Pour ce deuxième trimestre, je vous propose de faire un tour dans les écoles primaires républicaines qui font encore partie du paysage parisien. Commençons par un petit détour historique avant d'aborder l'école de la République.
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Façade de l'école de la rue Saint-Louis-en-l'Île, IVe arrondissement |
Les écoles avant la IIIe République
L'essentiel de la documentation que j'ai trouvée sur l'histoire des écoles et leur architecture vient de l'ouvrage d'Anne-Marie Châtelet, architecte et historienne de l'architecture, intitulé La naissance de l'architecture scolaire. Les écoles élémentaires parisiennes de 1870 à 1914.
Une affaire de clergé
Comme on a pu le voir avec la Sorbonne et les lycées historiques en première partie, l'enseignement est souvent lié au clergé. Il n'existe pas de lieu spécifique à l'enseignement. On peut aussi bien enseigner dehors que chez le professeur. L'enseignement se réalise parfois dans des conditions difficiles et les disparités sociales sont flagrantes. À Paris, par exemple, on va construite plus d'écoles à l'est et au nord et plus spécifiquement dans les quartiers ouvriers, qu'à l'ouest où les élèves ont souvent un précepteur ou fréquentent les écoles privées, plus d'écoles de garçons que de filles, etc.
Au lendemain de la Révolution française, l'État va se mêler d'éducation. L'église va cependant laisser quelques traces.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, l'école du 21, rue Saint-Louis-en-l'Île est juxtaposée à l'église Saint-Louis. Une église à proximité, c'est toujours utile pour la morale.
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École du 15-17-19, rue de l'Arbre Sec, Ier arrondissement |
Quant à la photo ci-dessus, on voit que l'école dont l'architecture présente un fronton et des pilastres ioniques et canelés est une ancienne école catholique rachetée par la Ville de Paris. Selon Anne-Marie Châtelet, l'édifice aurait été construit par Jacques Ignace Hittorf dans les années 1860. Cet architecte qui a déjà construit à cette époque le Cirque d'Hiver et qui prépare la gare du Nord est plus que reconnu à Paris.
Le fronton présente un portrait de la Vierge à l'enfant. Le style est classique, sophistiqué et se range bien dans l'esprit du Paris haussmannien.
La loi Guizot de 1833
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8, rue Robert Estienne, Paris VIIIe arrondissement |
Sous la Monarchie de Juillet en 1833, on vote une loi qui prévoit un lieu dédié à l'enseignement et l'obligation pour les communes d'entretenir ce lieu. Même si la scolarité est payante, essentiellement masculine et non-obligatoire, il est néanmoins prévu que les plus indigents bénéficient d'une certaine gratuité.
Les lois Jules Ferry
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Buste de Jules Ferry, école du 1, rue du Général Camou, VIIe arrondissement |
Entre 1870 et 1914, nous précise Anne-Marie Châtelet, la population augmente et il faut construire des écoles. Sous le Second Empire, l'école n'est pas du tout une préoccupation haussmannienne. Les lois de Jules Ferry sur l'obligation et la gratuité scolaire dès 1882 vont demander à l'État des efforts incommensurables pour construire des édifices. Alors que les immeubles haussmanniens sont construits en pierre de taille, les écoles érigées sont de moindre qualité.
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40, rue Madame, VIe arrondissement |
L'école construite en 1907 que l'on voit sur la photo ci-dessus est l'exemple type des écoles de la IIIe République réalisée avec des matériaux comme la brique qui ne coûte pas cher.
Caractéristiques des écoles primaires de 1870 aux années 1930
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École du 6, rue Saint-Germain-L'Auxerrois, Ier arrondissement |
De nombreuses écoles se ressemblent. On reconnaît facilement une école comme celle représentée ci-dessus qui date de 1909. À quoi reconnaissons-nous une école ?
Les symboles républicains
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Lycée technique du 35, rue des Bourdonnais, Ier arrondissement |
Pendant la décennie 1880-1890, on va construire une grande partie du patrimoine scolaire parisien et ce, afin de mettre en application les lois de Jules Ferry.
Parmi les principales caractéristiques, on trouve systématiquement les symboles républicains. « République Française » est présent sur toutes les façades comme on peut le voir sur la photo ci-dessus qui représente une ancienne école primaire, devenue lycée par la suite construite en 1874.
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59, rue de Romainville, XIXe arrondissement |
Le triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité » cher aux valeurs républicaines est présent sur toutes les façades des écoles comme on peut le voir sur la photo ci-dessus. Sur la façade de cette école construite en 1914, les lettres sont mises en relief pour bien mettre en avant ces valeurs.
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9, rue Popincourt, XIe arrondissement |
Autre caractéristique des écoles républicaines, la présence de drapeaux comme sur cette école maternelle construite en 1880 : le drapeau tricolore symbole officiel depuis la IIIe République. Plus récemment, le drapeau européen a été ajouté.
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33, rue Saint-Bernard, XIe arrondissement |
Autre caractéristique des écoles parisiennes, le symbole de Paris. Parmi l'ensemble des établissements scolaires observés, le symbole de la capitale — avec son bateau, sa devise Fluctuat nec Mergitur (il est battu par les flots mais ne sombre pas), ses fleurs de lys, ses branches de chêne et de laurier — est souvent représenté sculpté comme on peut le voir sur la photo ci-dessus. Toutefois, le symbole de Paris va être parfois conçu avec une certaine sophistication par quelques architectes malgré un budget limité.
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Symbole de Paris, actuel lycée Paul Bert, 5-7, rue Huygens, XIVe arrondissement |
Entre 1895 et 1897, l'État fait appel aux architectes Joseph-Antoine Bouvard et Paul Héneux pour construire une école de filles.
Ici, le symbole de Paris est bien mis en valeur : le bateau est bombé et coloré (tout comme l'année de construction). Les classiques branches de chêne et de lierre sont remplacées par de magnifiques roses.
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Symbole républicain du lycée Paul Bert |
Autre détail de l'actuel lycée Paul Bert, les lettres « RF » pour « République Française » sont aussi colorées et bombées avec sa ruche qui incarne le travail.
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Symbole de Paris, 56, avenue Claude Vellefaux, Xe arrondissement |
D'autres symboles, plus discrets, ont retenu mon attention, notamment celui de l'école située au 56, rue Vellefaux dans le Xe arrondissement. Cette école aurait été bâtie en 1890 par un certain Pierron nous précise Anne-Marie Châtelet. L'architecte a conçu un symbole de Paris en mosaïque essentiellement bleue. Ce type de représentation est assez rare à Paris.
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Symbole de Paris, actuel collège Berlioz, XVIIIe arrondissement |
L'ancienne école de garçons construite en 1913 et située au 17, rue Georgette Agutte dans le XVIIIe arrondissement vaut le détour avec sa mosaïque bleu - blanc - rouge et ses fleurs de lys.
Portes et frontons
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Porte de l'actuel collège Paul Bert, XIVe arrondissement |
La taille des portes d'entrées des écoles parisiennes est la même que celle des portes cochères de l'époque. L'ancienne école devenue collège Paul Bert située au 5-7, rue Huygens dans le XIVe arrondissement présente une porte d'entrée imposante et austère de style dorique.
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12, rue Dussoubs, IIe arrondissement |
Même si la pensée rationaliste l'emporte, on trouve parfois de jolies portes comme celle de l'école située au 12, rue Dussoubs dans le IIe arrondissement. Cette école aurait été érigée en 1909 par un certain M. André. On remarque la présence d'une grille devant la porte, ce qui est assez inhabituel pour une entrée d'école maternelle.
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24, rue Delhambre, XIVe arrondissement |
Autre caractéristique des écoles républicaines, la séparation des filles et des garçons. L'inscription « école de filles » ou « école de garçons » apparaît souvent au-dessus de chaque porte d'entrée. Parfois la mention est marquée d'un motif ou juste d'un fronton. Cette séparation — y compris pendant la récréation — est une volonté ministérielle tout au long du XIXe siècle, nous signale Anne-Marie Châtelet.
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14, rue Eblé, VIIe arrondissement |
Certaines écoles de filles sont juxtaposées à une école maternelle comme celle que l'on voit sur la photo ci-dessus qui daterait de 1869. Je n'ai pas pu voir la totalité des groupes scolaires — un groupe scolaire est constitué d'une école de fille, d'une école de garçon et d'une école maternelle — mais je n'ai trouvé aucune école de garçon collée à une école maternelle.
Inspiration du cloître et des hôtels particuliers
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56, avenue Claude Vellefaux, Xe arrondissement |
Au XIXe siècle, pour construire des écoles, on va s'inspirer du cloître à travers la cour de récréation avec la présence notamment d'un préau. Toutefois, on ne cessera de s'arranger pour laïciser le lieu. En outre, les classes sont situées en hauteur pour éviter que les élèves soient déconcentrés par ce qu'il se passe dans la rue comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.
Enfin, on retrouve également la forme en « U » des hôtels particuliers. L'inspiration de l'hôtel particulier va perdurer jusque dans les années 1930, nous précise Anne-Marie Châtelet.
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Plaque commémorative, école du 33, rue Saint-Bernard, XIe arrondissement |
Avez-vous remarqué la présence de cette plaque commémorative sur les façades des écoles ? Selon le site Internet de la Ville de Paris, depuis l'an 2000, on appose une plaque qui rappelle que des enfants qui fréquentaient l'école ont été déportés de 1942 à 1944. Il y aurait 391 plaques posées sur 384 écoles nous précise la mairie de Paris.
Pour finir sur les caractéristiques des écoles républicaines parisiennes, les écoles ne portent pas le nom d'une personnalité — contrairement aux collèges et aux lycées — mais portent le nom de la rue où ils ont été édifiés.
D'anciennes écoles primaires sont de nos jours devenues des collèges ou des lycées. D'autres écoles primaires édifiées sous la IIIe République ont tout simplement disparu.
Matériaux des écoles Jules Ferry
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6-4, rue Bignon, XIIe arrondissement |
Sous le Second Empire, on utilise souvent la pierre de taille pour édifier les immeubles dits « haussmanniens ». Pour construire une école, la pierre de taille coûte beaucoup trop cher. Les architectes vont alors utiliser la pierre et le moellon (une pierre calcaire plus tendre) comme on peut le voir sur cette école construite en 1873 par un certain J. Hénard.
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6-4, rue Bignon, XIIe arrondissement |
En plus de la pierre, on va ajouter de la brique comme on peut le voir au dernier étage de l'école de la rue Bignon dans le XIIe arrondissement.
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6, rue de Louvois, IIe arrondissement |
Selon Anne-Marie Châtelet, la brique va être de plus en plus utilisée dès les années 1880. C'est le matériau qui coûte le moins cher. Ceci explique pourquoi la plupart des écoles de l'ère Jules Ferry sont construites en brique. L'utilisation de ce matériau va perdurer pendant toute la période de la IIIe République comme l'école du 6, rue de Louvois dans le IIe arrondissement construite en 1901 que l'on voit sur la photo ci-dessus.
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40bis, rue Manin, XIXe arrondissement |
Les architectes mandatés utilisent une variété de matériaux parfois dans un même édifice en y ajoutant du métal comme l'école du 40bis, rue Manin dans le XIXe arrondissement que l'on voit sur la photo ci-dessus.
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Façade de l'ancienne école primaire, 5-7, rue Huygens, XIVe arrondissement |
Sur certaines façades comme celle de l'ancienne école de filles du 5-7, rue Huygens dans le XIVe arrondissement, les architectes vont alterner la pierre et la brique et jouer sur la couleur.
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École du 200, rue Saint-Maur, Xe arrondissement |
Les bâtisseurs vont utiliser souvent les mêmes coloris pour la brique : le rouge et le beige comme on peut le voir sur la façade de l'école située au 200, rue Saint-Maur construite par l'architecte Charles Roussi en 1895.
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Détail de la façade du 200, rue Saint-Maur, Xe arrondissement |
Charles Roussi va ajouter une frise en céramique qui représente des symboles du savoir notamment un globe terrestre, un cahier, une plume, un livre et un croquis.
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1-7, rue Ferdinand Flocon, XVIIIe arrondissement |
L'usage de différents tons de la brique dite « de Bourgogne » (rouge, grise et brune) va se développer dès la fin du XIXe et le début du XXe siècle comme on peut le voir sur la façade de l'école de la rue Ferdinand Flocon dans le XVIIIe arrondissement (photo ci-dessus). Cet édifice aurait été construit par André-Félix Narjoux en 1915.
Les façades
Des façades sobres
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Collège Couperin, 2, allée des Justes-Parmi-les-Nations, IVe arrondissement |
Dans un souci rationaliste, les architectes d'écoles vont construire des édifices fonctionnels, sans trop d'artifices et simples. Aucun architecte désigné par les autorités ne va construire une école dans son style alors que tout le XIXe siècle est connu pour son éclectisme. On retrouve souvent des lignes horizontales comme on peut le voir sur l'ancienne école primaire construite en 1897 en plein cœur du Marais (photo ci-dessus).
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Angle du 40, rue Corvisart et rue Paul Gervais, XIIIe arrondissement |
Toujours selon Anne-Marie Châtelet, le moellon va disparaître dès le début du XXe siècle au profit de la brique pâle, beige et rose comme on peut le voir sur la photo ci-dessus qui représente une école construite en 1910 par René Patrouillard-Demoriane.
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Porte d'entrée et sa marquise |
On peut voir au-dessus des portes d'entrées que l'architecte s'est permis de poser une petite marquise.
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3-5, rue Corbon, XVe arrondissement |
Une autre fantaisie que vont s'autoriser les architectes dès la toute fin du XIXe siècle, l'apparition d'anses de panier au-dessus des fenêtres.
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Angle rue d'Alleray et rue Corbon, XVe arrondissement |
Ces anses sont en brique mais avec un petit dégradé de couleurs comme on peut le voir sur l'école de la rue Corbon construite dès 1894 par Eugène Calinaud, puis agrandie côté rue d'Alleray en 1906.
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Façade de la cour de récréation du 22-24, rue Olivier Métra, XXe arrondissement |
L'architecte Eugène Train va aller plus loin et mettre en relief ces anses de panier pour concevoir l'école de la rue Olivier Métra dans le XXe arrondissement. L'architecte va incruster de la couleur et va poser de la brique à la verticale entre les fenêtres en relief pour faire office de pilastres.
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Gymnase de l'école |
Eugène Train conçoit l'école de la rue Métra en 1898. Cet architecte est déjà connu pour avoir bâti les lycées Chaptal et Voltaire (cf. chapitre suivant). Malgré un budget limité, l'architecte joue avec les couleurs, les frises, les décorations au-dessus des fenêtres ou des portes en relief comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.
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5, rue Gustave Zédé, XVIe arrondissement |
Dès le début du XXe siècle, les architectes vont utiliser la polychromie pour rendre un peu plus esthétique les écoles en briques. C'est ce que l'on peut voir sur la façade de l'école située au 5, rue Gustave Zédé dans le XVIe arrondissement. Cet édifice aurait été construit en 1913 par un certain A. Berry mais Anne-Marie Châtelet n'en est pas sûre.
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Porte d'entrée de l'école |
Dans le premier quart du XXe siècle, on va commencer à se soucier de la décoration. L'école de la rue Gustave Zédé contient de la brique émaillée de couleur bleue, ce qui va permettre d'apporter du relief. Cette fantaisie s'exprime également à travers des frises colorées. Sans oublier la porte d'entrée dotée de colonnes doriques.
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31-33, rue Miollis XVe arrondissement |
En 1912, Alexandre Maistrasse érige une école au 31, rue de Miollis dans le XVe arrondissement. Sa façade est tout à fait classique, beige et rouge.
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Détail de la façade |
Toutefois, l'architecte va ajouter des décors floraux à sa façade.
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13, rue du Petit Thouars et angle de la rue Paul Dubois, IIIe arrondissement |
En 1913, Pierre Sardou construit une école dans le IIIe arrondissement (photo ci-dessus). Pour mettre un peu de fantaisie sur sa façade de brique, l'architecte va ajouter une frise florale.
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Détail de la frise |
Pierre Sardou va décorer sa façade de guirlandes vertes et des fleurs brunes.
Alors que les premières écoles républicaines étaient purement fonctionnelles, au tournant du XXe siècle, on va se soucier un peu plus de l'esthétique et ajouter de la couleur.
… et des façades pas toujours si sobres
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9, rue Octave Feuillet, XVIe arrondissement |
Dans la pensée républicaine, les écoles doivent se ressembler dans un souci d'égalité conforme à l'égalité du triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Néanmoins, au cours de mes recherches et pérégrinations, j'ai trouvé quelques pépites en totale contradiction avec le modèle républicain.
Hôtels particuliers
L'hôtel particulier situé au 9, rue Octave Feuillet dans le XVIe arrondissement abrite l'actuel lycée professionnel de la mode.
Selon le Plan Local de l'Urbanisme (PLU), cet hôtel particulier de style néo-Louis XVI serait l'œuvre de René Sergent et daterait de 1908. L'édifice aurait été construit pour un homme d'affaires allemand, un certain Hugo Reifenberg, musicien et mélomane.
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Porte |
Au-dessus de la porte, on aperçoit un mascaron qui représente Hercule protégé par la peau du lion de Némée.
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Fenêtre |
Au-dessus des fenêtres, on observe des sculptures qui nous rappellent l'activité de son ancien occupant : la musique puisque l'on aperçoit une lyre et des masques que l'on a plus l'habitude de voir sur les façades des salles de spectacles.
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40-42, rue des Archives, IVe arrondissement |
Dans un tout autre quartier, en plein centre de Paris, la maternelle du 40-42 de la rue des Archives dans le IVe arrondissement accueille ses tout-petits dans une maison qui daterait de la fin du XVe siècle. Cette maison de pierre et de brique aurait appartenu à Jacques Cœur selon la base POP qui recense les habitations classées monuments historiques.
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3, rue Béranger, IIIe arrondissement |
Autre exemple exceptionnel, l'école située au 3-5, rue Béranger dans le IIIe arrondissement. L'actuel collège Pierre-Jean de Béranger se trouve dans l'ancien hôtel particulier dit de Vendôme (ancien nom de la rue), selon Jacques Hillairet dans son Dictionnaire historique des rues de Paris. D'après le site Internet du collège, l'édifice daterait de 1720. En 1897, une école de garçons occupe le numéro 3 de la rue.
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5, rue Béranger, IIIe arrondissement |
Le numéro 5 est quant à lui occupé par une école de filles. On sépare bien les filles et les garçons à cette époque. L'hôtel particulier, acheté par la Ville de Paris est conforme aux chics hôtels particuliers du Marais : la forme en « U », l'utilisation de la pierre de taille, les bas-reliefs sur les portes etc.
L'hôtel de Vendôme qui accueille les élèves du collège Pierre-Jean de Béranger depuis 1965 est classé Monument Historique nous précise Jacques Hillairet.
Apparition de l'Art nouveau
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Angle du 25-27, rue Rouelle et 22, rue Sextius Michel, XVe arrondissement |
Mentionner l'Art nouveau pour évoquer une école républicaine peut paraître incompatible compte tenu du coût. Toutefois, lors de mes recherches, je suis tombée sur l'école de la rue Rouelle et Sextius Michel dans le XVe arrondissement. La structure est conçue totalement en brique de couleur ocre. Quelques lignes horizontales rouges viennent casser la monotonie de la façade.
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Angle du 25-27, rue Rouelle et 22, rue Sextius Michel, XVe arrondissement |
Selon le Plan Local de l'Urbanisme (PLU), cette école aurait été construite par l'architecte Louis Bonnier en 1912. Ici, l'architecte joue avec les formes notamment à travers les fenêtres.
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Angle du 25-27, rue Rouelle et 22, rue Sextius Michel, XVe arrondissement |
L'architecte n'hésite pas à installer de grandes baies vitrées qui laissent mieux passer la lumière.
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Entrée de la maternelle du groupe scolaire de la rue Rouelle et rue Sextius Michel, XVe arrondissement |
Le porche d'entrée de la maternelle est incrusté de mosaïques décoratives. On peut voir de la brique vernissée de couleur bleue (cette couleur apparaît de plus en plus). On remarque aussi que la porte n'est plus aussi haute qu'une porte cochère. Enfin, une petite grille vient apporter un peu plus de sécurité — comme on a déjà pu le voir sur la façade de l'école de la rue Dussoubs.
Selon le PLU, Louis Bonnier est à cette époque le directeur de l'Architecture de la Ville de Paris. Lors de la construction de cette école, l'architecte a tenu particulièrement à soigner l'apparence et a souhaité apporter une certaine touche de modernité et de gaîté.
Années 1930 : règne de la brique rose au service de l'Art déco
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Lycée Gaston Bachelard, 2, rue Tagore, XIIIe arrondissement |
À partir des années 1930, les établissements scolaires présentent des façades plus géométriques avec des briques de couleur rouge. On va voir apparaître également des toitures terrasses. Nous allons voir que ce style ne touche pas que les écoles primaires. Les collèges et les lycées sont également parés de rose.
Style paquebot et géométrie
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39, rue des Trois Bornes, XIe arrondissement |
Les écoles ne vont pas échapper à l'Art déco dans les années 1930. C'est le cas de l'école de la rue des Trois Bornes dans le XIe arrondissement.
Selon Anne-Marie Châtelet, cette école de filles et maternelle aurait été construite en 1937 par les architectes Louis Longuet et Requet-Barville.
Sur la photo ci-dessus, on remarque une police de caractère et un symbole de Paris sculptés en relief.
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Détail de la façade |
Le style paquebot propre à l'Art déco apparaît également sur la façade à travers la présence de hublots comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.
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Porte d'entrée dans la cour de récréation |
Les architectes jouent avec les formes. Sur la photo ci-dessus, on constate une certaine horizontalité très marquée. Tandis que sur la photo ci-dessous, les briques sont disposées en quinconce.
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Détail de la cour de l'école |
Enfin, on remarque la présence particulière d'angles arrondis. De la brique brune vient apporter un peu de contraste à la façade.
L'importance du relief
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Collège Boris Vian, 76, boulevard Berthier, XVIIe arrondissement |
Dans ces établissements couverts de briques roses ou rouges on constate l'importance du relief comme le symbole de Paris pour le collège Boris Vian situé dans le XVIIe arrondissement.
D'après le PLU, le collège Boris Vian construit en 1938 est l'œuvre des architectes Alexis Dresse, Léon Oudin et René Lecard.
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Collège Boris Vian, 76, boulevard Berthier, XVIIe arrondissement |
Les murs présentent également des frises en relief comme on peut le voir sur la photo ci-dessus. Les architectes jouent avec les volumes.
Portes vitrées et ferronneries
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Porte d'entrée du collège Boris Vian |
Fini les portes cochères chères au XIXe siècle, la grande porte vitrée est de forme rectangulaire. Les architectes ont soigné la ferronnerie à motifs.
Ce collège témoigne d'un changement des mentalités : on accorde plus d'importance à la lumière avec des grandes fenêtres et on n'hésite pas à construire des établissements de plus grande taille.
Une vocation pédagogique
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13-15-17, rue Sorbier, XXe arrondissement |
Autre exemple d'une école Art déco, l'école de garçons de la rue Sorbier dans le XXe arrondissement. La façade conçue essentiellement en brique et en béton présente des caractéristiques de l'Art déco.
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Cour de l'école de la rue Sorbier |
D'après Anne-Marie Châtelet, l'école aurait été construite en 1881 par un certain Tollet. Toutefois, selon le site des archives parisiennes, cette école aurait été terminée en 1927 — plus conforme au style des années 1920.
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Horloge de la cour de l'école |
L'horloge, visible sur les quatre faces de la colonne est géométrique, fidèle à l'Art déco.
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Jardin pédagogique |
De nouvelles pédagogies se développent et l'on construit des écoles plus adaptées à ces pédagogies dès le premier quart du XXe siècle.
Aujourd'hui, malgré quelques destructions, de nombreuses écoles de l'ère Jules Ferry font encore partie du paysage parisien. Toutefois, ces écoles s'adaptent toujours à l'évolution du rôle de l'Éducation comme on peut le voir sur la photo ci-dessus avec la présence d'un jardin pédagogique ou bien avec l'autocollant « espace sans tabac » posé sur le trottoir ou sur la façade d'une école (photo ci-dessous).
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Autocollant |
Fin du deuxième trimestre.
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