À quoi reconnait-on un immeuble du XVII
ème siècle ? Nous allons voir dans ce chapitre les matériaux utilisés, les caractéristiques des immeubles du XVII
ème siècle, l'évolution du style architectural et l'apparition de l'hôtel particulier.
Les matériaux
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41, quai de l'Horloge Ier arrondissement |
La brique et la pierre
Nous avons vu qu'à la Renaissance, voire au Moyen-Âge, le mélange de la pierre et de la brique brillaient sur nos façades parisiennes. On parle alors de « style rustique ». Nicolas Courtin évoque carrément une mode sous le règne d'Henri IV (1589-1610) dans son ouvrage
Paris Grand siècle. Le numéro 41 du quai de l'Horloge sur l’Île de la Cité illustre ce phénomène.
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9 quai Malaquais, VIème arrondissement |
On trouve dans le vieux Paris, d'autres exemples de façades truffées de briques et de pierres tel le 9 quai Malaquais dans le VI
ème arrondissement. La base
Mérimée nous évoque le nom d'hôtel de Transylvanie construit d'abord en 1623 toutefois cet immeuble a connu des transformations au XIX
ème siècle. Cet édifice est inscrit aux monuments historiques.
Généralisation de la pierre de taille
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Cour de l'hôtel d'Albret, IVème arrondissement |
La photo ci-dessus représente une partie de la cour de l'hôtel d'Albret situé au 29bis-31, rue des Francs-Bourgeois en plein cœur du Marais ; aujourd’hui cet emplacement est occupé par une administration de la ville de Paris.
D'emblée on constate que la façade est entièrement couverte de pierre de taille. Ici, point de brique. Seul le toit présente une couleur différente, il est constitué uniquement d'ardoise. Selon l'ouvrage
À la découverte du Marais de l'ASMP, l'hôtel d'Albret aurait été construit sur un édifice de la seconde moitié du XVI
ème siècle. Le panneau affiché à l'entrée nous signale que cet hôtel particulier a connu des remaniements dès les années 1630 - puis au XVIII
ème siècle sur la façade sur rue.
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Cour de l'hôtel de Saint-Aignan |
Autre exemple de l'utilisation de la pierre de taille, l'hôtel de Saint-Aignan situé au 71-73, rue du Temple dans le III
ème arrondissement, l'actuel musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme.
La cour est de forme carrée, monochrome avec un toit d'ardoise. Afin de respecter la forme en carré de la cour, on remarque à gauche, la présence d'un mur renard (une façade d'apparat juxtaposée au mur mitoyen) pour garder une certaine symétrie.
On remarque enfin la présence de pilastres corinthiens entre chaque fenêtre et un fronton sculpté.
Cet hôtel particulier est l'œuvre de
Pierre le Muet selon l'ouvrage
À la découverte du Marais. Le site
Wikipedia évoque l'année de sa construction vers 1644-1650 mais cette information reste à confirmer.
Caractéristiques de l'architecture du XVIIème siècle
Abandon de la polychromie
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Détail d'une façade rue Monsieur-le-Prince, VIème arrondissement |
Selon Nicolas Courtin dans son ouvrage
Paris Grand siècle, la tendance à la monochromie avec une préférence pour le blanc va s'accentuer dès les années 1640 aussi bien dans les hôtels particuliers que dans les maisons plus ordinaires comme celles de la rue Monsieur-le-Prince.
Horizontalité et verticalité
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91 rue Quincampoix, IVème arrondissement |
C'est au XVII
ème siècle, nous précise Nicolas Courtin que les immeubles vont gagner en hauteur, telle la rue Quincampoix ou la rue du Grenier Saint-Lazare dans le quartier de Halles. Souvent, un commerce abrite le rez-de-chaussée où l'on observe que l'immeuble a une épaisseur plus large et le résident entre chez lui par une porte latérale.
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14, rue du Grenier-Saint-Lazare, IIIème arrondissement |
Les immeubles vont également gagner en horizontalité (photo ci-dessous). Les étages sont délimités par des bandes horizontales. Dans les immeubles plus cossus, la porte cochère est plus grande.
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4 rue Férou, VIème arrondissement |
Frontons sculptés
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9, rue Saint-Merri, IVème arrondissement |
Le XVII
ème siècle voit arriver des frontons sculptés (photo ci-dessus). C'est une période où l'on a tendance à ajouter des sculptures selon l'ouvrage de Nicolas Courtin. Ici, on distingue un coquillage entouré de fleurs. Cet hôtel particulier aurait été construit vers 1630 selon Jacques Hillairet dans son
Dictionnaire historiques des rues de Paris.
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Détail de la façade côté jardin du 26, rue Geoffroy l'Asnier, IVème arrondissement |
Pour les plus fortunés, des sculptures sont intégrées tout le long des façades tel l'hôtel Chalons-Luxembourg situé dans le IV
ème arrondissement.
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Mascaron de l'hôtel Chalons- Luxembourg |
Ici les mascarons représentent des têtes grotesques. Sur la porte d'entrée, on est attiré par la tête de lion avec sa crinière abondante (photo ci-dessous).
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Détail de l'entrée de l'hôtel Chalons- Luxembourg |
Selon
À la découverte du Marais de l'ASMP et d'après l'inscription sur la porte d'entrée du 26, rue Geoffroy l'Asnier, cet hôtel particulier daterait de 1625. Les noms mentionnés seraient ceux de ses occupants.
Les fenêtres et lucarnes
Fenêtres
Depuis le Moyen-Age, puis au début de la Renaissance, les fenêtres sont en majorité pourvues de meneaux, c'est-à-dire d'une structure en pierre comme on peut le voir à l'hôtel Scipion Sardini.
Au XVII
ème siècle, la fenêtre est pourvue de meneaux en bois qui laissent mieux passer la lumière.
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Fenêtre de l'hôtel Scipion Sardini |
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Fenêtre de l'hôtel Amelot de Bisseuil 47, rue Vieille-du-Temple, IVème arrondissement |
D'une manière générale, il faut rappeler aux promeneurs que les fenêtres que l'on voit sur les façades ne datent pas du XVII
ème siècle. Elles ont souvent été remplacées dès le XVIII
ème siècle selon Nicolas Courtin. Les carreaux du XVII
ème sont généralement de petite taille.
Lucarnes
Au cours du Grand siècle, on trouve des lucarnes de formes différentes.
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Cour de l'hôtel Le Rebours situé au 12, rue Saint-Merri, IVème arrondissement |
On peut les voir au niveau des combles (photo ci-dessus). D'après l'ASMP il s'agirait de lucarnes typiques du « style Louis XIII ».
Ce qu'on appelle communément le style Louis XIII ne concerne pas forcément les constructions qui ont été édifiées sous le règne de ce roi mais il débute plus ou moins vers 1580 pour se terminer vers 1635 nous dit J.M. Labordière dans son ouvrage
Les hôtels particuliers parisiens.
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Cours de l'hôtel d'Albret avec ses lucarnes |
Toits d'ardoise
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76, rue des Archives, IIIème arrondissement |
Le plomb et la tuile sont utilisés au XVII
ème siècle mais c'est surtout l'ardoise que l'on utilise pour construire les toits parisiens comme par exemple l'hôtel Le Pelletier de Souzy qui daterait du deuxième quart du XVII
ème selon la base
Mérimée.
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Cour de l'hôtel Donon situé au 8, rue Elzévir, IIIème arrondissement |
Même chose pour l'hôtel Donon construit d'abord en 1575 puis transformé au XVII
ème et XVIII
ème siècle selon l'ASMP.
Tourelles
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Angle du 47 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie et de la Temple, IVème arrondissement |
Autre caractéristique des maisons anciennes du XVII
ème siècle, on trouve des tourelles. Selon J.M. Labordière dans
Les Hôtels particuliers parisiens, on en trouvait déjà au Moyen-Âge mais cette tendance va se poursuivre au XVI
ème siècle puis au début du XVII
ème siècle comme celle du 47, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie en plein cœur du Marais de forme rectangulaire. Selon Jacques Hillairet dans son
Dictionnaire historique des rues de Paris, cette tourelle daterait de 1610.
Prolifération de l'hôtel particulier
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Hôtel Feydeau de Montholon, VIème arrondissement |
Selon J.M. Labordière dans son ouvrage
Les hôtels particuliers parisiens, on va construire des hôtels particuliers dès la seconde moitié du XVI
ème siècle mais c'est surtout à partir du début du XVII
ème que le nombre d'hôtels particuliers va constamment augmenter. Cette augmentation, selon l'auteur serait encouragée par la politique urbaine exercée par Henri IV au moins jusqu'à son assassinat en 1610 avant de connaître une petite baisse puis un regain dès 1625.
Qu'est-ce qu'un hôtel particulier?
Plus qu'une maison, l'hôtel particulier est une demeure qui généralement prend de la place et qui est destinée à abriter une famille selon J.M. Labordière.
Alexandre Gady dans sa conférence intitulée
L'hôtel particulier en France, XVI-XIXème siècle (1) nous fait savoir que lorsqu'on dit « famille », il ne s'agit pas juste d'un couple avec enfants mais on parle de famille élargie (parents, grands-parents, cousins…) et du personnel (valets, cuisiniers…). Il faut donc un lieu suffisamment grand pour abriter ce monde.
La plupart du temps, l'hôtel particulier est construit en pierre de taille et possède des toits d'ardoise. Il possède généralement deux ailes.
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Hôtel Guénégaud-des-Brosses, IIIème arrondissement |
L'hôtel particulier a souvent une forme de quadrilatère, le pavillon se situe toujours entre cour et jardin et possède une porte cochère tel l'hôtel Guénégaud-des-Brosses que l'on voit sur la photo ci-dessus.
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Balcon de l'hôtel de Lauzun situé au 17 quai d'Anjou IVème arrondissement |
Qui dit famille élargie avec du personnel à abriter dit richesse ! En effet, seuls les plus fortunés — soit la noblesse — pouvaient s'offrir un hôtel particulier. Souvent, ce sont des proches du pouvoir comme l'hôtel Guénégaud-des-Brosses construit par
François Mansart en 1652 pour Jean-François Guénégaud conseiller d'État nous précise l'ASMP ou bien l'hôtel de Lauzun construit par Louis Le Vau pour le financier Charles Gryun en 1657 précise
Wikipédia.
L'hôtel de Lauzun situé sur l’Île-Saint-Louis (photo ci-dessus) possède un balcon, ce qui est nouveau (les premiers balcons dateraient des années 1640 selon J.M. Labordière. Cet hôtel daterait du troisième quart du XVII
ème siècle selon la base
Mérimée (l'hôtel est classé monument historique). Le balcon noir et doré est un signe de richesse. L'hôtel particulier a pour fonction de montrer sa richesse (le balcon) et d'être vu sans être vu (derrière sa porte cochère) selon Alexandre Gady.
Le conférencier ajoute que ce sont des personnes de même statut social qui vont se regrouper (un hôtel particulier ne se trouve jamais dans un lieu isolé) soit dans le Marais ou l'Île-Saint-Louis et surtout près des lieux de pouvoir, le quartier du Louvre par exemple pour la première moitié du XVII
ème siècle.
Malgré ces signes extérieurs de richesse, les hôtels particuliers sous Louis XIV — à partir des années 1640 — vont devenir plus sobres au moins vus de l'extérieur !
Vers un style plus sévère ?
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Entrée du 70, rue des Archives, IIIème arrondissement |
À partir des années 1640, les façades vont avoir un aspect plus austère. Nicolas Courtin évoque un « style sévère » qui va se répandre sous le règne de Louis XIV.
Sur la photo ci-dessus, on remarque la présence d'un fronton rectangulaire, ce qui donne un côté moins chaleureux — c'est une porte d'entrée, celle qui nous accueille. Ce fronton est pourvu d'un demi-cercle, d'une sorte d'oculus au centre orné d'un mascaron. Ce dernier représente un visage plutôt masculin avec un casque ailé, on pense ici à Hermès souvent représenté ainsi.
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72, rue des Archives, IIIème arrondissement |
Les hôtels de Montescot et de Villeflix (photos ci-dessus) illustrent cette austérité.