mercredi 30 janvier 2019

Paris au Grand siècle (4) : les rois bâtisseurs

L'une des façades de la bibliothèque de l'Arsenal, 1, rue de Sully, IVème arrondissement

Nicolas Courtin dans Paris Grand siècle nous explique que seuls les plus fortunés pouvaient bâtir de grands édifices. Les premiers instigateurs de ses constructions sont d'abord les rois de France qui, au XVIIème siècle s'intéressent à Paris ainsi que leurs proches collaborateurs. Le palais du Louvre que fait transformer Henri IV constitue l'exemple le plus emblématique, ou bien plus tard, la construction de l'hôtel des Invalides sous Louis XIV.
Il ne s'agit pas ici de faire l'inventaire de toutes ces constructions mais j'aborderai ici de manière différente (vu notamment de l'intérieur) quelques lieux tels que l'actuelle bibliothèque de l'Arsenal, le palais du Luxembourg et l'Institut de France avec notamment la bibliothèque Mazarine dont il nous reste des vestiges du XVIIème siècle.

Bibliothèque de l'Arsenal

1, rue de Sully, IVème arrondissement

La façade que l'on voit sur la photo ci-dessus date du XVIIème siècle mais il faut savoir que cette bibliothèque a été restaurée et transformée au XIXème siècle par l'architecte Théodore Labrouste selon le site officiel de la BNF.

Couloir du XVIIème siècle

Si aujourd'hui la bibliothèque de l'Arsenal renferme des collections de livres et de manuscrits, le bâtiment a eu diverses fonctions : ancienne résidence de maîtres de l'artillerie, couvent des Célestins… Aujourd'hui, le bâtiment appartient à la Bibliothèque Nationale de France (BNF).

Cabinet des femmes fortes

Certaines salles du XVIIème siècle sont encore visibles, telle que le Cabinet dit des femmes fortes où sont représentés des portraits d'illustres femmes telle que Marie Stuart que l'on aperçoit en haut à gauche du rideau (la dame en noir) ou bien Jeanne d'Arc au centre sur la photo ci-dessous.

Détail du Cabinet des femmes fortes

La pièce est très richement décorée, la prédominance de l'or donne à cette pièce un aspect luxueux.

Escaliers

La bibliothèque de l'Arsenal conserve également un escalier datant de l'époque où Sully y a habité (soit la fin du XVIème-début du XVIIème siècle). Divers motifs militaires sont peints dans la voûte de ces escaliers. À cette époque, le roi Henri IV aurait séjourné chez M. Sully à plusieurs reprises selon Wikipedia.

Détail du cabinet consacré à Marie de Cossé-Brissac

C'est précisément dans cette pièce qu'aurait séjourné le Vert galant, Henri IV. Cette pièce aujourd'hui reconstituée est un cabinet consacré à Marie de Cossé-Brissac, épouse du duc de la Meilleraye qui ont acquis le bien par la suite. Nous sommes ici dans une chambre type luxueuse du XVIIème siècle.

Détail du cabinet consacré à Marie de Cossé-Brissac

Sur les photos ci-dessus, on remarque un décor qui comporte essentiellement des panneaux peints sur bois inspirés du style italien. Les thèmes sur ces panneaux — qui se font face — évoqueraient des épisodes attenants aux deux familles selon un article de Claudine Chevrel consacré à la Bibliothèque de l'Arsenal dans la revue SABF en 2010 (n°185).

Détail du plafond, « le Sommeil »

Le plafond est également décoré, plus particulièrement le tableau ci-dessus qui représente le Sommeil.

Palais du Luxembourg


15, rue de Vaugirard, VIème arrondissement

Palais du Luxembourg

Selon la documentation du Sénat, le palais du Luxembourg a été construit sur la demande de Marie de Médicis, reine-mère de France, veuve d'Henri IV.

Buste de Marie de Médicis dans la salle dite du Livre d'or

Les travaux commencent en 1615 et la reine-mère vient s'y installer dès 1625. En 1631, Marie de Médicis est contrainte de quitter les lieux suite à l'épisode de la journée des Dupes.

Tenture aux arabesques située dans la salle du livre d'or

Le palais du Luxembourg demeure la propriété des Bourbons (dont le frère de Louis XIII ; Louis XIV etc.) jusqu'à la Révolution puis connaît un destin plus administratif avant d'appartenir au Sénat depuis 1958.
La salle dite du livre d'or demeure une pièce reconstituée rassemblant des panneaux ayant appartenu à Marie de Médicis dont on trouve son buste. D'autres panneaux, telle la photo ci-dessus proviendraient des appartements d'Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII au Louvre selon la documentation du Sénat.

Marie de Médicis rétablissant la paix en France

Au plafond de la pièce, on remarque un tableau au centre qui représente la reine-mère Marie de Médicis, le personnage à gauche. La protagoniste est pourvue de ses attributs royaux (couronne, sceptre) quant au personnage de droite, il s'agirait d'une incarnation de la Paix. Selon le site Internet du Sénat, ce tableau serait attribué à Philippe de Champaigne. Tout autour de cette toile figurent des portraits de sibylles.

Détail des panneaux avec miroirs dans la salle du livre d'or

L'or et le bleu du lapis-lazuli prédominent dans l'ensemble de la pièce. Des pilastres corinthiens sont richement décorés d'arabesques, ils seraient l'œuvre de Charles Errard toujours selon le site du Sénat.

Institut de France et la bibliothèque Mazarine

23, quai de Conti, VIème arrondissement

Coupole de l'Institut de France

L'Institut de France — qui regroupe aujourd'hui diverses académies dont l'académie française, l'académie des sciences… — est au départ un collège rattaché à l'Université de Paris. Selon la documentation de la bibliothèque Mazarine, cet établissement, appelé Collège des Quatre Nations a été créé sur la volonté du cardinal de Mazarin. Nous sommes à cette époque sous le règne de Louis XIV.

On fait appel à l'architecte Louis Le Vau lorsque meurt Mazarin en 1661. Une chapelle est construite notamment pour accueillir le tombeaux du défunt (photo ci-dessous). La chapelle est pourvue d'une coupole (photo ci-dessus) de forme ovoïde et est dotée de huit fenêtres situées de manière très symétrique. On peut parler ici de style classique.

Tombeau de Mazarin

De son vivant, Mazarin lègue sa bibliothèque personnelle et dès 1643 le public peut en profiter. À cette époque, la bibliothèque se trouvait dans l'actuelle bibliothèque Richelieu (58, rue de Richelieu, IIème arrondissement). À la mort du cardinal, Louis Le Vau décide de transférer la bibliothèque en face du Louvre, soit l'actuel quai de Conti. On remarque que cet emplacement n'est pas anodin car l'Institut de France et le Louvre se font face ce qui donne à ce quartier de pouvoir une certaine symétrie.

Cour qui mène à la bibliothèque Mazarine

Inspiré du style gréco-romain, la bibliothèque présente trois grandes et fines fenêtres entourées de pilastres corinthiens.

Bibliothèque Mazarine

Toujours selon la documentation de la Bibliothèque Mazarine, la salle de lecture est conforme à celle qui existait au XVIIème siècle.
On remarque sur la photo ci-dessus des colonnes corinthiennes mais pourvues de volutes ioniques et entre ces colonnes des symboles qui rappellent le cardinal notamment les faisceaux de licteur.

Porte située dans la salle de lecture

Sur les portes de la salle de lecture, on retrouve ces mêmes symboles avec de surcroît le « M » de Mazarin.

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