mercredi 30 janvier 2019

Paris au Grand siècle (7) : Les quartiers.Visite guidée dans le Marais du XVIIème siècle

Musée Picasso vu depuis le jardin de l'Hôtel Salé, IIIème arrondissement

S'il y a bien un lieu qui évoque le XVIIème siècle, c'est bien le Marais. Ce quartier regorge d'hôtels particuliers édifiés durant le Grand siècle. Nous allons voir ici quelques exemples de ces hôtels particuliers qui trônent au milieu de (trop) nombreux commerces.

Ce qu'il faut savoir c'est que si l'on a de la chance de se plonger en plein XVIIème siècle aujourd'hui en plein cœur de Paris, c'est grâce à une belle initiative d'opération de sauvegarde initiée par André Malraux dès 1962. La documentation de l’Institut suédois nous précise que la plupart des immeubles étaient tellement insalubres au début des années 1960 qu'on avait prévu au départ de tout raser ! L'hôtel de Marle — l'institut suédois — fait partie de ces hôtels particuliers que les rats avaient envahi et que l'on a réhabilité par la suite.

Hôtel de Beauvais

68, rue François Miron, IVème arrondissement
Porte d'entrée de l'hôtel de Beauvais

Commençons notre balade dans le sud du Marais.

Au numéro 68 de la rue François Miron vous tomberez sur un immeuble dont la très grande porte de couleur marron est pourvue de deux profils qui se font face dans un petit médaillon.

Au deuxième étage, on remarque deux énormes vases contenant des fruits en abondance.

Au-dessus de la porte, on remarque la présence d'un petit balcon. Nicolas Courtin nous dit dans son livre Paris Grand siècle que l'hôtel de Beauvais sert de lieu d'où l'on peut voir les cortèges royaux notamment sur la rue Saint-Antoine (aujourd'hui rue François Miron). L'hôtel particulier a été inauguré en 1660, année où Louis XIV arrive à Paris avec Marie-Thérèse qu'il vient d'épouser.


La façade est truffée de petits mascarons grotesques. Alexandre Gady dans sa conférence intitulée L'hôtel particulier en France, XVIème - XIXème siècle (2) évoque un style italien avec les balustrades et les visages.
Mascarons

Selon Alexandre Gady, on sait que la façade n'était pas blanche au départ. C'est au XVIIIème siècle que l'hôtel subit quelques transformations.

Cour intérieure de l'hôtel de Beauvais
À l'intérieur, ce qui nous frappe est la forme ovale de la cour avec au rez-de-chaussée de larges fenêtres, des oculi ovoïdes, des petits mascarons animaliers et une balustrade qui longe tout le premier étage. Au premier étage une monumentale fenêtre est mise en valeur par des colonnes ioniques.

Cour intérieure de l'hôtel de Beauvais
Selon l'Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique (ASMP) dans son ouvrage À la découverte du Marais, l'hôtel de Beauvais aurait été construit sur une maison médiévale dont il reste le cellier datant du XIIIème siècle (photo ci-dessous).
Cellier de l'hôtel de Beauvais

Alexandre Gady dans sa conférence (op. cit.) précise que cet hôtel regroupe carrément trois anciennes maisons.

L'hôtel de Beauvais aurait été construit par Antoine Lepautre dès 1655 pour une certaine Catherine Bellier, femme de chambre d'Anne d'Autriche.

Les mascarons animaliers (lorsqu'on s'approche de la cour) représentent des têtes de bélier, une allusion à Catherine Bellier.
Détail d'une frise de mascarons animaliers


Selon l'un des cartels de l'hôtel de Beauvais, le portrait de la propriétaire serait représenté sous l'oculus à droite de la cour intérieure.

Mascaron représentant Mme Bellier


Selon Alexandre Gady, le rez-de-chaussé contenait les écuries — d'où les larges fenêtres en face de la porte cochère — et les cuisines. Au premier étage, on trouve les pièces principales comme tout hôtel particulier.
Escalier
Antoine Lepautre a également conçu l'escalier (photo ci-dessus) qui mène aux étages supérieurs.
Détail du vestibule
Le vestibule est somptueusement sculpté. On remarque la présence de sphinges entourant le monogramme "PBC" des propriétaires.
Du vestibule à l'escalier
Le vestibule est pourvu de colonnes corinthiennes et de têtes de béliers.

En outre, on constate que l'hôtel de Beauvais a la particularité de ne pas figurer entre cour et jardin comme on a pu le constater pour la plupart des hôtels que l'on a déjà vu. Peut-être est-ce dû aux anciennes maisons regroupées qui lui donnent cet aspect si particulier. Pour mieux vous en rendre compte, n'hésitez pas à consulter la vue par satellite sur Google Maps.

Aujourd'hui, l'hôtel de Beauvais abrite la Cour d'appel de Paris.

Je vous propose de quitter la rue François Miron et de vous diriger vers l'actuelle rue Saint-Antoine en vous rapprochant de la place de la Bastille et arrêtez-vous au numéro 62.

Hôtel de Sully

62, rue Saint-Antoine, IVème arrondissement
Hôtel de Sully

Selon Nicolas Courtin dans son ouvrage Paris Grand siècle, l'hôtel de Sully constitue un véritable petit château urbain typique du style Louis XIII.

La façade sur rue (photo ci-dessus) présente une énorme porte cochère — vous pouvez le constater rien qu'en comparant avec la taille des passants — deux ailes et une terrasse au centre. Des colonnes doriques bordent la porte. Les fenêtres du premier étage sont pourvues de petits mascarons à têtes féminines et de frontons. Quand au deuxième étage, les petites fenêtres sont encadrées par des anges et une petite tête de lion.

La façade légèrement jaunie contraste avec les briques rouges de la place des Vosges située juste derrière. L'utilisation de la pierre de taille comme on le voit sur la photo va se répandre de plus en plus au détriment de la brique qui va disparaître à Paris pendant deux siècles.

Cour intérieure de l'hôtel de Sully

Cour d'honneur

L'hôtel de Sully étant ouvert au public, vous n'aurez aucun mal à y entrer.

Nous sommes ici dans la cour d'honneur. Celle-ci est entièrement pavée.

Autour du portail deux colonnes doriques sont particulièrement encastrées. À gauche de la photo ci-dessus, on devine d'anciennes écuries. À droite se trouvaient à l'origine les activités dites domestiques comme les cuisines selon la documentation du Centre des Monuments Nationaux.

Détail de la cour

Chaque fenêtre est richement décorée (présence de blé, mascarons, coquillages) : du rez-de-chaussée aux combles. La moindre lucarne est sophistiquée!

Détail de la façade sur cour: la Terre et l'Eau

Sur les façades sont édifiées des sculptures qui représentent les quatre éléments selon l'ASMP dans son œuvre À la découverte du Marais.

La photo ci-dessus nous montre, à gauche, la Terre personnifiée par une figure féminine tenant une corne d'abondance (signe de richesse). À ses pieds figure un lion. On remarque également au-dessus de cette sculpture la présence d'un sanglier.

À droite de la photo, l'Eau est représentée par la cruche qui laisse l'eau s'échapper. Le personnage féminin a les pieds dans l'eau et côtoie un poisson représenté en bas à droite. Au-dessus de la sculpture, un arc-en-ciel trône au-dessus d'une pluie battante.

Détail de la façade sur cour: l'Air et le Feu

En face de la Terre et du Feu, on trouve l'Air, à gauche avec un personnage donnant l'impression de flotter dans les nuages et un caméléon. Une sorte de plume vole au-dessus. Puis le Feu à droite où le personnage est représenté au milieu des flammes. À ses pieds, on remarque la présence d'une salamandre. Enfin, au-dessus, une main tient fermement des flammes.

Entrée de l'hôtel de Sully

Avant d'entrer dans l'hôtel de Sully, jetons un œil aux hauts-reliefs situés au-dessus de la porte.

L'Automne

Outre les quatre éléments, on trouve une allégorie des quatre saisons dont l'automne (photo ci-dessus). On reconnaît la saison qui évoque la chasse (le chien) et les vendanges (les raisins) selon l'ASMP.

En outre, on remarque la présence d'une balance située au-dessus de la sculpture. Il s'agit du signe du zodiaque.

L'Hiver

L'hiver est représenté par un vieillard s'appuyant sur un bâton avec à ses pieds un serpent.

Le Printemps et l’Été

Une fois que vous êtes entré, vous avez une vue sur un jardin à la française avant de vous y aventurer, jetez un œil à la façade derrière vous.

Deux sculptures représentent les deux autres saisons. Le Printemps est représenté à gauche par un personnage féminin, Proserpine selon l'ASMP. Une colombe est posée sur sa main, tandis que de l'autre main Proserpine tient une corne d'abondance. À ses pieds, un vase rempli de fleurs est posé au sol.

À droite, on reconnaît l’Été par la présence d'un personnage féminin certainement Cérès, déesse des moissons qui porte une faucille et du blé.

Hôtel de Sully vu depuis le jardin

À droite, on remarque la présence d'une aile tandis qu'à gauche, on a vue sur le mur mitoyen.

Mur renard

Tout comme on a pu le voir à l'hôtel de Saint-Aignan, on a affaire à un mur renard. Ce mur permet de garder une certaine harmonie. Bien sûr, à l'époque il n'y avait pas cet énorme mur de briques derrière. D'ailleurs, Alexandre Gady dans sa conférence intitulée L'hôtel particulier en France, XVIème - XIXème siècle (1) précise que les édifices n'étaient pas aussi près les uns des autres au XVIIème siècle.

Orangerie de l'hôtel de Sully

En face de l'hôtel de Sully, vous trouverez un autre pavillon. Il s'agit à l'origine d'une orangerie selon l'ASMP. Le pavillon de l'orangerie se compose cinq arcades. Au-dessus de l'arcade centrale, on remarque la présence d'un cadran solaire.

À droite, la porte vous donne un accès direct à la place des Vosges.

À l'intérieur

Je vous propose une petite visite à l'intérieur de l'édifice.

Détail du plafond

Quand vous entrez dans l'actuelle librairie, vous avez un aperçu du plafond à la française avec les solives peintes au XVIIème siècle. Nous sommes ici dans l’ancienne Grande salle de l'hôtel de Sully.

Détail du plafond avec fenêtre

Tout au fond de la boutique, on retrouve non seulement le plafond peint mais aussi le contour des fenêtres.

Décor de l'escalier d'honneur

En face de la boutique, on a vue sur l'escalier d'honneur de l'hôtel de Sully.

On y trouve une riche décoration florale mais aussi des masques.

Détail de l'escalier

La petite histoire


D'après la documentation du Centre des monuments nationaux, l'hôtel de Sully aurait été édifié en 1624 pour Mesme Gallet, contrôleur des finances.

Alexandre Gady dans sa conférence (op. cit.) nous précise que le premier propriétaire perd toute sa fortune au jeu. Sully, ancien ministre d'Henri IV achète le bien en 1634. Les descendants de Sully vendent l'hôtel (qui garde le nom de son illustre ancien propriétaire) à l'un des cousins de Turgot en 1752 selon l'ASMP.

Au XIXème siècle, l'hôtel de Sully abrite divers commerces (notamment au rez-de-chaussée) mais aussi des logements… Il est intéressant de voir à quoi ressemblait l'hôtel de Sully au début du XXème. Vous pouvez consulter la page Wikipedia consacrée à l'hôtel de Sully pour comparer.

L'hôtel de Sully est classé Monument historique en 1862 et appartient à l'Etat depuis 1944. Restauré, l'hôtel particulier devient le siège de ce qui va devenir en 2000 le Centre des monuments nationaux.

Au premier étage

Au premier étage de l'hôtel de Sully subsiste un petit appartement appartenant à Charlotte Séguier, duchesse de Sully qui a vécu au XVIIème siècle.

Chambre de la duchesse

Dans la chambre de la duchesse, on peut admirer le plafond peint par Antoine Paillet (photo ci-dessous).

Plafond de l'appartement de la duchesse

Selon le site Internet du Centre des monuments nationaux, le personnage situé au centre serait Endymion un berger de la mythologie grecque enlevé par Séléné (le personnage ailé), la déesse de la nuit. Tout autour on trouverait les signes du zodiaque. Un thème propice au sommeil…

Mur de la chambre

Toute la chambre est somptueusement décorée : des pilastres ioniques, un grand miroir, un portrait, des natures mortes, des dorures, un lustre…

Mur de la chambre

L'hôtel de Sully constitue l'exemple type de ce que pouvait être un hôtel particulier aristocratique parisien au XVIIème de par ses sculptures allégoriques et végétales et de par son décor. C'est un lieu unique en son genre : un hôtel qui abrite une librairie, un jardin et où l'on peut se reposer avant de filer vers la foule de la place des Vosges toute proche.

Hôtel Bouthillier de Chavigny

7-9, rue de Sévigné, IVème arrondissement

Façade de l'hôtel Bouthillier de Chavigny

Pour voir l'hôtel de Bouthillier de Chavigny, vous pouvez sortir de l'hôtel de Sully par la rue Saint-Antoine en vous dirigeant vers Saint- Paul et tourner à droite trois rues plus loin où vous emprunterez la rue de Sévigné.

Au numéro 9 de la rue de Sévigné, vous croiserez une façade du XVIIème siècle. La façade légèrement jaunie et sobre est constituée de pierre de taille. Le toit est fait d'ardoise. On remarque que les fenêtres sont un peu plus larges.

Partie Renaissance de l'hôtel Bouthilliers de Chavigny

Selon l'ASMP, l'hôtel Bouthilliers de Chavigny aurait été construit dès l'époque médiévale et aurait appartenu à la famille royale. Puis le domaine passe aux mains d'un certain chancelier René de Birague qui entame une reconstruction au XVIème comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.

Selon l'historien d'art Marc Soléranski dans l'article du journal Le Point intitulé Les pompiers du Marais occupent un hôtel du XVIIème siècle (publié le 30/06/2016 par Frédéric Lewino et Rand A. Khalek) le mur dont les pilastres sont cannelés que l'on aperçoit à droite de la photo dateraient de la Renaissance.

Cour de l'hôtel de Bouthilliers de Chavigny

En 1622, le bien est acheté par Bouthilliers de Chavigny nous précise L'ASMP. Pour le mettre à son goût, le nouveau propriétaire fait appel à François Mansart en 1642. Sur sur la photo ci-dessus on voit que les pilastres du premier étage de type ionique sont lisses et des masques sont posés au-dessus des fenêtres.

Confisqué sous la Révolution, cet hôtel particulier devient le siège des Pompes funèbres avant d'appartenir à la Ville de Paris qui fait aménager une caserne de pompiers.

Selon la base Mérimée, cet hôtel particulier est classé monument historique.

Hôtel d’Angoulême (de Lamoignon)

24, rue Pavée, IVème arrondissement

Pour admirer l'hôtel d'Angoulême, il vous suffit de continuer sur la rue de Sévigné jusqu'à la rue des Francs-Bourgeois où vous tournerez à gauche. Dès que vous voyez la tourelle, vous tournez à gauche.

Tourelle de l'hôtel d'Angoulême

Lorsque vous entrez par le porche situé au numéro 24 de la rue Pavée, vous pouvez admirer un hôtel particulier construit au XVIème puis au XVIIème siècle. Le site Internet de la Ville de Paris évoque l'année 1559 pour l'année de sa construction par l'architecte Philibert Delorme.

En 1584, la propriété appartient à Diane d’Angoulême. La duchesse d'Angoulême (appelée aussi Diane de France) fait appel à un architecte — les historiens ne se sont pas mis d'accord sur l'architecte nous dit l'ASMP, il pourrait s'agir de Baptiste Androuet du Cerceau ou Thibaut Métezeau ou un autre membre de la famille de ce dernier.

Façade de l'hôtel d'Angoulême vue de la cour

Quand vous arrivez dans la cour, vous remarquez la présence de pilastres corinthiens et des frontons triangulaires. Les fenêtres sont quant à elles, fines et hautes.

Hôtel d'Angoulême à l'Est

Lorsque vous observez les différents pavillons qui composent cet hôtel particulier, vous remarquez le côté pentu des toits. On est encore dans un esprit Renaissance. On le voit aussi à travers la forme des fenêtres sur l'avant corps.
Au sommet de cet avant-corps, un fronton arrondi est richement sculpté. On y voit une tête de cerf entourée de deux personnages féminins et à gauche, on voit la tête d'un chien de chasse. Le thème de la chasse fait allusion à Diane la déesse de la chasse et à son illustre propriétaire.

Fenêtre de l'hôtel d'Angoulême

La duchesse Diane d'Angoulême transmet son hôtel particulier à son neveu, Charles de Valois, fils bâtard du roi Charles IX et de Marie Touchet que nous avons évoqué dans un précédent chapitre.

L'héritier va encore transformer l'hôtel notamment en y ajoutant la tourelle que vous avez vue en premier lieu.

Les fleurs de lys et la couronne peintes sur la fenêtre (photo ci-dessus) nous rappellent que nous sommes dans une demeure appartenant à la famille royale.

Comment l'hôtel d'Angoulême est-il devenu une bibliothèque?

Selon l'ASMP, l'hôtel devient la demeure de la famille dite Lamoignon — qui en profite pour changer le nom de l'hôtel dès 1658. Au début du XVIIIème siècle, Les Lamoignons font reconstruire le porche qui mène à la cour. Puis, un certain Antoine Moriau, grand collectionneur de livres lègue sa bibliothèque à la Ville de Paris. Le lieu se transforme en commerces et divers appartements à louer après la Révolution avant d'être racheté par la Ville de Paris en 1928. C'est en 1969 que s'installe la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris que nous connaissons encore aujourd'hui.

Cet édifice est classé monument historique selon la base Mérimée.

Hôtel de Châtillon

113, rue Payenne, IIIème arrondissement

Hôtel de Châtillon vu depuis le square Georges Caïn

La rue Payenne prolonge la rue Pavée, vous n'aurez aucun mal à la trouver.

Jetez juste un œil rapide vers cet hôtel particulier dont le mur a été peint en jaune.

Selon Wikipedia, cet hôtel particulier aurait appartenu à un certain Henry de Daillon, compte du Lude qui a vécu au XVIIème siècle. Nous n'en savons pas plus car il s'agit d'une propriété privée.

Porte d'entrée de l'hôtel de Châtillon

Et pourtant lorsqu'on observe les deux cadres avec la mention « H. RENON luminaires » gravée qui entourent la porte, on peut imaginer un ancien local artisanal et/ou commercial comme cela a été le cas de la plupart de ces hôtels particuliers au XIXème et début du XXème siècle.

Hôtel Salé

5, rue de Thorigny, IIIème arrondissement

Hôtel Salé

Autre grand hôtel particulier du Marais, l'incontournable hôtel Salé.

Tout au bout de la rue Payenne, tournez à gauche jusqu'à la place de Thorigny. Puis, prenez la rue de Thorigny.

Il est possible de visiter l'hôtel Salé dans la mesure où il abrite le musée Picasso.

Lorsque l'on entre dans la cour de l'hôtel Salé, on est frappé par la hauteur de cet hôtel particulier. On retrouve les fenêtres fines et hautes typiques du XVIIème siècle, des sphinges (photo-ci-dessous) un fronton triangulaire, un toit d'argile et des oculi.

Sphinge

Selon l'ASMP dans son livre À la découverte du Marais, l'hôtel Salé aurait été commandité en 1656 par Pierre Aubert de Fontenay proche de Nicolas Fouquet qui gère la gabelle, l'impôt sur le sel. Très vite, le lieu est surnommé « hôtel Salé » du fait des fonctions de Pierre Aubert de Fontenay et de sa riche ascension sociale mal vue à l'époque.

Le propriétaire fait appel à Jean Boullier de Bourges, proche de Louis le Vau pour construire l'édifice.

Fronton sculpté

Le fronton de la cour présente deux chiens, deux personnages féminins, deux anges et au centre des aigles. Selon la page Wikipedia consacrée à l'hôtel Salé il s'agirait des lévriers qui représentent les armoiries de la famille de Pierre Aubert de Fontenay.

Escalier d'honneur

Jusqu'à présent on a surtout vu des escaliers avec des rampes en bois. À l'hôtel Salé, les rampes sont bâties en ferronnerie.

Mur et plafond sculptés

L'hôtel Salé est truffé de hauts reliefs. L'ASMP évoque les noms de Marsy, Jacques Sarrazin et Martin Desjardins pour les sculptures. Les portraits représentent des personnages de la mythologie romaine.

Détail du salon de Jupiter

Dans le vestibule, l'architecte crée le salon dit « de Jupiter » où l'on trouve le personnage de la mythologie grecque s'appuyant sur un aigle (photo ci-dessus).

Détail du salon de Jupiter

La photo ci-dessus représente Junon accompagnée de son paon.

Ces deux personnages de la mythologie romaine sont des symboles de pouvoir selon le Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine (Direction Annie Collognat).

Détail du salon de Jupiter

Parmi les sculptures on trouve souvent les lettres « A » et « C » qui évoquent les propriétaires, le couple Aubert et sa femme Chastelain.

Comment l'hôtel Salé est-il devenu le musée Picasso?

Pierre Aubert de Fontenay profite du bien jusqu'en 1661 car il est touché par l'affaire Nicolas Fouquet. L'hôtel Salé va devenir pendant quelque temps l'ambassade de Venise, puis racheté par des familles successives au XVIIIème siècle jusqu'à la Révolution. Au XIXème siècle, l'hôtel particulier sert de siège à l'Ecole Centrale. En 1962, la Ville de Paris achète le lieu — on est en plein « plan Malraux » et en profite pour le restaurer. Dans les années 1970, l'État envisage d'abord d'y créer un musée du costume mais suite au décès de Picasso, on crée un musée consacré à l'artiste.

Je vous propose de quitter l'hôtel Salé en tournant à gauche, rue Debelleyme puis encore à gauche, rue Vieille-du-Temple où vous pourrez admirer quelques hôtels du XVIIème siècle, tels que l'hôtel Mégret de Sérilly ou bien l'hôtel d'Hozier au 106 et 110, rue Vieille-du-Temple (photos ci-dessous) :

Hôtel Mégret de Sérilly


Hôtel d'Hozier

Hôtel d'Alméras

30, rue des Francs-Bourgeois, IIIème arrondissement

Porte d'entrée de l'hôtel d'Alméras

Je vous propose de descendre la rue Vieille-du-Temple, puis de tourner à gauche pour prendre la rue des Francs Bourgeois jusqu'au numéro 30.

Autre vestige du XVIIème siècle encore présent dans le Marais, l'hôtel d'Alméras aurait été construit vers 1611-1612 pour un certain Pierre d'Alméras, proche d'Henri IV. Le propriétaire fait appel à Louis Métezeau, l'architecte du roi pour construire son hôtel particulier.

Sur la photo, la porte cochère est décorée de chimères. L'ASMP dans son ouvrage À la découverte du Marais précise que cette porte a été remaniée au XVIIIème siècle. Toutefois, le fronton est bel et bien du XVIIème siècle.

Fronton de l'hôtel d'Alméras

Le fronton est richement décoré de têtes de béliers et de guirlandes. L'hôtel d'Alméras est typique du style Louis XIII car on retrouve l'usage de la brique et de la pierre. L'hôtel est situé entre cour et jardin comme la plupart des hôtels particuliers.

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