dimanche 10 avril 2016

Paris invite le monde : Chinoiserie et japonisme


Lanterne japonaise, quai de Grenelle, XVe arrondissement.

Tout comme l’Égypte, l'attirance envers l'Asie et plus particulièrement le Japon et la Chine devient un phénomène de mode dès la seconde moitié du XIXe siècle. A Paris, cette attirance va s'exprimer à travers l'architecture.

Lanternes japonaises

Il n'est pas rare de croiser des lanternes japonaises à Paris comme celle du quai de Grenelle (photo ci-dessus). D'après le site de la Mairie de Paris, cette lanterne serait un don de la ville de Kyoto en 2000. L'emplacement n'est pas anodin car cette lanterne est située à proximité d'un ancien hôtel qui hébergeait autrefois le personnel de la Japan Airlines.


Lanterne du Parc Monceau VIIIe arrondissement
En vous promenant au parc Monceau, vous trouverez une lanterne très ancienne. Selon la plaque de pierre installée tout près de celle-ci, cette œuvre daterait de 1786. Cette lanterne a été installée au parc Monceau en 1982 pour symboliser l'amitié entre la ville de Tokyo et de Paris.

Ces deux lanternes (il y en a d'autres) nous montrent que l'orientalisme asiatique nous intéresse encore aujourd'hui.

Lieux de plaisirs

Le Bataclan

Le Bataclan, 50, boulevard Voltaire, XIe arrondissement

Érigé en 1864, Le Bataclan est avant tout une salle de music hall avant de devenir un cinéma dans les années 1920. Pour cette partie, je me suis inspirée du site officiel du Bataclan — que j'ai pu visualiser avant le drame du 13 novembre 2015 — de la page Wikipedia et de la base Mérimée.

Son décor chinois est l’œuvre de Charles Duval. La salle de spectacle est alors baptisée « Le grand café chinois-théâtre Bataclan ». L'implantation de cette salle destinée à divertir est contemporaine de la création de nombreuses salles de spectacles des Grands boulevards sous le Second Empire. Au Bataclan, on boit, on joue au billard et on assiste à des concerts. De part son décor et de sa fonction, on peut dire que cette salle est typique de son époque.

Détail de la façade
La base Mérimée nous apprend que cette façade est la seule salle de spectacle érigée par Charles Duval que l'on peut admirer encore aujourd'hui. Enfin, cette façade classée monument historique est actuellement en restauration.

La Villa Frochot

Façade de la villa Frochot, 2, rue Frochot, IXe arrondissement
Autre lieu de plaisir, la villa Frochot ne peut qu'attirer votre regard. Située à quelques pas du quartier de Pigalle, cette salle de réception a longtemps été un cabaret érotique appelé « Le Shanghaï » avant de se transformer en théâtre puis en cercle de poker… Selon le livre de Jean-Marc Labordière, Paris Art déco. L'architecture des années vingt, ce vitrail s'inspirerait de l’œuvre d'Hokusaï avec sa vague aux tons bleus.

La Pagode

Façade vue depuis le jardin japonais
Cette salle de cinéma du VIIe arrondissement qui a fermé ses portes en novembre 2015 ne laisse pas le promeneur indifférent. Avec sa façade entièrement couverte de vitraux et de boiseries, l'édifice respecte les codes de l’architecture japonaise.
Détail de la façade de la Pagode, 57bis, rue de Babylone, VIIe arrondissement
Selon le livre Le monde à Paris, dans la collection Serious Guide des éditions Louis Simo, cette salle aurait été édifiée aux alentours de 1895 pour la femme du directeur du Bon Marché, grand magasin situé à quelques pas. Wikipedia nous informe qu'il s'agit de l’œuvre d'Alexandre Marcel, architecte très inspiré par le style japonais. Cette salle devient un lieu faste des soirées parisiennes.
Dans les années 1930, La Pagode devient un cinéma qualifié « d'art et d'essai ». Dans les années 1960-1970, on rénove le lieu et on le dote d'un petit salon de thé. C'est ainsi que le jardin, les façades et le décor intérieur sont classés monuments historiques. Le cinéma perdure jusqu'en novembre 2015.

Détail d'un vitrail
Selon l'émission Des Racines et des Ailes qui m'a inspiré ce thème, les vitraux évoqueraient la guerre sino-japonaise de 1894-1895. Ils semblerait d'ailleurs que les Chinois auraient voulu en faire leur ambassade mais cette idée aurait été abandonnée car les Japonais seraient plus à leur avantage sur les vitraux.
Représentations animalières
Sur les boiseries, on croise de nombreux animaux (crabes, volatiles, grenouilles…), le thème végétal est aussi présent (photo ci-dessous) à travers la faïence.

Détail de la façade avec vitraux végétaux et faïence colorée
Petit jardin japonais

Fenêtre
La nature est très présente puisque La Pagode dispose d'une petite parcelle végétale d'où l'on peut voir entre autre, une lanterne japonaise.

Jardin avec lanterne japonaise

À l'intérieur, un décor particulièrement riche orne les murs de l'ancienne salle de projection.


Intérieur de la salle de projection dite « japonaise »

D'après la photo ci-dessous, on peut imaginer qu'autrefois des miroirs auraient été placés entre les toiles.

Détail de la salle de projection

La Pagode Rouge

La Pagode rouge, 48, rue de Courcelles, VIIIe arrondissement
Au beau milieu d'immeubles haussmanniens, dans le quartier de la Plaine Monceau, vous croiserez un édifice hors du commun : une pagode rouge. Celle-ci aurait appartenu à un certain Ching Tsai Loo, marchand d'art d'origine chinoise nous dit Wikipedia.
En 1926, Ching Tsai Loo achète un hôtel particulier du XIXe siècle et demande à Ferdinand Bloch de construire une pagode en vue d'y installer sa collection d'art asiatique. Nous sommes en 1926, il s'agit alors de l'une des toutes premières collections d'art asiatique dans la capitale.

Porte d'entrée de la galerie d'art
Son style et sa couleur contrastent tellement avec les immeubles haussmanniens que vous ne pouvez passer à côté !

La pagode est dotée de quatre étages et est couverte de rouge, couleur qui rappelle la Chine.
Entrée dotée de lanternes rouges


Détail de la façade
Sur la photo ci-dessus, on peut voir ses murs richement décorés, notamment les balustrades et fenêtres, ses frises représentant des animaux et ses toits recouverts de vert.

Rachetée en 2011 par une mécène et rénovée par celle-ci, la Pagode accueille des expositions et organise des cocktails et autres dîners d'affaires (source www.pagodaparis.com)
Pour finir, la Pagode est classée monument historique selon la base Mérimée aussi bien l'intérieur que l'extérieur.

Le Panthéon bouddhique

Vue d'ensemble du jardin du panthéon bouddhique, 19, avenue d'Iéna, XVIe arrondissement
Pour tous les amateurs d'art asiatique, le musée Guimet (6, place d'Iéna, XVIe arrondissement) est un passage obligé. Connaissiez-vous le Panthéon bouddhique ?

Représentation de Bouddha située dans l'enceinte du Panthéon bouddhique
Le Panthéon bouddhique, appelé aussi « annexe du musée Guimet » est situé à quelques pas du musée. Cette partie du musée est consacrée, entre autre, aux représentations de bouddha.
Ici, je m'intéresserai au petit jardin japonais.

Détail du jardin avec le pavillon.
Le jardin est doté d'un pavillon installé depuis 2001 en vue d'y organiser la cérémonie du thé nous informe son site officiel.
Détail du jardin
Le jardin est pourvu d'un pont plat de bois qui traverse un petit plan d'eau. On aperçoit également des bambous. Ce lieu est idéal pour être au calme !

Lanterne japonaise

À propos d'art asiatique à Paris, d'autres musées sont consacrés à ce thème, notamment le musée d'Ennery au 59, avenue Foch dans le XVIe arrondissement ou bien le musée Cernuschi au 7, avenue Velázquez, VIIIe arrondissement (photo ci-dessous).

Sculpture située à l'entrée du musée Cernuschi

Jardin Albert Khan

Jardin Albert-Khan , 14, rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt
Pour rester dans l'univers du jardin, je vous propose une petite ballade au jardin Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt, à deux pas de Paris.

Le jardin Albert-Khan est une sorte de mappemonde végétale. L'idée d'Albert-Khan est de représenter différents lieux de la planète à travers sa végétation.

Village japonais
Le jardin se compose notamment de forêts dites « bleue », « dorée » et « vosgienne » ; d'un jardin à la française et à l'anglaise et surtout d'un jardin japonais moderne et d'un village traditionnel japonais.
La prédominance du Japon serait due à un voyage qui aurait profondément marqué Albert-Khan.

Avant tout, il est important de savoir qui est Albert-Khan. Vous trouverez l'essentiel dans sa page que consacre Wikipedia ainsi que sur le site officiel de son musée.
Albert-Khan était banquier de profession mais avant tout, un philanthrope aux idées pacifistes. Son jardin reflète cette vision pacifiste et… utopiste. En effet, on peut dater la création de ce jardin entre 1895 et 1910. Or, à cette époque le pacifisme n'est pas d'actualité.
Ce qu'il faut aussi savoir, c'est que le jardin jouxte le musée Albert-Khan où l'on peut trouver notamment les tous premiers autochromes (premier procédé photographique qui apporte de la couleur aux photos).

Commençons notre visite par le village japonais.

Porte d'entrée du village japonais

Le village japonais résulte d'un voyage d’Albert-Khan au Japon à la fin du XIXe siècle.
Pavillon japonais
Tout d'abord, on remarque la présence d'un pavillon consacré à la cérémonie du thé. La maison semble surélevée. Elle donne une impression de hauteur, ainsi le visiteur à l'impression d'être près d'une montagne. Qui plus est, les hauts arbres tout autour nous plongent dans une atmosphère propice à la méditation.

Maison japonaise
Une autre maison, plus discrète, est entourée de végétaux dont un bonsaï.

« Lion de Chine »

Lanterne japonaise
Lanterne japonaise


Le village est orné de lanternes l'une en pierre, l'autre en bronze. Un « lion de Chine » nous protège des mauvais esprits nous apprend le site officiel du musée.


Le jardin japonais
Vue d'ensemble du jardin japonais

Le jardin japonais que l'on peut visiter de nos jours a été créé en 1990. Celui qu'avait créé Albert-Khan a disparu selon le site officiel du musée. Son auteur, Fumiaki Takano a souhaité rendre hommage à Albert-Khan en faisant de ce jardin une métaphore de la vie du philanthrope. Ici, chaque élément a une symbolique (les galets évoquent la naissance etc.). L'ensemble de la végétation vient du Japon.

Jardin zen
Un « jardin zen », beaucoup de galets, des fortifications de pierre (près du cours d'eau) et deux ponts caractérisent ce jardin.

Pont rouge





Une spirale d'eau termine ce jardin (photo ci-dessous).

Spirale d'eau


Le jardin anglais
Pont en pierre et bois du jardin anglais
Albert-Khan a recréé tout un univers : une petite falaise avec ses roches artificielles, une passerelle de bois et une rivière. Tout respire la quiétude.

Le jardin français
Jardin à la française avec la serre
Albert-Khan s'inspire du jardin classique cher au XVIIe siècle pour planter notamment une roseraie et des arbres fruitiers. Une serre a également été édifiée.

Les forêts

Forêt « bleue » avec son marais
Albert-Khan crée différentes parcelles dites « forêts » avec une végétation particulière comme la forêt vosgienne (photo ci-dessous) dont les arbres proviendraient de la région natale de notre philanthrope.

Forêt « vosgienne »
Le jardin est une très belle idée ballade et peut se visiter à différentes saisons. Pour information, les photos ont été prises au mois de mai.

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