dimanche 19 mars 2017

Les fontaines du XIXe siècle sous Napoléon

Fontaine de Neptune

86, rue du Cherche-Midi, VIe arrondissement
Fontaine de Neptune
Tout au fond d'une cour de la rue du Cherche-Midi (anciennement cour des Thuileries), vous tomberez sur une petite merveille. Une fontaine dotée d'une sculpture qui représente Neptune entouré de pilastres richement décorés.
Neptune, dieu des Eaux vives et des sources est reconnaissable par son trident, sa longue barbe et une sorte de pagaie qu'il tient à la main droite.

Intéressons-nous à la frise sculptée :
Tritons
Juste au-dessus de Neptune, on distingue des tritons (descendants de Neptune) chevauchant un dauphin à gauche et un hippocampe à droite.


Représentation d'animaux marins

Sur la photo ci-dessus, on peut voir une représentation du dauphin tel qu'on pouvait l'imaginer au XIXe siècle entouré d'animaux marins.

Petit mascaron au visage féminin

Petit mascaron au visage masculin
Seuls les deux mascarons (photos ci-dessus) et la tête de lion nous renvoient sur terre puisqu'ils n'ont aucun rapport avec le personnage de Neptune.

Il est difficile de dater exactement cette fontaine. Tout ce que l'on sait vient d'un extrait du « règlement du PLU » du VIe arrondissement qui évoque le « début du XIXe siècle » pour dater ce joyau d'allure antique.

Fontaines du décret de Saint-Cloud

Avec l'arrivée de Napoléon Ier au début du XIXe siècle, le paysage parisien va connaître quelques petites transformations. Selon le « livret fontaine » conçu par Eau de Paris, on apprend que l'empereur souhaite mieux approvisionner en eaux les Parisiens. Pour cela, Napoléon va mettre en place un programme d'urbanisation qui va impacter les fontaines de Paris. Ce programme prévoit notamment de faire creuser un canal, en l'occurrence celui de l'Ourcq ; de restaurer quelques fontaines anciennes dont certaines ne fonctionnent plus et de faire construire quinze nouvelles fontaines. Ces décisions proviennent du décret dit de « Saint-Cloud » du 2 mai 1806.
On a vu jusqu'à présent l'utilité des fontaines, celle de donner à boire à ses habitants. Avec le décret de Saint-Cloud, on va embellir la capitale et utiliser ces fontaines pour illustrer des événements ou célébrer d’illustres personnages.
La toute première nouvelle fontaine est celle du Fellah dont il est question dans l'article consacré à l'Égypte dans le thème du monde. Nous verrons ici d'autres exemples de ces quinze fontaines.

Fontaine de Mars

129-131, rue Saint-Dominique, VIIe arrondissement
Fontaine de Mars
La fontaine de Mars, appelée aussi fontaine du Gros-Caillou, nom du quartier est typiquement néo-classique. En effet, elle représente Mars, dieu de la guerre et Hygie, déesse de la santé et de l'hygiène, thèmes de la mythologie. Il faut aussi rappeler que nous sommes à proximité du Champs-de-Mars ce qui peut également expliquer son nom.
De structure carrée et plutôt imposante, cette fontaine est l'œuvre de François-Jean Bralle. Aux pieds de Mars, on remarque la présence d'un coq. À sa gauche, on reconnait Hygie à sa couronne de laurier et à la présence d'un serpent à qui elle a l'habitude de donner à boire selon le Dictionnaire de la Mythologie gréco-romaine (Dir. Annie Collognat).


Animal fabuleux à tête de bélier et queue de poisson

Dragon à queue de serpent
Sous les protagonistes, on croise deux animaux fabuleux inspirés de la mythologie.

Détail d'une sculpture
Sur les faces latérales de la fontaine, on aperçoit des urnes de style gréco-romain.
L'ensemble de ces sculptures est l'œuvre de Pierre-Nicolas de Beauvallet.

Mascaron
Le petit mascaron à tête de chien déverse encore aujourd'hui son eau.

La fontaine de Mars est inscrite aux monuments historiques.


Fontaine de la Charité

48, rue de Sévigné, IIIe arrondissement
Bas relief de la fontaine
Il est difficile de parler de fontaine car ce bas relief est tout ce qu'il reste de la fontaine de la Charité. Au départ, la fontaine Popincourt est construite en 1806 selon Wikipedia, rue Ternaux dans le XIe arrondissement. La fontaine est détruite dans les années 1860 lors du percement du boulevard Voltaire.
Le bas relief — de Félix Fortin — représente une mère allaitant et donnant à boire à des enfants. Cette sculpture est aujourd'hui transposée sur le mur du no 48 de la rue de Sévigné dans le quartier du Marais.
Pour les plus curieux, vous pouvez jeter un œil au témoignage de Lefebvre de Beauvray qui décrit l'ensemble de la fontaine Popincourt avant sa destruction dans son Journal d'un bourgeois de Popincourt.
La fontaine de la Charité fait partie des fontaines du décret de Saint-Cloud démolies dans les années 1850-1860 sous l'impulsion du préfet Haussmann et de ses transformations.

Fontaine de Léda

Jardin du Luxembourg, VIe arrondissement
Fontaine de Léda
Si vous souhaitez voir la fontaine de Léda, vous devrez vous rendre au jardin du Luxembourg et plus exactement au dos de la fontaine Médicis (cf. les fontaines des XVIe - XVIIe siècles).
Au départ, cette fontaine était située entre la rue de Vaugirard et du Regard — aujourd'hui place Saint-Placide — selon Wikipedia. Érigée en 1807 par François-Jean Bralle, la fontaine est déplacée dans le cadre des bouleversements haussmanniens dans les années 1850.
Bas relief d’Achille Valois
En 1807, le sculpteur Achille Vallois conçoit un bas relief représentant Léda et un cygne. Un petit ange se trouve à gauche tandis qu'une amphore et des roseaux se trouvent à droite du personnage mythologique.
Tout en haut à gauche, on remarque l'inscription « A. VALOIT 1807 pour la fontaine de la rue du regard » qui rappelle son ancien emplacement.
Sur les côtés du bas relief, on constate la présence de dauphins.
Fronton de la fontaine
Quant au fronton, il a été ajouté seulement en 1862.

Fontaine de la Paix

Allée du Séminaire, rue Bonaparte, VIe arrondissement
Fontaine de la Paix
Toujours dans le cadre du décret de Saint-Cloud, Napoléon Bonaparte fait construire la fontaine de la Paix en 1810 selon le livre de Jacques Barozzi.
À cette époque, la fontaine se situait place Saint-Sulpice puis elle a été déplacée au niveau du marché Saint-Germain avant d'être transférée rue Bonaparte en 1935, selon la base Mérimée. Coïncidence?

De structure carrée, la fontaine présente un bassin dont une colonne trône au milieu. Au-dessus, on peut y voir des frontons couverts de cornes d'abondances et de lyres. Cette colonne se termine par un socle au décor de type « congélation ».

Vasque à têtes de lions.
Sur deux faces, on remarque la présence d'une vasque couronnée de petites têtes de lions qui se chargent de verser timidement de l'eau (photo ci-dessus).


Détail sculpté
Pourquoi fontaine de la Paix?
Selon Wikipedia, cette fontaine devait symboliser le traité de paix d'Amiens conclu entre Napoléon et d'autres nations (dont le Royaume-Uni) en 1802.
Sur chaque face, la fontaine de la Paix représente des allégories du Commerce, des Sciences et des Arts, de l'Agriculture et de la Paix.
On retrouve toujours des allusions à la mythologie grecque : une Athéna ailée tenant la couronne de lauriers. Il s'agit ici, de l'Athéna Nikè, c'est-à-dire, la « victorieuse » en grec. On peut voir ici une allusion à une victoire de Napoléon sur les autres nations.
Personnages symbolisant le commerce
D'autres figures grecques sont sculptées sur la face consacrée au commerce.

Personnages symbolisant les sciences et les arts
Quant à la partie concernant les sciences et les arts, on remarque la présence d'objets symboliques que portent les personnages : le globe terrestre et le livre qui évoquent la connaissance.

Ajouter une légende
Enfin, l'agriculture est représentée à travers le bœuf et deux personnages dans un décor champêtre.
La fontaine de la Paix qui déverse peu d'eau est plus la représentation d'un Napoléon victorieux que d'une fontaine utilitaire qui donne à boire à ses riverains.
Cette fontaine est aujourd'hui inscrite aux monuments historiques.

La balade urbaine continue sous la Restauration et la Monarchie de Juillet.

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