris (1846), même si la gare que nous connaissons aujourd'hui correspond à celle reconstruite en 1864. C'est par l'intermédiaire du baron James de Rothschild que la Compagnie du Nord fait appel à l'architecte d'origine allemande Jacques Ignace Hittorf pour sa reconstruction nous explique Clive Lamming dans son œuvre Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels.

À cette époque l'architecte est un artiste connu. On lui doit notamment le cirque d'Hiver ou l'église Saint-Vincent-de-Paul.


Détail de la façade de la gare du Nord

La gare du Nord présente un style néoclassique avec sa grande verrière, ses statues au centre, des pilastres ioniques comme on peut le voir ci-dessus et des colonnes doriques entre les fenêtres comme celles représentées ci-dessous.


Détail d'une galerie de la gare du Nord

La gare du Nord a la particularité de présenter de nombreux détails comme des antéfixes (décorations que l'on trouve sur ses toits), des rosaces et des petites têtes de lion.


Arrière de la gare du Nord avec son pavillon décoré d'antéfixes

Autre aspect de la gare : ses arcs très académiques. La gare est très vite critiquée lors de sa création nous précise Clive Lamming dans son ouvrage précédemment cité. On pense plus à une œuvre architecturale qu'à un lieu fonctionnel.



Intérieur de la gare du Nord

Et à l'intérieur ? La gare du Nord bénéficie du savoir faire écossais de l'époque avec ses charpentes en fer et en fonte comme nous le montre la photo ci-dessus.


Quai de la gare du Nord

Les quais sont recouverts d'un toit pentu en métal. La grande halle est conçue selon le système dit « de Polonceau », c'est-à-dire que le toit est maintenu par de fines charpentes métalliques – ce qui est nouveau au XIXe siècle.

Au fil du temps, la gare du Nord va connaître plusieurs agrandissements car le nombre de voyageurs augmente. Aujourd'hui la gare du Nord est la 3e gare la plus empruntée au monde nous précise l'ouvrage de Patrick Cognasson, Histoire de la gare du Nord.

Quel que soit la gare, il est important de masquer le fer relégué toujours à l'arrière par de la pierre en façade et ce, afin de ne pas heurter les Parisiens.

Les gares, témoins des évolutions des styles architecturaux


Gare de l'Est de Duquesney

Les gares vont être agrandies du fait de l'augmentation du trafic voyageurs. Ce qui va donner l'occasion aux architectes de moderniser les gares.

La gare de l'Est, anciennement appelée gare de Strasbourg, a été conçue dans les années 1850 par François-Alexandre Duquesney selon Clive Lamming dans son ouvrage Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels. L'embarcadère est alors inauguré par l'empereur Napoléon III.

Sur la façade, la ville de Strasbourg est représentée par une sculpture au sommet de son toit. C'est la gare qui dessert l'Alsace-Lorraine, régions que la France va perdre entre 1870 et 1918.



Gare de l'Est agrandie

Très vite, la gare va voir son nombre de voyageurs augmenter. La Compagnie des Chemins de Fer de l'Est agrandit la gare. Afin de conserver sa symétrie, l’architecte Albert Descubes double la façade en 1931. À la tête de son toit, la ville de Verdun – la première guerre mondiale est passée par là – y est représentée.


Intérieur de la gare

À l'intérieur, on a conservé un style académique ; néanmoins, on observe une horloge de style Art déco.


La gare de l'Est, côté rue d'Alsace

Côté rue d'Alsace, on retrouve des colonnes géométriques avec des vitraux verticaux au centre chers à l'Art déco. La façade et la marquise sont de couleur verte, couleur apparue dans l'architecture depuis l'Art nouveau dès 1900.

Dans son œuvre Paris au temps des gares. Grandes et petites histoires d'une capitale ferroviaire, Clive Lamming nous explique qu'à travers son architecture plus moderne et des destinations qui évoluent (la gare dessert désormais les stations de ski des Vosges), la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est souhaite donner une autre image de la gare et ne plus l'associer à la Grande Guerre.


Figures mythologiques et symboles des villes desservies

Détail de la façade du musée d'Orsay

L'académisme dans les gares parisiennes va se traduire par une présence particulière de symboles et d'allégories sur les façades.

La photo ci-dessus représente une porte de l'une des façades de l'ancienne gare d'Orsay qui abrite aujourd'hui le célèbre musée.

Victor Laloux son architecte construit en 1900 un édifice éclectique pour la Compagnie des Chemins de Fer d'Orléans (qui possède déjà la gare d'Orléans qui deviendra plus tard, la gare d'Austerlitz). Les initiales « PO » qui signifient « Paris – Orléans » figurent aux côtés d'une horloge décorée de guirlandes sculptées.

Au-dessus de la porte, on observe un lion et juste en dessous du félin, on observe une sorte de caducée.

Selon le Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine, le caducée serait un attribut d'Hermès (ou de Mercure) qui veille sur les voyageurs pendant leurs transports.


Hermès à la gare de Lyon

À la gare de Lyon, c'est sous la forme d'un jeune homme imberbe pourvu d'un casque ailé qu'Hermès est représenté.


Neptune à la gare du Nord

Entre deux colonnes ioniques de la gare du Nord, on découvre le portrait de Neptune (ou Poséidon). Le Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine évoque un homme barbu aux cheveux bouclés. À la gauche du portrait on reconnaît le trident cher au dieu de la mer. N'oublions pas que la gare du Nord dessert notamment les villes qui bordent la mer du Nord.



Détail de la façade de la gare d'Austerlitz

Les façades des gares nous montrent aussi des allégories comme celle de l'Industrie présente sur la façade de la gare d'Austerlitz comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.

Selon la base Mérimée, la gare d'Austerlitz que l'on connaît aujourd'hui date des années 1860 et a été édifiée par un certain Paul-Louis Renaud. Sur la façade on aperçoit notamment l'Industrie. Son sculpteur, Élias Robert conçoit une figure allégorique représentée par un personnage féminin qui porte une amphore à sa gauche tandis que sa main droite est posée sur une locomotive.

Malgré une façade marquée par la pollution, la gare d'Austerlitz est classée Monument Historique nous précise la base Mérimée.



Statues de la gare du Nord

Patrick Cognasson dans son Histoire de la gare du Nord comptabilise pas moins de 23 statues qui incarnent les villes desservies par la gare du Nord. Pour cela, l'architecte Hittorf va faire appel à de nombreux artistes reconnus à l'époque. La photo ci-dessus nous montre une représentation de la ville de Douai et de Dunkerque signées Gustave Crauk.


Statues de la gare du Nord

La photo ci-dessus nous montre la représentation de Berlin par le sculpteur Jean-Joseph Perraud et Cologne – ville de naissance de Jacques Ignace Hittorf – par Mathurin Moreau.

L'auteur de l'Histoire de la gare du Nord nous précise que les villes françaises sont représentées à l'étage inférieur tandis que les villes européennes sont situées à l'étage supérieure.



Blason à la gare de l'Est

À la gare de l'Est, c'est à travers les blasons que sont représentées les villes desservies par cet embarcadère comme ici Sedan avec son sanglier (photo ci-dessus) ou bien Reims avec ses feuilles de laurier (photo ci-dessous).


Blason à la gare de l'Est

Chaque ville représentée à la gare de l'Est possède sa couronne en forme de rempart médiéval avec ses feuilles de chêne et son laurier qui rappellent le blason de la Ville de Paris mais sans le bateau.


Autre manière de représenter les villes desservies dans les gares : la fresque.

Fresque représentant Monte-Carlo à la gare de Lyon

À l'intérieur de la gare de Lyon, on peut admirer des fresques peintes.


Selon Le Petit inventaire des gares en Île-de-France, de Samuel Delziani, cette fresque serait en partie l'œuvre de Jean-Baptiste Olive. Le site https://patrimoine.sncf.com/galerie-des-fresques/ nous apprend que le peintre a représenté les villes desservies par le train qui reliait Paris à Menton.



Fresque représentant Marseille à la gare de Lyon

Le site consacré au patrimoine de la SNCF nous apprend que les fresques viennent embellir une salle des pas perdus ouverte en 1907. Cette galerie abrite aujourd'hui divers commerces (parfumeries, épiceries fines etc.). Il faut savoir qu'en 1907, on y trouvait déjà des fleuristes ou des cireurs de chaussures. En somme, des lieux de consommation avant de prendre son train.


Fresque représentant Auxerre à la gare de Lyon

Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France nous indique que la fresque s'agrandit en 1981 avec l'ajout d'autres villes suite à une commande de la SNCF. Des villes comme Auxerre ou Autun peintes par un certain Jean-Paul Letellier complètent la fresque existante.


Fresque représentant Autun à la gare de Lyon

La gare de Lyon n'est pas la seule gare à posséder ses fresques.


Représentation de la ville de Caen à la gare Saint-Lazare

En effet, la gare Saint-Lazare possède son lot de verreries qui représentent les villes desservies par la gare.


La gare Saint- Lazare est l'une des plus anciennes de Paris puisque le 1er embarcadère inauguré par la reine Amélie date des années 1830 sur l'actuelle place de l'Europe. Le roi Louis Philippe fait appel aux frères Pereire, des entrepreneurs qui vont investir et superviser les travaux de la gare qui appartient alors à la Compagnie des Chemins de Fer de l'Ouest. Dans son ouvrage Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels, Clive Lamming nous apprend que la gare va être déplacée dans les années 1850 avant d'être agrandie dans les années 1880 par l'architecte Juste Lisch.


Représentation de la ville de Rouen à la gare Saint-Lazare

Pourtant les verreries que l'on voit ont été ajoutées seulement en 1930 et sont l'œuvre d'un certain Charles Sarteur nous précise Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France de Samuel Delziani. Charles Sarteur est un cheminot, artiste à ses heures qui peint sur verre les villes desservies par la gare Saint-Lazare avec leur monument emblématique comme on peut le voir par exemple sur la photo ci-dessus Rouen et son Gros Horloge.



Représentation de la ville de New-York à la gare Saint-Lazare

On retrouve les grandes villes de Normandie (la compagnie des chemins de fer de l'Ouest dessert essentiellement cette région) mais aussi New-York puisqu'on partait de la gare Saint-Lazare pour prendre le bateau au Havre pour aller aux États-Unis.



Représentation de la ville de Saint-Germain-en-Laye à la gare Saint-Lazare

En outre, on remarque la présence de la ville de Saint-Germain-en-Laye.

Le choix de la ville des Yvelines n'est peut être pas un hasard car le 1er trajet inauguré en grandes pompes était un parcours Paris – Le Pecq – Saint-Germain-en-Laye nous dit Guy Fargette dans son œuvre Émile et Isaac Pereire. L'esprit d'entreprise au XIXe siècle.


La Gare, vitrine des prouesses techniques

Portrait de Denis Papin à la gare du Nord

Dès leur conception, les gares doivent correspondre à des normes : être suffisamment proches des voyageurs tout en limitant les nuisances (pollution sonore et vapeur à l'époque) et doivent constituer une vitrine de la compagnie nous précise Guy Fargette dans son ouvrage sur les frères Pereire.

Mettre en avant le savoir-faire technique

Du côté de la rue de Maubeuge, on remarque sur les murs de la gare du Nord la présence de Denis Papin et de James Watt représentés en médaillon sur un fronton.


Portrait de James Watt à la gare du Nord

Denis Papin crée la machine à vapeur et James Watt la perfectionne. Leurs travaux ont eu un impact sur la première révolution industrielle et l'émergence du chemin de fer.

Selon Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France, la gare du Nord rend ainsi hommage à ces illustres inventeurs.


Le rôle de l'exposition universelle de 1900

En 1900, on organise une Exposition Universelle à Paris. Deux grandes gares vont émerger : la gare d'Orsay et la gare de Lyon.

La gare d'Orsay


Façade de l'ancienne gare d'Orsay

Dans son ouvrage intitulé La Gare d'Orsay, Gilles Plum nous apprend que La Compagnie des Chemins de Fer de Paris – Orléans souhaite édifier une gare à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900. Pour cela, la compagnie demande à Victor Laloux de concevoir un lieu qui doit être une vitrine de Paris et ainsi accueillir de nombreux visiteurs (environ 50 millions selon Des Racines et des Ailes).

L'adresse n'a pas été choisie au hasard. La Ville de Paris donne son accord pour ériger l'embarcadère au quai d'Orsay afin de permettre aux visiteurs de se rendre directement sur les lieux des festivités c'est-à-dire autour du Grand Palais conçu également pour l'occasion. Auparavant, le lieu était occupé par la Cour des Comptes qui était devenu un lieu de ruines depuis la Commune de 1871.


Façade de l'ancienne gare d'Orsay vue depuis les quais de Seine

Le quai d'Orsay est également un lieu stratégique car situé plus ou moins dans le centre de Paris et surtout dans les beaux quartiers : face aux Tuileries, quasiment en face du Louvre et entouré des très chics hôtels particuliers.

Entrée de l'ancienne gare d'Orsay

L'architecte érige une gare monumentale qui reflète le style de son époque, c'est-à-dire, un édifice en pierre doté de sculptures, de larges verrières, des marquises pour se protéger de la pluie lorsque l'on quitte sa voiture, l'intérieur en fer, etc. Le but est de construire un véritable palais ferroviaire qui en met plein la vue.


L'ancienne gare d'Orsay

La photo ci-dessus nous montre que l'ancienne gare d'Orsay est pourvue d'une halle à la hauteur exceptionnelle et de forme plus arrondie qui diffère de ses contemporaines.



Détail de la voûte avec le symbole de Paris au centre


Pour préserver ce raffinement et éviter la pollution, on conçoit des trains électriques que l'on préfère à la vapeur.


Horloge de la gare

Ainsi, la gare d'Orsay a pu conserver le riche décor de la voûte et surtout l'horloge d'origine que l'on peut encore admirer au musée.



Couloir en fer


La structure métallique de la gare nous fait penser au « style Eiffel » comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.



Salle des fêtes

Autre nouveauté, Victor Laloux fait construire un hôtel pourvu de 320 chambres précise Alice Thomine-Berrada conservatrice du musée d'Orsay*. On y crée une salle des fêtes – encore visible aujourd'hui au premier étage du musée – érigée dans un style baroque. Comme nous sommes à l'époque de l'éclectisme, on remarque la présence de nombreuses guirlandes chères au néo-classicisme ainsi que de nombreux lustres – qui éclairent à l'électricité, une nouveauté à l'époque – et pléthore de dorures.


Plafond de la salle des fêtes

La salle est décorée de peintures au plafond dont le Char d'Apollon (photo ci-dessus), œuvre d'un certain Pierre Fritel nous précise Gilles Plum dans son ouvrage consacré à la gare d'Orsay.

En outre, la gare d'Orsay aurait été une source d'inspiration pour la gare de Grand Central terminal de New-York en 1913 selon Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France de Samuel Delziani.

Dès 1939, la gare d'Orsay devient trop petite face à l'augmentation du trafic et du nombre de voyageurs. Compte tenu de sa situation géographique, la gare ne peut être agrandie et la Compagnie de Chemin de Fer de Paris – Orléans préfère se concentrer sur la gare d'Austerlitz. Ceci a pour conséquence la fermeture de la gare d'Orsay.

Après avoir abrité un parking, une salle de spectacle, la gare d'Orsay est classée Monument Historique. Puis, le président Valéry Giscard d'Estaing décide d'en faire un musée.


* « Des Racines et des Ailes », diffusé le 09/11/2011.


La gare de Lyon

Autre gare crée à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1900, la gare de Lyon.


La gare de Lyon depuis son parvis


La gare de Lyon, qui appartient à l'origine à la Compagnie Paris – Lyon – Méditerranée (PLM) dessert la très chic Côte d'Azur mais aussi les stations de ski, puis la Suisse et l'Italie.

Tout comme la gare du Nord, la gare de Lyon va connaître des transformations dès son ouverture en 1849 nous précise Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France. La façade que l'on voit date de la toute fin des années 1890 et est l'œuvre de Marius Toudoire selon l'ouvrage de Clive Lamming Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels.

On y trouve des arcs, de nombreuses sculptures et surtout sa tour de l'Horloge.


Tour de l'Horloge, gare de Lyon

« On reconnaît une gare parce qu'il y a une horloge » nous dit Clive Limming*. Impossible de passer à côté de la tour de l'Horloge de la gare de Lyon tant elle nous rappelle Big Ben ou à un beffroi que l'on va retrouver dans beaucoup de gares françaises dans le premier quart du XXe siècle comme Rouen ou Metz.

La tour de l'Horloge est pourvue de quatre cadrans qui s'illuminent la nuit.


Détail de la tour de l'Horloge


Ce qui est remarquable sur cette tour est notamment la présence d'une fenêtre richement sculptée. Sous cette fenêtre pourvue d'un balcon, une sirène est représentée nichée sous un coquillage. La créature mythologique tient dans une main un filet de pêche. Selon le Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine, la sirène vit dans la mer Méditerranée. Ce n'est pas un hasard puisque la gare de Lyon dessert les villes qui bordent la Méditerranée nous précise l'ouvrage Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels de Clive Lamming.


* « Des Racines et des Ailes », diffusé le 09/11/2011.


Trains mythiques, hôtels et restaurants

Locomotive de l'Orient Express

Dès 1883, la gare de l'Est va abriter le célèbre Orient-Express.

Ce train est dû à l'initiative d'un certain Georges Nagelmackers selon l'ouvrage de Clive Limming Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels fondateur de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits (CWL). L'objectif est de réaliser un trajet Paris – Constantinople (aujourd'hui Istanbul) en moins de deux semaines dans un train de luxe conçu comme un hôtel.

Détail d'une voiture Pullman

Selon le site de la SNCF, l'industriel s'inspire des trains Pullman américains appelés « sleeping cars » en les améliorant notamment en créant un espace d'intimité.



Lavabo privatif

La clientèle visée est aisée et tout est prévu pour rendre le voyage le plus confortable possible. Les serviettes de toilettes et la vaisselle arborent le monogramme de la compagnie, les clients ont le chauffage et dorment dans des draps de soie.


Bar de l'Orient Express

Toujours selon le site de la SNCF, la CWL fait appel aux décorateurs René Lalique et René Prou pour embellir les trains dans un style totalement Art déco.


Siège et table basse

L'Orient Express va être popularisé par la littérature avec Agatha Christie dans l'entre-deux-guerres puis va décliner petit à petit après la seconde guerre mondiale jusqu'à effectuer son dernier trajet en 1977.


Restaurant le Wagon Bleu

De nos jours, il existe un train privé, le Nostalgie Orient-Express qui propose des prestations toujours destiné à une clientèle aisée. Néanmoins, on peut toujours s'offrir un repas dans une ancienne voiture du mythique train au restaurant Wagon bleu situé au 7, rue Boursault dans le XVIIe arrondissement (photo ci-dessus).



Porte située au 1er étage de la gare Saint-Lazare

Quittons la gare de l'Est et retournons à la gare Saint-Lazare où l'on remarque la présence d'une simple porte visiblement toujours fermée qui sert de support publicitaire. Au-dessus de cette porte, on peut lire l'inscription « Hôtel Terminus ».



Entrée du Hilton Paris Opéra

Juste à coté de la gare Saint-Lazare, au 108, rue Saint-Lazare plus précisément, il y a bien un hôtel, en l'occurrence le Hilton Paris Opéra, auparavant appelé « Terminus ». La façade, très haussmannienne présente des portes en forme d'arcade, une large marquise et des pilastres corinthiens. Le nom d'origine de l'« Hôtel Terminus » est inscrit au-dessus de la marquise. Au-dessus du 3e étage, on remarque la présence des lettres « H et T » entre deux visages grotesques. Enfin, on aperçoit au dernier étage les dates 1888 et 1889 qui nous donnent une indication sur la date de conception de l'hôtel.



Passerelle, cour de Rome

Selon Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France de Samuel Delziani l'architecte Juste Lisch construisit en 1889 un hôtel pour abriter les Anglais et les Américains qui venaient voir l'Exposition Universelle de 1889. Cet hôtel jouxte la gare Saint-Lazare afin de permettre aux clients de traverser la passerelle depuis la salle des pas perdus jusqu'à l'hôtel. Ceci explique la présence de la porte définitivement fermée et de la passerelle (photo ci-dessus) encore visible aujourd'hui mais fermée au public.


Intérieur du Hilton Paris Opéra

L'intérieur de l'hôtel est somptueusement décoré : beaucoup de dorures, des colonnes en granite, des lustres… Entre chaque arcade, on remarque la présence d'anges, tous vus de face sauf un qui nous tourne le dos (à droite du lustre sur la photo ci-dessus). Le peintre, un certain Charles-Joseph Lameire, l'aurait fait exprès pour exprimer un désaccord sur sa rémunération nous dit la documentation du Hilton.


Salon Baccarat du Hilton Paris Opéra

Aujourd'hui on peut encore admirer des lustres Baccarat (photo ci-dessus).

Dès sa conception, l'hôtel a abrité des célébrités telles que Maria Callas, Georges Feydeau ou encore Claude Monet qui avait l'habitude de faire des allers-retours Giverny-Paris. Ce dernier en a profité pour peindre la gare Saint-Lazare que vous pouvez admirer aujourd'hui au musée d'Orsay.

L'hôtel Hilton Paris Opéra est classé Monument Historique.


Quittons la gare Saint-Lazare pour retourner à la gare de Lyon.



Restaurant Le Train Bleu

La gare de Lyon que l'on connaît aujourd'hui a été conçue par Marius Toudoire à la fin des années 1890 pour la grande Exposition Universelle de 1900. L'architecte en profite pour y installer un restaurant au décor luxueux comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.



Peinture du Train bleu

Avec ses dorures, ses moulures et ses tableaux sur les murs et surtout au plafond, le Train Bleu est un chef-d'œuvre de style néo-baroque et Belle époque que l'on va retrouver notamment au Grand Palais, au Petit Palais ou sur le pont Alexandre III que l'on conçoit en même temps pour le grand événement.


Lustre du Train Bleu

Selon Clive Lamming dans son ouvrage Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels le restaurant – qui s'appelle alors Buffet de la gare – est doté d'un somptueux plafond édifié par Guillaume Dubufe et Gaston-Casimir Saint-Pierre. Les décorateurs ornent ce plafond avec des lustres.


Détail

Sur les murs, on y voit des représentations des villes desservies par la gare telle que Saint-Honorat par Jean-Baptiste Olive (photo ci-dessus).

Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France précise qu'en 1963, le Buffet de la gare devient le Train Bleu en hommage à un ancien train de luxe des années 1920 qui reliait la capitale à la Côte d'Azur. Un train qu'a certainement dû emprunter Agatha Christie pour écrire son roman éponyme !

Certaines salles du restaurant sont classées Monument Historique à la demande d'André Malraux.


Initiales PLM

Pour finir sur le Train Bleu, on y trouve l'un des rares témoignages du nom de l'ancienne compagnie « PLM ».


Qu'en est-il aujourd'hui des buffets de gare ?

Les restaurants et hôtels édifiés lors de la conception des gares ont toujours été vus comme des lieux de prestige et comme une vitrine lors d'événements internationaux. Avec les années, les hôtels vont fermer, c'est le cas par exemple de l'hôtel de la gare d'Orsay en 1973. De nos jours, l'Hôtel Terminus ne joue plus son rôle de cordon ombilical avec la gare Saint-Lazare – qui appartient désormais à la SNCF.

Pendant longtemps, les sandwicheries et autres fast-foods sont venus envahir les gares. Toutefois, on constate depuis ces dernières années un retour des buffets de qualité qui attirent des chefs étoilés comme Thierry Marx à la Gare du Nord ou Éric Fréchon à la gare Saint-Lazare.


Les gares en temps de guerre

Pour clore ce voyage de gare en gare, je voulais terminer sur le rôle qu'on joué les gares pendant les guerres et les vestiges que l'on peut encore trouver de nos jours.


Monument aux mort, gare d'Austerlitz

Chaque gare à son monument aux morts comme on peut le voir sur la photo ci-dessus en gare d'Austerlitz.



Station Denfert Rochereau

Clive Lamming dans Paris ferroviaire. Gares. Lignes oubliées. Trains célèbres. Curiosités. Dépôts. Matériels nous précise que la gare de Denfert Rochereau qui est en fait plus une station qu'une gare va devenir pendant la Seconde Guerre mondiale un embarcadère grandes lignes pour éviter les risques de bombardements.


Le départ d'un train de mobilisation à la gare de l'Est en 1914

La gare qui laisse le plus de traces des deux guerres mondiales est la gare de l'Est puisque c'est depuis cette gare que vont partir les poilus en 1914, puis les soldats en 1939.

Le tableau que l'on voit à la gare de l'Est sur le hall des départs, intitulé Le départ d'un train de mobilisation à la gare de l'Est en 1914 (ou Le départ des poilus) est l'œuvre du peintre américain Albert Herter et date de 1926. Selon Le Petit Inventaire des gares en Île-de-France de Samuel Delziani, le tableau représente les soldats sur le départ en 1914. Si les poilus manifestent un certain enthousiasme ou tout simplement une détermination, les personnages restés à quai ont le regard plus triste.

Le peintre évoque une page de sa vie personnelle car il représente son fils (le personnage central qui porte la fleur au bout du fusil), mort pendant la Grande guerre. Le peintre est représenté à droite du tableau (le personnage qui tient un bouquet de fleurs déjà en deuil) en face de son épouse vêtue de blanc.

Clive Lamming dans son ouvrage précédemment cité ajoute que ce tableau a été précieusement caché sous l'Occupation dans les réserves du Musée d'Art moderne.


Pour clore ce chapitre sur la guerre, il faut savoir que la gare de l'Est conserve un bunker construit en 1939. Selon Samuel Delziani dans son inventaire, les Allemands vont achever l'installation et l'utiliser pendant toute la période de l'Occupation. Situé entre les voies 3 et 4, cet espace de 120m² peut « accueillir » jusqu'à 70 personnes. Resté intact, il n'est pas ouvert à la visite.