Statue équestre d'Henri IV, Île de la Cité, Ier arrondissement |
En vous promenant sur le Pont Neuf, vous avez forcément remarqué la statue d'Henri IV non pas sur son cheval blanc mais sur un cheval de bronze noir. Cette statue est située juste en face de la place Dauphine, c'est un quartier très fréquenté de nos jours vous ne pouvez pas la manquer.
Le monarque est représenté à cheval, tête nue. Il tient à sa droite un bâton de commandement nous précise Michel Faul dans son article intitulé « La statue de Henri IV… que de péripéties ! » dans le magazine Paris. De Lutèce à nos jours (n°8).
Alexandre Gady dans sa conférence intitulée « La place royale au XVIIème et XVIIIème siècles ; un monument creux ? » nous fait remarquer que la statue d'Henri IV n'est pas située au centre de la place mais sur une petite place accolée au pont. Sur un socle, en hauteur, le roi Henri IV observe la place plus ou moins en face de lui.
Positionné ainsi, le public peut observer le roi de France voire le toucher car on voue un culte à Henri IV. Ainsi, le monarque utilise la place Dauphine comme un moyen de mettre en scène son pouvoir. Si la statue avait été positionnée au centre de la place, les badauds ne l'auraient pas forcément remarquée…
Henri IV n'aura pas eu le temps de voir sa statue car celle-ci n'a pu être terminée qu'en 1611 soit un an après sa mort.
Alexandre Gady explique dans sa conférence (op. cit.) que la création d'une place royale comme instrument politique est typiquement parisien dans un premier temps, français dans un deuxième temps — quoique inspiré du style florentin pour la statue équestre* — puis européen.
Pour finir en ce qui concerne la statue d'Henri IV, il faut savoir que cette statue finit par être démolie en 1792 avant que Louis XVIII en 1818 ne fasse reconstruire une autre statue à l'effigie de son aïeul (celle que nous connaissons actuellement). Dès lors des légendes vont apparaître sur les éventuels documents que renfermerait le socle de la statue. En 2004, des documents plus ou moins inattendus auraient été mis au jour dans le cadre d'une restauration. Pour en savoir plus, je vous recommande vivement l'article de Michel Faul dans le magazine Paris. De Lutèce à nos jours (n°8), page 37.
* Michel Faul nous apprend que les auteurs de la première statue d'Henri IV sont Toscans sous l'influence de l'épouse d'Henri IV Marie de Médicis.
Place Dauphine
Île de la Cité, Ier arrondissementPlace Dauphine vue depuis la place du Pont-Neuf, Ier arrondissement |
Michel Faul dans son article (op. cit.) précise qu'Henri IV décide de créer une place en l'honneur du Dauphin le futur Louis XIII.
Nicolas Courtin dans son ouvrage Paris Grand siècle précise qu'avant la place Dauphine la ville de Paris ne connaissait qu'une seule place, celle de Notre-Dame qui correspond en fait à son parvis.
Henri IV et Sully décident de créer des places à Paris dont la place Dauphine en 1607. Très vite, des orfèvres vont s'y installer (le quai des Orfèvres situé sur la partie sud de l'Île-de-la-Cité tirerait son nom du fait de leur présence).
Square de la place Dauphine, Ier arrondissement |
Située presque à la pointe de l’Île-de- la-Cité, la place Dauphine à la particularité d'avoir une forme triangulaire. Les immeubles qui l'entourent forment une sorte d'écrin. Il faut savoir qu'à l'origine, la place Dauphine était pourvue d'immeubles situés dans l'actuelle rue de Harlay comme nous l'indique Alexandre Gady dans sa conférence (op. cit.). Aujourd'hui, ne subsistent que le côté pair (celui de la photo ci-dessus), le côté impair que l'on devine à gauche et sa pointe (photo ci-dessous).
Pointe de la place Dauphine (rue Henri-Robert), Ier arrondissement |
Une photo de Charles Marville illustre la place avec la présence des immeubles disparus. Aujourd'hui, le triangle a perdu sa base et la place Dauphine a vue sur une partie du Palais de Justice.
15, place Dauphine, Ier arrondissement |
Une partie des immeubles encore présents date du XVIIème siècle comme l'atteste la documentation de la Ville de Paris, notamment le numéro 15 (photo ci-dessus) qui aurait été construit entre 1611 et 1623. Le rez-de-chaussée est pourvu de portes et de fenêtres entourées d'arcades. Apparaissent également des oculi (la petite fenêtre au-dessus de la porte du numéro 15). De nombreuses façades de cette place sont inscrites aux monuments historiques.
Les façades de la place Dauphine comportent majoritairement de la brique et de la pierre chère au style de l'époque.
Malgré quelques transformations, la place Dauphine est un lieu très agréable et est considérée comme l'une des places les plus romantiques de la capitale.
Place des Vosges
Le Marais, IIIème et IVème arrondissementL'une des façades de la place des Vosges, IIIème et IVème arrondissement |
Autre œuvre urbanistique conçue sous l'impulsion d'Henri IV et de Sully, la place des Vosges constitue une autre place royale qui embellie la ville et qui est utilisée comme instrument politique.
De forme rectangulaire, la place des Vosges a été conçue entre 1605 et 1612 selon l'ASMP dans son ouvrage À la découverte du Marais. On n'est pas très sûr du nom de l'architecte de cette place, néanmoins, le nom de Clément Métezeau revient le plus souvent notamment d'après l'ASMP.
Tout comme la place Dauphine, la place des Vosges présente une harmonie visuelle de pavillons (36 au total) tous couverts de briques et de pierres et des toits conçus en ardoise.
Une affaire de rois
D'après Nicolas Courtin dans son ouvrage Paris Grand siècle, la place des Vosges — anciennement appelée place royale — a été inaugurée en 1612 pour commémorer les fiançailles du futur Louis XIII et d'Anne d'Autriche. Il faut imaginer à l'époque, une gigantesque fête avec la présence d'un carrousel.Rue de Birague, IVème arrondissement |
La place est constituée d'un pavillon du roi dont on a accès depuis la rue de Birague. Les arcades sont dotées de pilastres doriques. Au-dessus, on aperçoit des décorations : à gauche on voit deux épées, à droite : une lyre et une palette de peinture. À chaque extrémité, figure la lettre H qui fait allusion à Henri IV.
En outre, un pavillon dit « de la reine » fait face à ce pavillon.
Pavillon du roi |
Le roi de France est représenté dans un petit médaillon ajouté sous la Restauration nous indique Alexandre Gady dans sa conférence intitulée « La place royale au XVIIème - XVIIIème siècle ; un monument creux ? » L'historien ajoute qu'à l'époque de sa conception, la place des Vosges est la plus grande place de la capitale.
Arcades |
La place des Vosges est composée d'arcades qui longent l'ensemble du quadrilatère. Ses arcades sont alors occupées par des manufactures de la soie selon Alexandre Gady dans sa conférence (op. cit.). La volonté d'Henri IV est de faire de cette place un lieu de promenade mais très vite, la place va être récupérée par les aristocrates.
Détail d'une façade |
Cette place va devenir avec la statue de Louis XIII dès 1638 (je vous invite à faire un petit tour dans le thème des fontaines pour connaître l'origine de cette statue) un lieu où règne l'aristocratie même si le jardin en son centre demeure un lieu public nous explique Alexandre Gady. En effet, au XVIIème siècle, des personnalités comme Madame de Sévigné résident dans cet écrin royal.
D'où vient le nom de place des Vosges ?
Place des Vosges |
D'après l'ASMP, on retire la statue de Louis XIII dès 1792 — la Révolution est passée par là ! La place des Vosges devient alors la place des Fédérés, ensuite place de l'Indivisibilité, enfin place des Vosges en 1800 du nom du premier département à avoir payé ses impôts.
Quant à la statue de Louis XIII, celle que nous connaissons actuellement, elle daterait de 1819, changement de régime. Enfin, les grilles qui entourent le square auraient été ajoutées sous la Monarchie de Juillet dès 1830.
De nos jours, la place des Vosges renferme de nombreux appartements aux escaliers et façades classés monuments historiques et attire toujours des personnalités!
Place des Victoires
Ier et IIème arrondissementsPlace des Victoires |
À quelques pas du Louvre, vous croiserez la statue équestre de Louis XIV située en plein centre de la place des Victoires.
Conçue entre 1685 et 1692, on doit l'érection de cette place à Jules Hardouin-Mansart.
Le roi soleil règne sur son cheval et savoure ses victoires puisque son nom fait allusion aux victoires militaires du roi de guerre.
À l'origine, un hôtel particulier dit de Lafeuillade — nom d'un admirateur de Louis XIV — est construit en ce lieu et fait ériger la statue du roi de France selon Alexandre Gady dans sa conférence « La place royale au XVIIème - XVIIIème siècle ; un monument creux ? ».
On remarque sur la photo que la place est plus moins circulaire. L'historien ajoute que la statue que l'on peut admirer aujourd'hui n'est pas la même que l'on a construit en 1685. À l'origine, Louis XIV était représenté debout en habits de sacre humiliant ses adversaires. Tout comme les statues de ses prédécesseurs, la statue va changer en fonction des différents régimes politiques.
Autour de la statue Jules Hardouin-Mansart va construire des immeubles dont celui qui se trouve à droite de la photo, soit le numéro 5 de la place, l'hôtel Bauyn de Péreuse selon Wikipedia.
Ne vous attardez pas sur l'angle de l'immeuble car celui-ci a été ajouté au XIXème siècle (on le remarque car le toit est plus élevé).
L'architecte du roi va s'inspirer du château de Versailles pour concevoir cet immeuble et ériger des façades rideaux, c'est-à-dire qui cachent ce qu'il y a derrière ce que l'on n'a pas pu détruire et qui n'est pas du tout en harmonie. Ces façades rideaux sont conçues comme un décor de théâtre, de mise en scène toujours selon l'historien dans sa conférence (op. cit.). La place des Victoire est une mise en scène du pouvoir royal.
Avec ses arcades au rez-de-chaussée, ses petits mascarons au-dessus et ses pilastres colossaux de style ionique au premier étage, cet hôtel particulier illustre le style d'architecture qui va se développer jusqu'au XVIIIème siècle.
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