vendredi 27 décembre 2024

LES ECOLES À PARIS : Les établissements historiques

Pour cette rentrée, nous commençons notre balade historique dans le Quartier Latin et dans le Marais.

Façade de la Sorbonne, vue depuis la rue des Écoles, Ve arrondissement

La Sorbonne

Si Emily d'Emily in Paris avait été étudiante, elle aurait étudié à la Sorbonne. Mondialement connue, la Sorbonne est plus qu'une université, c'est un symbole.

Entrée du 17, rue de la Sorbonne, Paris Ve arrondissement

À l'origine, la Sorbonne est l'un des collèges où l'on enseigne la théologie, la physique et la morale. Au Moyen-Âge, l'enseignement est à la main du clergé. La plupart des écoles sont alors situées dans le Quartier Latin.

En 1257, un certain Robert de Sorbon achète des maisons de la rue Coupe-Gueule (aujourd'hui, rue de la Sorbonne) pour y installer quelques étudiants considérés comme pauvres nous précise le Dictionnaire historique de Paris.

Saint-Louis remettant à Robert de Sorbon la charte de fondation de son école

Nous n'avons aucune preuve écrite d'une quelconque charte de fondation. Toutefois, selon les historiens, le roi Louis IX, « Saint-Louis », accepte la création de cette école. Si vous avez l'occasion d'arpenter les couloirs de la Sorbonne ou d'y étudier, vous trouverez cette fresque dans le péristyle de l'actuelle université.

Fête du Lendit sur le parvis de la basilique de Saint-Denis

Il ne nous reste aucun témoignage architectural de la Sorbonne du Moyen-Âge. Seules des fresques datant certainement du XIXe siècle illustrent des étudiants, les premiers « Sorbonnards » de la période médiévale. Celle ci-dessus que vous pouvez admirer dans la cour de la Sorbonne représente des étudiants lors d'une fête.

Cour intérieure de la Sorbonne avec sa chapelle

Selon la documentation de l'université de la Sorbonne, le cardinal de Richelieu, proviseur de la Sorbonne, demande à l'architecte Jacques Lemercier de construire un édifice dans les goûts de l'époque. Ce sera chose faite en 1635. Toutefois, seule la chapelle que l'on voit sur la photo ci-dessus subsiste de cette époque.

On reconnaît les toits d'ardoise que l'on trouve sur les toits typiques du XVIIe siècle et surtout le style gréco-romain avec son fronton et ses colonnes corinthiennes sans oublier le dôme majestueux. Des statues observent de haut les passants. Compte tenu de tous ces éléments on peut dire que cette chapelle est typique du style classique.

Tombeau de Richelieu

Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, le cardinal de Richelieu est enterré selon sa volonté dans la chapelle. La sculpture funéraire est l'œuvre de François Girardon. Le sculpteur représente le cardinal allongé de son vivant. Le personnage derrière lui serait, selon la documentation de la Sorbonne, la personnification de la Piété.

Détail de la chapelle

De nos jours, la chapelle est toujours un lieu consacré et commémoratif car toujours selon la documentation de la Sorbonne, la crypte abriterait les dépouilles d'enseignants et d'étudiants de la Sorbonne ainsi que les cendres des élèves du lycée Buffon morts pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale.

Cour intérieure

Du haut des escaliers de la chapelle, vous apprécierez la cour intérieure.

Cadran solaire

Le joyau de cette cour est ce cadran solaire que l'on peut admirer face à la chapelle.

Le grand hall de la Sorbonne

Toujours selon la documentation de la Sorbonne, l'édifice que nous connaissons aujourd'hui a été construit à la fin du XIXe siècle et est l'œuvre d'Henri-Paul Nénot (1853-1934).

Escaliers 

Vous accédez au péristyle par cet escalier aux ferronneries noires et dorées.

Ferronnerie

La ferronnerie présente à la Sorbonne n'a rien à envier aux plus beaux hôtels particuliers.

Statue de la République

Vous êtes alors accueilli par une sculpture de Léon Delhomme (1841-1895) qui représente une allégorie de la République avec son bonnet phrygien. La main droite du personnage tient fermement une épée, tandis que la gauche représente une miniature de Minerve. Sur la photo, on devine une corne d'abondance et des livres à droite (n'oublions pas que Minerve est la déesse protectrice des Arts, des métiers et techniques — selon le Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine).

Fresque du péristyle

Dans ce péristyle, vous trouverez des illustrations qui évoquent l'histoire de la Sorbonne. Sur la photo ci-dessus, par exemple, on peut voir le cardinal de Richelieu posant la première pierre à l'édifice. Au dernier plan, on reconnaît les deux tours de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris.

Vitrail

Pour finir sur le péristyle, je vous invite à admirer le vitrail ci-dessus où l'on peut voir les armoiries de la Ville de Paris, symbole très important que l'on retrouve dans l'ensemble des établissements scolaires parisiens.

Grand amphithéâtre de la Sorbonne

En plus d'organiser des réceptions officielles, notamment la remise d'épées d'académiciens, la Sorbonne est aussi un lieu où se tiennent de nombreux colloques, des conférences et des débats. Ces échanges ont lieu au sein du Grand amphithéâtre.

D'illustres sculptures d'hommes célèbres confortablement assis dans une niche nous observent. On y croise aussi bien Lavoisier que Descartes ou Robert de Sorbon.

Le bois sacré, fresque de Puvis de Chavannes

Ce qui domine lorsque l'on entre dans l'amphithéâtre est l'immense fresque peinte par Puvis de Chavannes. Cette peinture représente des symboles des Arts, des Lettres et des Sciences.

Inauguré en 1889, le Grand amphithéâtre est classé monument historique nous précise la documentation de la Sorbonne.

La Géologie, vue par Hélène Dufau

L'université de la Sorbonne regorge d'œuvres d'arts qui représentent les disciplines enseignées comme ci-dessus, la géologie ou les sciences représentées par la sculpture que l'on voit dans la photo ci-dessous.

La faculté des Sciences, par Jules Blanchard

Lorsque l'on reconstruit la « nouvelle Sorbonne » à la fin du XIXe siècle, l'architecte Henri-Paul Nénot érige une bibliothèque monumentale (photos ci-dessous).

Bibliothèque de la Sorbonne

La forme de la salle peut faire penser à un réfectoire de couvent — en plus du silence qui y règne.

Cette salle, d'une longueur de 62m, peut accueillir jusqu'à 320 étudiants et disposerait de plus de deux millions d'ouvrages — dont des manuscrits allant jusqu'au Xe siècle nous précise la documentation de la Sorbonne.

Fresque de la bibliothèque

La bibliothèque est richement décorée de peintures murales. Le décor bleu serait d'Adrien Moreau-Néret. Quant à la peinture qui représente le cardinal de Richelieu, on la doit notamment à Marcel Baschet (1862-1941) et Paul Thomas (1859-1910).

Et Sciencia quoque Poesis erit (Et la science sera aussi de la poésie)

Pour finir sur la salle de lecture, je vous propose d'admirer, le nez en l'air, cette peinture au plafond qui représente un jeune personnage (certainement un étudiant, à gauche de la peinture) qui observe des figures de la connaissance et de la foi (l'ange). Cette peinture serait l'œuvre de Guillaume Dubufe (1853-1909).

La Sorbonne, vue depuis la rue Saint-Jacques

Entre ces murs, il existe encore d'autres trésors à découvrir. Profitez d'une journée où l'université ouvre ses portes ou d'une conférence pour admirer les œuvres insoupçonnées de la Sorbonne. En attendant, vous pouvez vous contenter du bloc architectural qui surplombe le Quartier Latin.

Lycée Louis-Le-Grand

Depuis l'énorme édifice de la Sorbonne, rue Saint-Jacques, je vous invite à vous retourner pour observer un lycée qui fait aussi partie de l'histoire du quartier.

Lycée Louis-Le-Grand, 123, rue Saint-Jacques, Ve arrondissement

En 1563, l'ancien hôtel particulier « la Cour de Langres » de la rue Saint-Jacques est transformé en centre d'accueil pour écoliers sans ressources par les Jésuites. Ces derniers rachètent les constructions aux alentours et y construisent un collège appelé « collège de Clermont ».

L'édifice que nous observons sur la photo ci-dessus ne date pas du XVIe siècle mais du XIXe siècle.

Détail de la façade

Sur la façade les dates 1563 (la création) et 1885 (la reconstruction) apparaissent sous une fenêtre.

Façade du lycée Louis-Le-Grand

Dès sa création, la vocation du collège de Clermont est d'enseigner auprès des élèves les plus pauvres, selon le site Internet du lycée Louis-Le-Grand.

Au cours du XVIIe siècle, le collège de Clermont va peu à peu enseigner pour des jeunes gens issus de la grande aristocratie. En 1674, le roi Louis XIV rend visite au collège. C'est alors que le collège de Clermont va devenir le Collège Louis-le-Grand avant de devenir lycée sous Napoléon.

L'actuel lycée Louis-le-Grand a toujours gardé un certain prestige et demeure l'un des meilleurs lycées de France.

Lycée Charlemagne

Un autre établissement historique a attiré mon attention. Il s'agit du lycée Charlemagne situé dans le quartier du Marais.

Lycée Charlemagne, 14, rue Charlemagne, IVe arrondissement

En plein centre de Paris, les mêmes Jésuites qui avaient fondé le collège de Clermont que nous venons d'évoquer s'installent entre l'actuelle rue Saint-Antoine et la rue Charlemagne dans le quartier du Marais. Une chapelle voit le jour, qui deviendra au XVIIe siècle, l'église de Saint-Paul-Saint-Louis nous précise le site de l'Académie de Paris. Ce terrain abrite surtout la maison professe des Jésuites, une sorte de maison de retraite pour Jésuites.

Sous la Convention (1792-1795), nous informe Jacques Hillairet dans son Dictionnaire historique des rues de Paris, on crée une école laïque. En 1804, Napoléon Bonaparte en fait un lycée.

La particularité de ce lycée est liée à son emplacement : autrefois, on pouvait y accéder depuis le 101, rue Saint-Antoine, soit l'adresse de l'actuelle église de Saint-Paul-Saint-Louis. Toujours selon Jacques Hillairet, la cour de récréation se situe dans l'ancien jardin de la maison professe des Jésuites. Enfin, l'historien des rues de Paris nous précise que ce lycée a été fréquenté par quelques célébrités : Michelet, Théophile Gautier, Paul Meurice, Ledru-Rollin, Gustave Doré pour ne citer qu'eux. En outre, l'actuelle église de Saint-Paul-Saint-Louis abriterait la tombe du Père Lachaise, jésuite qui habitait la maison professe et qui a donné son nom au célèbre cimetière parisien.

Autre particularité du lieu, le lycée est situé à proximité de l'ancien rempart de Philippe Auguste côté rue Charlemagne.

Lycée Henri IV

Pour terminer sur les établissements historiques, je vous propose d'arpenter les couloirs du lycée Henri IV.

Entrée du lycée Henri IV, 23, rue Clovis, Ve arrondissement

Retournons dans le Quartier Latin. Il est difficile d'évoquer des établissements historiques et prestigieux sans aborder le lycée Henri IV, établissement connu pour abriter l'élite de la Nation !

Une ancienne abbaye

Lycée Henri IV, vu depuis la rue Cujas, Ve arrondissement

Depuis le haut Moyen-Âge, la montagne Sainte-Geneviève est un lieu où l'on voue un culte à la patronne de Paris, Sainte-Geneviève. De l'extérieur, vous pouvez voir la tour Clovis, vestige d'une ancienne abbaye du XIIe siècle.

Vestige de l'ancienne abbaye, rue Clothilde, Ve arrondissement

Depuis la rue Clothilde, on peut voir d'autres vestiges de cette abbaye.

Ces éléments font partis aujourd'hui du lycée Henri IV que je vous propose de découvrir.

Cour du lycée Henry IV

Le lycée Henri IV est doté d'un cloître comme on peut le constater sur la photo ci-dessus.

Sculpture commémorative

Au fil des siècles, on va s'inspirer de la forme du cloître avec sa cour carrée pour constituer la cour de récréation des établissements scolaires.

Sur la photo ci-dessus, on voit que la cour est dotée de sculptures commémoratives.

Cloître

On aperçoit au mur, sur la photo ci-dessus, des hauts reliefs.

Chapelle

Suite à la révolution française, les biens du clergé deviennent un bien national. L'abbaye de la montagne Sainte-Geneviève ne va pas y échapper. Sous la Convention, on crée alors une école en 1796, ce sera le lycée Henri IV.

Orgue de la chapelle

Même si le lycée est une école laïque, la chapelle est toujours présente dans l'établissement. Le lycée précise que la présence d'un aumonier est bien légale.

Détail de la chapelle

Selon la documentation du lycée Henri IV, cette chapelle aurait été à l'origine un réfectoire utilisé par les religieux au XIIIe siècle. Nous sommes en plein style gothique avec les arcs en ogive. Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, les clés de voûte sont ornées de couronnes de feuillages.

Statue de Sainte-Geneviève

Toujours dans cette chapelle, on croise la statue de Sainte-Geneviève. Cette statue serait un vestige de l'ancienne abbatiale. La sainte est représentée avec un livre de prières à sa main droite et un cierge à sa main gauche. Sur son épaule gauche on aperçoit la patte fourchue d'un diable alors qu'à droite, on y voit un ange.

Ancien réfectoire du lycée

Les murs de l'ancien réfectoire du lycée nous rappellent que nous sommes sur un site médiéval avec les toits en ogive.

Escalier des Prophètes

Un certain Claude-Paul de Creil (1633-1708), père et architecte de la Congrégation, entreprend des travaux et conçoit en 1672 l'escalier que l'on voit sur la photo ci-dessus. Appelé escalier de la Vierge à l'origine — référence à la sculpture — l'escalier devient l'escalier des Prophètes. L'escalier impressionne par ses rampes à entrelacs.

Sculpture 

Au pied de cet escalier, on croise quelques sculptures de personnages bibliques.

Sculptures

Pour finir sur la symbolique biblique, jetons un œil à l'oratoire.

Oratoire 

Le lycée a reconverti l'oratoire en une salle de cours au décor d'origine. La structure est classique : les pilastres corinthiens forment un péristyle avec un fronton triangulaire.

Fronton

Au cœur du fronton, on peut lire « Dieu » écrit en hébreu. Entouré d'angelots, ce fronton symboliserait la Trinité, toujours selon la documentation du lycée Henri IV.

Sol de la salle

Autre détail remarquable, le sol avec son dallage d'origine qui fait plus penser au sol d'une église que celui d'un lycée.

Bibliothèque

Toujours selon la documentation du lycée Henri IV, les plus anciens ouvrages auraient été transférés à la bibliothèque Sainte-Geneviève (située à deux pas du lycée Henri IV). Suite aux grands travaux de restauration réalisés à la toute fin du XXe siècle, l'aspect de la bibliothèque se rapprocherait plus du style qu'elle avait au XVIIIe siècle.

Escalier des Grands hommes

La bibliothèque, nous précise la documentation du lycée Henri IV, était ouverte au public deux fois par semaine au XVIIIe siècle conforme à l'esprit des Lumières. Le grand public passait par l'escalier dit « des Grands hommes ».

Escalier vu du dernier étage

L'escalier a été conçu pour le grand public afin de ne pas déranger les religieux dans leur abbaye.

Au rez-de-chaussée, on distingue un buste sculpté, celui d'Ampère, figure que l'on va retrouver dans de nombreux établissements scolaires les siècles suivants.

Porte d'entrée de la bibliothèque

Le grand public entrait par une imposante porte sculptée conçue en chêne en 1675.

D'autres grands établissements historiques qui font le prestige de Paris pourraient être abordés mais nous n'avons pas encore terminé avec les écoles et les lycées, nous sommes seulement à la fin du premier trimestre.

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