mercredi 30 janvier 2019

Paris au Grand siècle (1) : Paris au temps de la Renaissance

Il reste très peu de témoignages de la période Renaissance à Paris. Toutefois, en poussant parfois une porte on peut tomber sur des pépites. Ceux qui sont allergiques au Marais s'abstenir car les quelques exemples ci-dessous viennent essentiellement du Marais mais pas que…

La maison dite de Marie Touchet

22bis, rue du Pont-Louis-Philippe, IVème arrondissement
Façade de l'une des cours de la maison
La maison dite de Marie Touchet est l'un des très rares témoignages du début du XVIème siècle que l'on peut trouver à Paris.

Oublions tout d'abord les deux lucarnes que l'on voit sur la photo qui ont été ajoutées au XIXème siècle.

Ce que l'on remarque est le mélange de brique qui a presque disparu et de la pierre. Ces deux éléments constituent les matériaux les plus utilisés à cette époque.

Détail de la façade

Cette façade est pourvue d'un pilastre décoré de deux personnages.

Façade de l'autre cour de la maison

La maison se compose de deux cours dont l'une est couverte de briques et de pierre et l'autre possède des façades à colombages.

Façade à colombages

On remarque la hauteur et l'étroitesse des fenêtres qui laissent passer peu de lumière.

Ce style d'architecture existait déjà au Moyen-Âge : même style, mêmes matériaux… La Renaissance est dans la continuité de ce qu'il y avait déjà au Moyen-Age.

Des fleurs de lys ?

Détail de la façade à colombages

Sur la façade à colombages, on remarque la présence de pilastres en bois cannelés d'ordre corinthien.

Le livre À la découverte du Marais évoque la présence de fleurs de lys mais sans en être sûr.

Fenêtres décorées de pilastres en bois

La façade est pourvue de frises qui séparent les étages entre eux.

Rampe d'escaliers à l'intérieur.

L'intérieur est également doté d'un escalier du XVIème siècle.

Qui est Marie Touchet ?

L'association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique nous raconte qu'une certaine Marie Touchet aurait habité cette maison. Cette femme est connue pour avoir été la maîtresse du roi Charles IX dont elle aura un fils, nommé par la suite duc d'Angoulême. En 1574, Marie Touchet alors mariée à François de Balzac d'Entragues donne naissance à une fille, Catherine Henriette, future favorite du roi Henri IV de 1599 à 1608.

Hôtel de Marle, Institut suédois et Institut Tessin

11, rue Payenne et 10, rue Elzévir (côté jardin), IIIème arrondissement
Façade de l'hôtel de Marle côté cour vue depuis le square Georges Caïn

De l'extérieur, l'hôtel de Marle présente un style très XVIIème siècle.

Porte de l'hôtel de Marle

La porte d'entrée est simple quoique surplombée d'un mascaron à tête de femme. Et pourtant, cette demeure a été bâtie vers 1572 et comporte quelques caractéristiques de la Renaissance.

Vue de la cour de l'hôtel de Marle

Sur la photo ci-dessus, on remarque la forme arrondie du toit. Cette forme arrondie, appelée « carène renversée » telle la forme inversée d'un navire est typique de l'architecture du XVIème siècle nous informe la documentation de l'Institut suédois.

Plafond à l'intérieur de l'hôtel de Marle

Le plafond situé au premier étage présente des solives peintes. Ce type de décoration est courant sous la Renaissance.

L'association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique (ASMP) nous précise qu'au XVIIème puis au XVIIIème siècle cette demeure va connaître quelques transformations.

Comment l'hôtel de Marle est devenu l'Institut suédois ?

L'ASMP nous explique que cette demeure va connaître quelques prestigieux propriétaires. La documentation de l'Institut suédois nous indique que l'hôtel de Marle a été pillé sous la Révolution française (tout comme beaucoup d'hôtels particuliers à Paris). Par la suite, l'hôtel de Marle est vendu puis divisé en plusieurs parties : école, commerces et même un garage ! En 1965 l'hôtel est racheté par la Suède qui se charge de le restaurer et d'y ajouter une collection d'objets d'art du XVIIIème siècle.

Hôtel de Scipion Sardini

13, rue Scipion, Vème arrondissement
Porte d'entrée de l'hôtel Scipion

Derrière cette façade il est difficile d'imaginer qu'à l'intérieur figure un trésor architectural de la Renaissance.

Galerie de brique et de pierre

Cette galerie serait l'un des plus anciens témoignages du style Renaissance à Paris.

La façade, classée monument historique nous confirme la base Mérimée est couverte de brique et de pierre. On remarque la présence d'arcades dites à l'italienne typiques du style toscan à cette époque.

Mascaron masculin

Sur la galerie on aperçoit des mascarons situés sous les fenêtres. Selon l'ouvrage d’Hippolyte Cocheris, Histoire de la ville et de tout le diocèse par l'Abbé Lebœuf (source visible via Wikipedia), le mascaron que l'on voit ci-dessus représenterait un guerrier avec une tête de lion. Cette sculpture serait une pâle imitation du style de Michelange selon l'auteur.

Mascaron masculin

Quant à la sculpture située sous une fenêtre — photo ci-dessus — il pourrait s'agir de Scipion lui-même en tenue de guerrier dans le style d'Henri II, néanmoins cette source reste à vérifier.

Mascaron féminin

Les autres bustes représentent des figures féminines.

Qui est Scipion Sardini ?

Le panneau historique situé tout près évoque la construction de cet hôtel en 1565 pour le compte d'un financier, Scipion Sardini, financier toscan proche de Catherine de Médicis. À cette époque, l'hôtel est construit dans un quartier tranquille et plutôt excentré de Paris. Il s'y installe avec son épouse Isabelle de Limeuil, dame de compagnie de Catherine de Médicis.

En 1614, l'hôtel particulier se transforme en hôpital Sainte-Marthe. Puis, en 1676 est affecté à la boulangerie des hospices de Paris.

Maison d'Ourscamp

(Autrefois maison dite à l'enseigne de l'ours)
44-46, rue François Miron, IVème arrondissement
Façade de la Maison d'Ourscamp


L'immeuble que l'on voit sur la photo ci-dessus présente une façade entièrement faite de pierres apparentes et de larges fenêtres. On observe également deux fenêtres situées sur le toit.

Fenêtre médiévale ?

Bâtie sur une ancienne demeure médiévale occupée par des moines, la maison d'Ourscamp est construite vers 1585 selon l'oeuvre de l'ASMP, À la découverte du Marais. On sait que le cellier et le rez-de-chaussée étaient bien là avant le XVIème siècle.

Mur à colombage dans la courette

La maison d'Ourscamp est dotée d'une courette à colombage. L'oeuvre de l'ASMP précise que les fenêtres ont été modifiées avec les siècles qui ont suivi la construction de la maison.

Petit balcon

La particularité de la cour est le tout petit balcon situé au deuxième étage.

Détail du plafond

La photo ci-dessus nous montre un plafond typique du XVIème siècle avec ses peintures sur les solives que l'on peut encore admirer aujourd'hui.

La maison qui abrite aujourd'hui le siège de l'ASMP est l'exemple d'une restauration entreprise uniquement par ses bénévoles. Cette association vise à protéger, restaurer et parfois à défendre d'anciennes demeures qui sont sur le point d'êtres vendues ou démolies.

Palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés

3-5, rue de l'Abbaye, VIème arrondissement
Façade du palais abbatial

Nous allons voir un autre exemple d'immeuble qui mélange la brique et la pierre encore debout au XXIème siècle. Nicolas Courtin dans son livre Paris Grand siècle nous précise que l'utilisation de ces deux matériaux sont encore à la mode jusqu'aux environs de 1630.

Selon le panneau de la ville de Paris, le palais abbatial de Saint-Germain-dés-Prés serait le deuxième édifice construit en pierre et en brique à Paris après l'hôtel de Scipion Sardini en 1586. Construit une vingtaine d'années après son prédécesseur, le palais abbatial présente des nouveautés.

Angle du palais abbatial

On remarque une petite aile sur chaque extrémité de la façade.

Fronton du palais abbatial

On observe également un fronton sculpté à l'extrémité de l'aile, ce que l'on ne voyait pas jusqu'à présent.

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