lundi 25 août 2014

Commerces d'hier et d'aujourd'hui : boulangeries-pâtisseries

J'ai recensé une trentaine de boulangeries-pâtisseries classées monuments historiques dans Paris dont en voici quelques exemples.
La plupart de ses établissements datent du début du XXe siècle et sont de style « Belle Époque » avec les écritures dorées sur fond noir. Nous verrons que malgré l’urbanisation de Paris, les devantures de boulangeries reflètent la vie rurale.

Boulangeries de l'est parisien
Angle du 85bis, rue de Charenton et du 2, rue Emilio Castelar XIIe arrondissement.

Cette boulangerie est située en rez-de-chaussée d'un immeuble datant de 1906. La devanture présente des panneaux retraçant les moissons. Ces panneaux seraient l’œuvre d'un certain « Th. Luc ».

45, rue Popincourt XIe arrondissement.

Cette boulangerie « française et viennoise » date de 1900. Les panneaux ont été réalisés par « Benoist et Fils » et représentent des scènes champêtres.

Ateliers « Benoist et Fils »
Depuis le milieu du XIXe siècle, de nombreuses boutiques ont cherché à embellir leur devanture. Les boutiquiers ont fait appel à des décorateurs. Certains décorateurs se sont spécialisés dans le commerce d'alimentation dont « Benoist et Fils » ou Thivet. C'est la raison pour laquelle on voit souvent leurs noms apparaître sur les devantures… En ce qui concerne « Benoist et Fils », la maison aurait été fondée en 1859 et aurait été très active entre 1885 et 1936 (source : Mérimée).

La boulangerie vue depuis la rue du Chemin Vert.

Ce qui est intéressant sur cette façade, ce sont les inscriptions dorées où les pains anglais et viennois sont mis à l'honneur. Depuis le XIXe siècle, ces catégories de pains deviennent de plus en plus à la mode.

28, boulevard Beaumarchais XIe arrondissement.


Au 28, boulevard Beaumarchais, on peut admirer une belle façade d'époque 1900. La boutique est entièrement classée monument historique. La céramique est l’œuvre de « Benoist et Fils ». Ici, ce sont les fleurs des champs (coquelicots et chardons) qui décorent la façade.

La boulangerie vue depuis la rue du Pasteur Wagner.
Centre de Paris : autour des Halles, du Marais et du Quartier Latin

Stohrer, 51, rue Montorgueil IIe arrondissement.
À deux pas des Halles, on peut déguster des pâtisseries, des glaces et du chocolat. Comme nous l'indique l'enseigne, cet établissement est fondé en 1730. À gauche, un panneau de la Mairie de Paris décrit l'histoire de ce lieu : en 1725, Marie Leczynska, épouse de Louis XV, demande au cuisinier-pâtissier Monsieur Stohrer de la suivre à Versailles. Cinq ans plus tard, Monsieur Stohrer ouvre sa boutique rue Montorgueil.

Sol en mosaïque de Stohrer.
Le panneau de la mairie nous apprend aussi que la décoration date de 1868 et que les peintures sont l’œuvre du peintre Paul Baudry.
Selon le livre de Dominique Camus, Paris décors. Art nouveau - Art déco…, le plafond serait l’œuvre de l'atelier Thivet.

Détail du décor de Paul Baudry.
Sur le panneau ci-dessus, le personnage tient un baba dans sa main droite — Nicolas Storher est considéré comme le créateur de cette pâtisserie — et des savarins dans sa main gauche.

Détail du décor de Paul Baudry.
L'autre personnage tient un panier de fleurs et des feuilles de laurier.

Cette volonté de décorer sa boutique en faisant appel à des décorateurs de renom était une façon de se démarquer et d'attirer ainsi la clientèle.

2, rue des Barres IVe arrondissement.
En vous baladant derrière l'Hôtel-de-Ville, vous croiserez sur votre route le restaurant Chez Julien. Sa façade est intéressante car deux types d'établissements se juxtaposent. D'abord, on remarque la présence d'une grille typique du premier quart du XIXe siècle (1820 plus exactement selon la base Mérimée) d'ancien débit de boisson. Cette partie de la devanture appartenait à l'auberge Au Pigeon Blanc ou Au Deux Pigeons. Si on regarde de plus près, on constate la présence de panneaux typiques des boulangeries de type « Belle Époque » comme le montre la photo ci-dessous.

Détail du restaurant Chez Julien.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, une boulangerie aurait succédé à l'auberge.

Détail du restaurant Chez Julien.
En 1900, des panneaux réalisés par « l'atelier Gilbert » auraient été ajoutés. Ces panneaux évoquent le thème des moissonneurs, des germes de blé et des moulins.
Pour conclure sur cet établissement, on voit bien que les commerces se renouvellent. Cette tendance au changement va s'intensifier par la suite.

28, rue des Blancs Manteaux IVe arrondissement.
Cette devanture située dans le Marais est encore une ancienne boulangerie devenue restaurant. Seule la grille est classée aux monuments historiques. Le premier commerce daterait du premier quart du XIXe siècle.

Porte de l'ancienne boulangerie.
Sur la photo ci-dessus, on reconnait le blé mis en évidence sur la grille qui rappelle son ancienne activité.

29, rue des Francs-Bourgeois IVe arrondissement.
On a pu voir dans le chapitre consacré aux restaurants que les « petits commerces » étaient « mangés » par les boutiques de prêt-à-porter. Des commerces dits « de proximité » ont été les premiers a être les victimes de cette tendance. Les 29 et 23, rue des Francs-Bourgeois en sont des exemples.

23, rue des Francs Bourgeois IVe arrondissement.

Cette boutique de prêt-à-porter présente des panneaux datant de la fin du XIXe siècle de « Benoist et Fils » et d'Albert Raybaud (source : Mérimée).

15, rue de Saintonge IIIe arrondissement.


Au numéro 15 de la rue de Saintonge dans le IIIe arrondissement, un hôtel a vraisemblablement remplacé la boulangerie qui s'y trouvait depuis la fin du XVIIe siècle. C'est au XXe siècle que les ateliers « Benoist et Fils » ont posé leurs panneaux aux scènes champêtres typiques de leur travail. Le mobilier serait également d'époque (début du XXe siècle).

14, rue Monge Ve arrondissement.
Cette boulangerie pâtisserie située en plein cœur du quartier Latin met à l'honneur « Bourbonneux » — pâtissier réputé au XIXe siècle. Sur le panneau de droite, on peut lire la liste des pains vendus dans la boutique dont les biscottes qui seraient apparues dans le dernier quart du XIXe siècle et fabriquées de manière artisanale.
Détail de la boulangerie pâtisserie avec ses macarons.

Autre exemple de boulangerie de type "Belle époque" ou Art nouveau.

Boulangerie du 16, rue des Fossés-Saint-Jacques Ve arrondissement.


Détail.Détail.
Boulangeries de l'ouest parisien

53, rue de la Tour XVIe arrondissement.

En 1991, cette agence de voyage a remplacé la boulangerie qui s'y trouvait depuis le début du XXe siècle. Les panneaux champêtres sont l’œuvre de « Benoist et Fils ».

Détail avec panneaux.

Sur ce panneau, on peut lire « pains liégeois » (certainement une sorte de brioche), « pains riches » : nous sommes bien dans les beaux quartiers…

56, rue de Vanneau VIIe arrondissement.
Au 56 de la rue de Vanneau, dans le VIIe arrondissement se trouve une ancienne boulangerie à la devanture bien particulière. Même si la façade semble être de style Empire, le commerce daterait de 1910.

Détail de la boulangerie.

Détail de l'intérieur de la boulangerie.

24, rue du Commerce XVe arrondissement.
Au numéro 24 de la rue du Commerce dans le XVe arrondissement, une pharmacie a pris la place d'une ancienne boulangerie-pâtisserie-confiserie datant de 1920.

Dans ces boulangeries des beaux quartiers, on remarque que le marbre est plus présent que dans les quartiers plus modestes.

16, rue Royale VIIIe arrondissement.
Je ne m'attarderai pas trop sur Ladurée car cette pâtisserie est déjà très connue.
Ernest Ladurée crée une boulangerie en 1862 puis fait reconstruire sa boutique en pâtisserie suite à un incendie en 1871. À la fin du XIXe siècle, le peintre et affichiste Jules Chéret assure la décoration. Le cadre évoque le Second Empire. Pour tout savoir sur Ladurée, vous pouvez cliquer sur le lien.

Boulangeries de quartier : l'exemple du XIVe arrondissement.
Paris regorge de belles boulangeries de quartier classées monuments historiques. Le XIVe arrondissement en est un bel exemple (tout comme pourrait l'être le XVIIIe ou le XXe arrondissement…).

155, rue d'Alésia XIVe arrondissement (1900).

Angle du 45 avenue Raymond-Losserand et de la rue du Château XIVe arrondissement.

105 rue Vercingétorix XIVe arrondissement.


Au 105, rue Vercingétorix, dans le XIVe arrondissement, vous tomberez sur le Moulin de la Vierge. Une véritable institution puisque des succursales fleuriront dans d'autres arrondissements de la capitale. Selon le site officiel de la maison, le Moulin de la Vierge daterait de 1356 et son nom serait dû à la présence d'un moulin.
La devanture — de « Benoist et Fils », faut-il le rappeler? — date de 1907, nous précise la base Mérimée. Parmi ces cinq boutiques, trois d'entre elles sont classées monuments historiques (cf. le site officiel de la boulangerie). Dominique Camus nous apprend que la boulangerie aurait été menacée de démolition en 1977 suite à des projets d'urbanisme dans ce quartier plutôt populaire. Ce projet a été abandonné, puis la boulangerie a été classée monument historique deux années après.

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