dimanche 19 mars 2017

Les fontaines : XVIIIe siècle

L'ensemble des fontaines présentées dans ce chapitre sont toutes inscrites ou classées monuments historiques.

Fontaine Colbert

6, rue Colbert, IIe arrondissement
Façade de l'immeuble abritant la fontaine Colbert

À deux pas de l'ancienne Bibliothèque nationale, vous croiserez les vestiges d'une fontaine construite par Jean Bausire en 1708 selon J. Barozzi pour alimenter l'hôtel particulier du contrôleur général des finances Nicolas Desmarets (de l'entourage de Jean-Baptiste Colbert).
Si une imposante fenêtre couvre la façade, on peut imaginer qu'à l'époque de sa construction elle n'y figurait pas. En revanche, le mascaron représentant un satyre malheureusement vandalisé à l'air plus ancien.
Jacques Hillairet dans son Dictionnaire historique des rues de Paris nous explique qu'au sous-sol de cette fontaine se trouvait une glacière.
Fronton de la fontaine Colbert
En 1713, Nicolas Desmarets cède la fontaine à la Ville de Paris, ce qui explique la présence du fronton aux symboles parisiens entourés de deux dauphins.

Fontaine du Vert bois (ou fontaine Saint-Martin)

Angle de la rue Vert bois et de la rue Saint-Marin, IIIe arrondissement
Fontaine du Vert bois vue de face
Selon Wikipedia, cette fontaine aurait été construite en 1712 par l'architecte Pierre Bullet pour la Ville de Paris. Accolée au prieuré Saint-Martin-des-Champs (bâtiment construit à l'époque médiévale), cette fontaine a failli être démolie lors de l'intervention du baron Haussmann. La plaque centrale indique également une restauration au XIXe siècle. Cette plaque est entourée de pilastres aux formes vermiculées (comme des vers) et « congélation » (qui imite le froid). Au-dessus de la plaque, on retrouve le bateau parisien avec une toute petite tête de monstre marin sculptée.
Tout près du sol, on aperçoit un mascaron à tête d'animal marin sans doute imaginaire.

Fontaine Palatine

12, rue Garancière, VIe arrondissement
Fontaine Palatine

Cette fontaine adossée à un mur aurait appartenu à la princesse Palatine Anne de Bavière en 1715 construite selon les plans de Jean Bausire mais ce n'est pas sûr selon Wikipedia. La princesse Palatine aurait eu la volonté de faire profiter aux Parisiens des eaux d'Arcueil depuis sa demeure du Petit Luxembourg, selon l'inscription latine qui figure au sommet de la fontaine:

« Avec l'agrément du préfet et des édiles la sérénissime princesse Anne Palatine de Bavière veuve du sérénissime prince Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé voulut qu'ici, qu'à ses frais, coulât l'eau pour les citoyens. L'an du seigneur 1715. »
Mascaron

La fontaine se présente sous la forme d'une porte et est dotée d'un petit mascaron de bronze d'où l'eau s'écoule encore aujourd'hui.

Fontaine de Montreuil (ou fontaine de la Petite-Halle ou fontaine de l'Abbaye)

Place du Docteur Antoine Béclère, rue du Faubourg-Saint-Antoine, XIe arrondissement

Vue de la fontaine
Dans un terre-plein du XIe arrondissement, vous pouvez croiser une fontaine assez imposante et de style dorique.
Pourquoi une fontaine aurait-elle été construite de manière isolée dans un terre-plein? En fait, son emplacement est fortement liée à l'histoire de ce quartier.
En 1710, Jean Beausire (encore lui !) dessine les plans de la fontaine destinée à l'abbaye (« remplacée » aujourd'hui par l'hôpital Saint-Antoine). À cette époque, nous dit Jacques Barozzi, seules les religieuses de cette abbaye étaient autorisées à gérer le commerce de la viande. On y installe alors une Petite Halle et un marché (détruit en 1940). La fontaine est le seul élément lié à cette activité qui subsiste.
La première pierre de cette fontaine aurait été posée par Louis XV.

Mascaron
Construite entre 1710 et 1722, la fontaine se caractérise par une grande sobriété. Seule fantaisie : le petit mascaron au visage barbu. Selon l'œuvre de Jacques Barozzi, cette sobriété s'expliquerait par le manque de moyens dû à la banqueroute de John Law. Malgré tout, cette fontaine est classée monument historique.

Fontaine de Charonne (ou Trogneux)

Angle de la rue du Faubourg-Saint-Antoine et de la rue de Charonne (XIe arrondissement)
Fontaine de Charonne vue de face
La fontaine de Charonne fait partie des fontaines commandées par Louis XV pour permettre aux habitants de ce faubourg de se pourvoir en eau car nous sommes à cette époque à la limite de la ville.
C'est Jean Beausire qui se charge de sa construction dès 1719 selon Jacques Barozzi. Néanmoins, Jacques Hillairet évoque une première pierre en 1710.
Cette fontaine est parfois surnommée « Trogneux » du nom de l'échoppe qui s'y trouvait tout près.
De structure dorique avec son fronton triangulaire la fontaine de Charonne s'impose sur la façade. Deux petits mascarons à tête de lion distribuent l'eau.
Détail de la fontaine
Sa façade animalière nous évoque le monde des mers avec des dauphins, des coquillages, des serpents de mer et un poisson.
Détail de la façade animalière
Plusieurs fois restaurée, toutefois sans changements majeurs, la fontaine Trogneux est classée monument historique.

Fontaine de la Reine

Angle de la rue Saint-Denis et de la rue Greneta, IIe arrondissement
Fontaine vue de face
La fontaine de la Reine, aussi appelée fontaine Greneta a été construite en 1732 par Jean Bausire et son fils pour le conte d'un certain Claude Aubry, éventailliste selon Jacques Barozzi. Accolée à un immeuble, cette fontaine remplacerait une ancienne fontaine dite « Greneta » présente depuis le XVIe siècle.

Autre quartier, autre style... De forme arrondie, la fontaine présente deux mascarons barbus.
Détail de la façade
Malgré l'absence du mascaron qui autrefois déversait l'eau, la fontaine de la Reine est aujourd’hui classée monument historique.
Mascaron

Fontaine des Quatre Saisons (ou fontaine de Grenelle)

57-59, rue de Grenelle, VIIe arrondissement
Fontaine des Quatre saisons
En 1739, on décide d'ériger une fontaine en l'hommage à Louis XV. Pour cette construction, on fait appel au sculpteur Edmé Bouchardon.
Fontaine, partie centrale
L'étroitesse de la rue de Grenelle fait qu'il est difficile d'avoir un point de vue d'ensemble de cette fontaine... à moins d'avoir le privilège d'habiter en face ! Richement ornée, l'œuvre est composée de sept sculptures, de quatre bas reliefs (qui font référence aux quatre saisons) et s'étend sur 29 mètres de largeur et de 11.60 mètres de hauteur. Le coût est à la hauteur de l'œuvre : 139 000 livres nous dit Wikipedia.

Ce qui frappe, c'est la sculpture centrale composée de trois personnages avec au centre, une jeune fille entourée d'un homme et d'une femme. La femme au centre serait, selon Jacques Barozzi, la personnification de la Ville de Paris, l'homme à gauche, la Seine et à droite, la Marne.

La Marne déversant son eau
Au-dessus de ces personnages, une inscription latine rappelle l'hommage à Louis XV, roi « pacifiste ».
Ici, on peut vraiment parler d'œuvre monumentale et pourtant, seuls 4 tout petits mascarons apportent l'eau nécessaire aux habitants de ce quartier.

Mascaron
Les mascarons de la fontaine des Quatre saisons ressemblent étrangement à celle de la fontaine du Vert bois.

Fontaine des Haudriettes

Angle de la rue des Haudriettes et de la rue des Archives, IIIe arrondissement
Fontaine vue de face
En 1764, l'architecte Pierre-Louis Moreau-Desproux (petit-fils de Jean Beausire) construit une fontaine à la demande du prévôt des marchands pour remplacer une fontaine du XVIIe siècle.
La fontaine est de style néo-classique, plutôt monumentale, elle est dotée d'une sculpture de Pierre-Philippe Mignot.
Sculpture
La sculpture représente une naïade allongée et vue de dos. Le personnage se repose sur un vase d'où coule de l'eau. Ce que l'on remarque est le contraste entre la finesse de la sculpture et l'aspect massif de la fontaine.
Mascaron
Un mascaron à tête de lion déversait autrefois de l'eau.

Fontaine de la Croix du Trahoir

Angle de la rue de l'Arbre-Sec et de la rue Saint-Honoré, Ier arrondissement
Fontaine de la Croix du Trahoir
En plein quartier des Halles, vous croiserez peut-être une fontaine adossée à un immeuble conçu par l'architecte Soufflot en 1775.
L'eau de cette fontaine coule depuis un énorme mascaron (photo ci-dessous) dans une vasque qui peut faire penser à un bénitier. Au-dessus, on peut lire une inscription faisant référence à la restauration de la fontaine sous Louis XVI. Au sommet, on remarque les trois fleurs de lys propres à la couronne surplombées d'un fronton arrondi.
Mascaron à tête d'homme
Selon le livre de Jacques Barozzi, l'emplacement de cette fontaine est dû à la présence d'un château d'eau dont l'eau provenait de la pompe de la Samaritaine (à l'endroit où l'on a construit par la suite le célèbre grand magasin).
Devant cette fontaine, sur la place du Trahoir, une potence était installée pour y punir les malandrins. Avant leur supplice, on y plaçait une croix et les condamnés pouvaient prier une dernière fois. Ce qui pourrait expliquer la forme de la vasque et le regard patibulaire du mascaron !

Fontaine de Jarente (ou fontaine de la Poissonnerie)

Impasse de la poissonnerie, IVe arrondissement
Fontaine vue de face
La fontaine de Jarente est adossée au mur de l'impasse de la rue de la poissonnerie qui donne sur la rue de Jarente. Elle est encadrée de deux pilastres aux motifs congelés avec un fronton triangulaire.
Au-dessus, on peut voir un bas relief représentant un faisceau de licteur, deux dauphins (tels qu'on les représentaient à l'époque) et des cornes d'abondance.
Détail de la fontaine
Un mascaron à tête de satyre se charge de déverser l'eau.
Mascaron


Jacques Barozzi situe la fontaine de Jarente vers 1786 pour une propriété privée. À la même occasion, on installe dans l'impasse une petite halle aux poissons qui lui donne son nom. Les poissonniers récupéraient l'eau depuis cette fontaine.

La balade se poursuit sous Napoléon.

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